samedi, 14 avril 2007

Pour ses efforts en faveur du retour de la paix: Laurent Gbagbo distingué aux Etats-Unis pour son génie politique




Par Notre Voie
© Abidjan.net par Emma


Vendredi 6 avril 2007. Palais présidentiel, au Plateau. Il est 15H. Le président Laurent Gbagbo reçoit le nouveau Premier ministre. Les deux hommes sont ensuite rejoints par les chefs d'etat major des deux armées ex-belligérantes, les généraux Philippe Mangou (Fanci) et Soumaïla Bakayoko (Fafn). A l'issue de ces entretiens, le Premier ministre Guillaume Soro déclare à la presse que la liste du nouveau gouvernement sera rendue publique demain samedi, dans l'après-midi

Kenneth E. Reeves, le maire de la ville de Cambridge, dans l’Etat du Massachusetts (USA), a distingué le président Laurent Gbagbo pour ses efforts en faveur du retour de la paix en Côte d’Ivoire. L’ambassadeur des Etats-Unis à Abidjan, SEM Aubrey Hooks, a remis cette distinction au chef de l’Etat de l’Etat, hier, au cours d’une audience à lui accordée au Palais présidentiel sis au Plateau. « Je suis venu ici pour prendre part à une cérémonie de distinction du président de la République. Le maire de Cambridge, que je représente ici, a voulu féliciter le Président pour son initiative en faveur de la paix », a-t-il confié à la presse.

Le diplomate américain a indiqué que le maire Kenneth E. Reeves invite le président ivoirien à visiter sa commune. SEM Aubrey Hooks a, par ailleurs, remis symboliquement la clef de la ville de Cambridge au chef de l’Etat. Interrogé sur la suppression de la zone de confiance, SEM Aubrey Hooks a dit que « c’est un pas important vers la réunification de la Côte d’Ivoire ». Aussi a-t-il annoncé que les Etats-Unis accompagneront le processus de paix à travers des actions concrètes dans les semaines à venir.

A travers l’initiative du dialogue direct, Laurent Gbagbo a montré qu’il y a des raisons d’espérer en l’Afrique. Là où toutes les actions de la communauté internationales ont échoué, le chef de l’Etat Gbagbo a proposé une solution ivoirienne qui produits déjà ses fruits. Grâce au dialogue direct, la Côte d’Ivoire sort progressivement de cinq années de crise. Le désarmement qu’on avait fini par croire utopique est en train de se réaliser. Lundi, l’on procédera à la suppression de la zone de confiance. Pour l’Afrique, Laurent Gbagbo est un exemple. C’est un génie politique.

César Ebrokié

Discours à la nation. Le premier ministre, hier, aux ivoiriens: "Je demande pardon"



Par Le Front.
© Abidjan.net par Prisca


La 14è réunion mensuelle du Groupe de travail international sur la Côte d`Ivoire
(GTI) s'est tenue le vendredi 13 avril 2007 au siège de l'ONUCI. "Le groupe a demandé aux deux co-présidents du GTI de mener des consultations avec les instances compétentes de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`ouest) et de l`Union africaine (UA) sur le statut et le rôle du GTI", indique le communiqué final de la rencontre.

Ivoiriennes, Ivoiriens, Chers compatriotes, Le 4 mars 2007, le dialogue direct engagé entre les anciennes forces belligérantes ivoiriennes a permis d’aboutir à l’Accord politique de Ouagadougou aux termes duquel a été formé un gouvernement que j’ai l’honneur et la lourde tâche de diriger. J’ai donc choisi de m’adresser à vous, dix jours exactement après mon entrée en fonction. Après de nombreuses tentatives, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui sur le point d’aboutir à une paix durable. La particularité de l’entente actuelle entre les Ivoiriens est qu’elle a été librement consentie par les principales parties au conflit: c’est le fruit de l’armistice.
Mais, même si l’accord est avant tout l’affaire des Ivoiriens, je tiens à rendre un hommage appuyé à Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso, Président en exercice de la Cedeao. Sa patience, son ouverture, et sa parfaite connaissance de l’histoire et des hommes, ont permis de délier toutes les entraves au processus de paix. Je tiens aussi à exprimer toute ma gratitude à la Communauté internationale, et plus particulièrement à la Cedeao, à l`Union africaine et à l`Organisation des Nations Unies, non seulement parce qu’elles accompagnent patiemment la Côte d’Ivoire, depuis le début, dans sa quête de la paix, mais surtout parce qu’elles ont approuvé et soutenu, sans réserve, les pourparlers qui ont abouti à l’Accord de Ouagadougou. Je sais également gré au Président Laurent Gbagbo pour avoir pris l`initiative du dialogue direct, dont l’actuel gouvernement et le nouveau cadre de Transition sont les résultats les plus immédiats. Ma reconnaissance va, bien entendu, d’abord aux Forces Nouvelles qui ont accepté de s’inscrire dans la mouvance de ce dialogue direct, ensuite aux partis politiques qui l’ont soutenu et enfin à mes compatriotes qui l’ont accueilli favorablement et qui se le sont appropriés. Beaucoup d’entre vous se demandent comment la paix, toujours espérée et sans cesse remise en cause, a pu être conclue, en définitive et si rapidement, entre des adversaires apparemment irréductibles. La raison en est simple. Quand deux armées se font face sans que l’une d’entre elles soit en mesure de l’emporter, il ne reste aux belligérants que deux solutions. Soit ils gèlent leurs positions respectives dans un immobilisme qui peut s’éterniser, soit ils recherchent un compromis en toute humilité qui règle les dissensions et ouvre de nouvelles perspectives.
Choisir l’inertie aurait été, pour les Ivoiriens, synonyme de plus de sang versé, de destruction, de marasme économique et de misère. La raison et l’amour de notre pays nous ont commandé de prendre le seul parti qui vaille : le parti de la vie, le parti de la paix, le parti de la réconciliation.

Ivoiriennes, Ivoiriens,
Nous avons malheureusement dû faire la guerre. Cependant, il faut convenir que quels que soient ses raisons et ses fondements, la guerre est à proscrire. Pendant cinq ans, au Nord comme au Sud, la surenchère a prospéré.
La guerre a fait beaucoup de mal à notre pays. Nous en sommes tous responsables à des degrés divers. De Secrétaire Général des Forces Nouvelles, je suis aujourd’hui le Premier Ministre de tous les Ivoiriens. En cette qualité et au non de l’institution que j’incarne, je demande Pardon pour tous et au nom de tous.
Nous devons à présent apprendre à pardonner. C’est à ce prix que la réconciliation est possible. C’est ainsi que nous pourrons réapprendre à vivre ensemble. Tous, nous devons avoir un souvenir ému et une pensée pieuse pour les nombreuses victimes de notre affrontement fratricide. Aujourd’hui, nous devons tous, avoir l’humilité de ceux qui ont perdu la guerre. Cette humilité nous commande le rejet de tout extrémisme et de tout radicalisme. De l’humilité découlent le compromis et la paix. Je vous invite tous à arrêter les invectives, les rigidités et autre radicalisme comme si nous avions gagné la guerre. L’esprit de l’Accord de Ouagadougou est de nous sortir de la logique de l’affrontement, de l’adversité permanente et de nous inscrire dans le partenariat pour la paix. La paix ne peut pas se réaliser contre un camp, fut-il jugé minoritaire. Retenons que c’est bien les minorités qui font l’Histoire, comme le souligne le philosophe. L’Accord recommande une entente entre Ivoiriens pour réaliser la paix. Une fois encore, sortons des logiques d’affrontement. Pendant cinq ans, nous l’avons fait sans résultat. Nous nous sommes mesurés, injuriés, battus, tués sans résultat. Changeons de cap !
Notre désir de paix et notre attachement commun au progrès de la Côte d’Ivoire nous ont amenés à concevoir un nouveau cadre institutionnel dans lequel les anciens adversaires ont une place de choix et un rôle essentiel à jouer. Ce nouveau cadre de transition, en mettant face à face les deux ex belligérants, nous suggère une cohabitation. Il nous impose une nouvelle façon de gérer la Côte d’Ivoire. Nous l’assumerons avec nos différences, dans la dignité. C’est au nom de la paix que les belligérants d’hier, sont devenus des partenaires aujourd’hui. Cette cohabitation n’est pas sans risque et péril. Mais l’intérêt supérieur de la Nation et la quête permanente de la Démocratie nous y obligent. C’est dans ce contexte que j’ai accepté d’assumer les lourdes charges de Premier ministre, Chef du Gouvernement. Je mesure toute la responsabilité qui m’incombe au moment où les Ivoiriens retrouvent l’espoir. N’ayant pas le droit de décevoir leurs attentes, je m’efforcerai d’exécuter scrupuleusement les prescriptions de l’Accord de Ouagadougou. Dès mon entrée en fonction, j’ai formé mon gouvernement, en accord avec le Chef de l`Etat. Ma préférence allait à une équipe moins nombreuse, pour tenir compte de la crise économique qui frappe notre pays. Mais, j’ai choisi la voie du compromis et du dialogue. Et j’entends, dans la mesure du possible et pour ce qui dépend de moi, privilégier l’approche consensuelle dans la mise en oeuvre de l’accord et dans mes relations avec les autres responsables politiques ivoiriens. Je suis tenu, au demeurant, de respecter l’essentiel des accords de paix antérieurs, du reste visés par le préambule de l’Accord de Ouagadougou. Vous vous souviendrez que tous les textes internationaux que nous avons signés depuis le 24 janvier 2003 nous imposent un gouvernement avec les forces politiques signataires. Ce gouvernement a une mission principale : résoudre la crise politique que vit notre pays. Pour ce faire, trois objectifs majeurs lui sont assignés. Le premier objectif de cette nouvelle équipe, c’est la résolution de l’épineux problème de l’identification générale de la population. Cet important chantier recommande aujourd’hui une prise de conscience collective en dehors de tout calcul politicien. Toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens, au terme de ce processus, seront identifiés. Chaque citoyen aura une carte nationale d’identité pour jouir pleinement de ses droits et s’acquitter de ses devoirs. C’est un pari que notre volonté collective doit permettre de relever. Le deuxième objectif du Gouvernement, c’est la réunification du pays. Nous devons recoller les deux bouts de la Côte d’Ivoire. Et la réunification de notre pays, nous en sommes convaincus, passe nécessairement par la réunification des deux Armées. La création du Centre de Commandement Intégré devra accélérer cet important programme, par l’engagement résolu et l’aspiration profonde de nos braves militaires, au Nord comme au Sud, à taire définitivement les armes.

En application d’un calendrier précis, déterminé par les deux parties, ces armes seront rangées dans les râteliers. Le désarmement montrera au monde entier notre volonté commune de tourner la page sombre de la crise. Bientôt, notre pays sera doté d’une armée unique, que nous voulons profondément attachée aux valeurs républicaines, valeurs qui caractérisent toute Force de défense nationale digne de ce nom. J’y crois résolument. Je vous exhorte tous à partager cette conviction.
Le troisième objectif du Gouvernement, c’est l’organisation d’élections justes, transparentes et ouvertes à tous les citoyens. Il faut doter la Côte d’Ivoire d’institutions crédibles et démocratiquement élues. Les élections n’auront lieu que lorsque nous aurons, tous ensemble, validé les listings électoraux.
L’établissement de ces listes électorales se fera simultanément avec la production des cartes nationales d’identité. Pour y parvenir, nous devrons, tous ensemble, nous employer à réussir le redéploiement de l’administration, ainsi que la restauration de l’Autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national.
A cet effet, dans les tous prochains jours, un séminaire gouvernemental se tiendra pour s’approprier l’Accord politique de Ouagadougou et le décliner en une feuille de route cohérente.

Mes chers compatriotes,
Le temps est notre meilleur allié. Nous devons en faire le meilleur usage. Nous devons nous sortir du fétichisme des dates pour nous donner et les moyens et le temps nécessaire de notre action. S’il importe de respecter les échéances prévues par l’Accord de Ouagadougou, nous ne devons jamais perdre de vue la nécessité de la recherche constante du consensus. En voulant aller à marche forcée là où les cœurs ne sont pas, nous risquons de nous heurter à des résistances qui constitueront une source supplémentaire de blocage. Mais déjà, l’espoir est là. Depuis la signature de l’Accord de Ouagadougou, nous nous sommes attelés à respecter les engagements pris. C’est ainsi que les décrets instituant le Centre de commandement intégré (CCI), la nomination du Premier Ministre et la nomination des membres du Gouvernement ont été signés. L’Ordonnance portant Amnistie générale vient d’être signée. Dès ce lundi 16 avril 2007, le Chef de l’Etat et moi-même assisteront à Yamoussoukro à la mise en place du Centre de commandement intégré. Et le même jour, les Commandants du CCI seront désignés, et suivra le premier acte de suppression de la zone de confiance.

Mes chers compatriotes,
Je sais que vous attendez beaucoup du Gouvernement. La tâche sera ardue. C’est pourquoi tous les ministres doivent faire preuve de transparence et de rigueur dans la gestion des affaires publiques. L’équipe gouvernementale doit être au service de la nation. J’y veillerai personnellement.
Notre empressement à voir la fin de la crise ne doit pas nous détourner de la gestion ordinaire des affaires de l’Etat. Nous ne devons pas perdre de vue que la résolution de la crise, si importante soit-elle, doit aller de paire avec la bonne gouvernance. Nous devons tout d’abord remettre nos concitoyens au travail. La Côte d’Ivoire ne se reconstruira pas autrement que par le dur labeur de ses filles et de ses fils. Il nous faudra entreprendre la restauration des infrastructures socio-économiques. Nous nous attacherons tout particulièrement à réhabiliter le système éducatif et le système de santé. Chers Amis de la Côte d’Ivoire, Membres de la communauté internationale, vous devez occuper la place qui est la vôtre dans la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou, car le succès du processus de paix nécessite la participation de tous les partenaires au développement de notre pays.
La Côte d’Ivoire est membre à part entière de la communauté internationale. Mon gouvernement aura besoin de l’appui de ses partenaires traditionnels : l’Union Européenne, la France, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. En retour, la Côte d’Ivoire assumera pleinement ses engagements vis-à-vis de la communauté financière internationale.
Mes chers compatriotes,
Les chantiers que je viens d’énumérer sont immenses. L’obligation de résultat nous tient d’autant plus fermement que les Ivoiriens, nous le savons, attendent beaucoup de nous. Soyez persuadés, cependant, que je ne me laisserai pas rebuter par l’ampleur de la tâche.

Ivoiriennes, Ivoiriens,
Aucune nation ne peut prospérer dans l`incivisme, l`indiscipline, le laxisme, le désordre et l`injustice. L’Etat doit être fort et respecté. Il doit avoir le pouvoir de se faire respecter par les citoyens dont il est l’émanation.
Il est donc temps que la sécurité soit rétablie sur l’ensemble du territoire. Le défaut de sécurité a plongé dans la léthargie des pans entiers de l’économie nationale. Si nous parvenons à créer un environnement stable et apaisé, il n’y a pas de doute que l’économie renaîtra. L’environnement des affaires doit, sans attendre, être amélioré.
Je rencontrerai prochainement les chambres consulaires et les organisations patronales pour décider, ensemble, des mesures urgentes à mettre en œuvre. Le désespoir de notre jeunesse est palpable. Le désespoir de nos travailleurs a franchi la côte d’alerte. Les revendications sociales actuelles sont l’expression d’une angoisse profonde. Nous devons comprendre ces angoisses. C’est pourquoi, il faut rétablir le dialogue social et parvenir à réconcilier les attentes des travailleurs avec les moyens et les potentialités réels de l’Etat.

Je voudrais à présent m’adresser à la presse nationale, notre partenaire incontournable dans la gestion du processus de paix. Votre responsabilité est grande.
Je sais que votre secteur est l’un des plus sinistrés par la crise actuelle. Il y a urgence à agir. Je vous assurerai du soutien et de l’appui du gouvernement. Ensemble, nous réformerons l’économie générale des médias, comme le prescrit l’Accord de Linas Marcoussis. L’objectif sera de parvenir à la viabilisation des entreprises de presse et à leur insertion dans le tissu économique national. En retour, je vous exhorte à faire preuve, encore plus que par le passé, de professionnalisme et de discernement dans le traitement de l’information. Enfin, chers amis de la presse, permettez-moi de vous engager sur un autre vaste projet : celui de l’amélioration et du repositionnement de l’image de notre pays en Afrique et dans le monde. Ce projet sera le gage du retour de la Côte d’Ivoire dans le concert des nations. Nous devons nous montrer désormais comme une terre de paix et d’ouverture.

J’en appelle à la société civile pour qu’elle joue son rôle de sentinelle dans le nouveau schéma de transition. Le Gouvernement est disposé à l’accompagner dans cette mission.

Chers compatriotes,
L’injustice nous avait divisé. Notre amour commun de la patrie nous a permis de nous retrouver. Nous voici à présent tous réunis autour de la mère patrie. Entourons-là de nos soins jaloux.
Je voudrais établir avec vous un contrat de confiance. Je m’engage, devant vous, à faire preuve d’impartialité et à toujours privilégier le dialogue et la concertation, dans l’exercice de mes fonctions.
Concertation permanente avec le Président de la République. Concertation permanente avec le peuple. L’objectif demeure clair : mener le pays à des consultations transparentes.
C’est pourquoi, je tiens ici à réaffirmer cet autre engagement qui m’est cher : Au terme du processus de Transition en cours, je ne serai pas candidat à l’élection présidentielle. L’Accord politique de Ouagadougou l’a établi. Je m’y conformerai.

Ivoiriennes, Ivoiriens, chers compatriotes, chers Amis de la Côte d’Ivoire,
La Côte d’Ivoire ne retrouvera sa splendeur que si elle est unie, solidaire, réconciliée, respectueuse de sa diversité, tolérante, ouverte, juste et démocratique.
C’est cette Côte d’Ivoire là que tous, nous devons nous atteler à construire, ensemble, avec abnégation et avec détermination. C’est un défi collectif. Nous devons le relever à la face du monde. Que Dieu bénisse notre chère patrie.

Je vous remercie !

NOUVEAU GOUVERNEMENT




Blé Goudé : ''Nous attendons de Soro une attitude nouvelle''

Le président du congrès de la jeunesse panafricaine (COJEP) a prononcé une conférence de presse hier au siège du mouvement sis à Yopougon. Charles Blé Goudé a répondu aux préoccupations des journalistes, relatives à l'actualité nationale marquée par le début de l'application de l'accord de Ouaga. Notamment la formation du nouveau gouvernement et la suppression de la zone de confiance qui sera effective dès lundi prochain. Concernant la formation du nouveau gouvernement, le conférencier a d'entrée félicité le président de la République et son premier ministre pour avoir mené les débats sereinement malgré tous les bruits et obstacles rencontrés en chemin. Persuadé que les écueils ne manqueront pas dans la mise en application des autres points de l'accord de Ouaga censé sortir le pays de la crise, Blé Goudé a invité le président Gbagbo et Soro Guillaume à continuer de travailler dans ce sens, pour le plus grand bien de la Côte d'Ivoire qui a besoin de tourner la page. Et d'éviter surtout d'œuvrer dans l'intérêt d'un seul clan. Dans ce sens d'ailleurs, il a fait une adresse particulière à l'endroit du leader de la rébellion. Désormais Premier ministre de toute la Côte d'Ivoire, Soro Guillaume devra, a-t-il martelé, faire sa mue ; parce que ''la fonction qu'il occupe aujourd'hui commande un comportement nouveau de sa part.'' Pour lui, le Premier ministre doit comprendre que sa mission ne s'accommode pas certains actes ou déclarations pouvant nuire à l'exécution du chronogramme de la mise en application de l'accord de Ouaga. ''Nous attendons de Soro une attitude nouvelle'', a insisté le leader du COJEP qui a par ailleurs invité les partis politiques à adopter la même attitude de sagesse. Il leur a demandé de laisser le gouvernement travailler sereinement afin d'aboutir le plus tôt possible à des élections libres, transparentes et ouvertes telles que recommandées par l'accord de Ouaga. A ses dires, les formations politiques doivent se consacrer à préparer cette échéance et non à donner des consignes aux ministres au gouvernement sous leurs différentes bannières pour mettre des bâtons dans les roues du premier ministre. Et entraver le retour à la paix. Outre les partis politiques, Blé Goudé a demandé à la presse d'accompagner le processus de paix, comme elle l'a fait pour l'accord de Ouaga, et de contribuer à enraciner la nouvelle dynamique. Il a prié les journalistes de ne surtout pas ramer à contre courant en créant des tensions artificielles entre les différents acteurs de la crise ivoirienne. '' Pas de vainqueurs ni vaincus en 5 ans de guerre. C'est la Côte d'Ivoire qui compte'', a-t-il martelé. Tout comme il a tenu à souligner que la suppression de la zone de confiance ne constitue un échec ni pour la France ni pour la communauté internationale. Abordant le chapitre de la caravane de la paix, le messager de la paix a instruit que du 20 janvier à ce jour, 36 localités de l'intérieur du pays ont été visitées. Dans toutes ces villes et villages, les initiateurs de la caravane de la paix ''Prends ma main mon frère'' ont demandé aux Ivoiriens de s'accepter mutuellement et de taire les rancoeurs du passé pour favoriser la paix et la réconciliation nationale. Il a dressé un bilan satisfaisant de la caravane qui a ''contribué à faire avancer les travaux de Ouaga et préparer les populations à accepter les décisions issues des pourparlers entre le camp présidentiel et la rébellion.'' Une nouvelle de taille, la caravane qui arrive bientôt dans le district d'Abidjan se transformera en un carnaval de la paix dont l'apothéose aura lieu au complexe sportif de Yopougon, après avoir sillonné la plupart des communes. A cette occasion que le président du COJEP veut grandiose, avec le président de l'Assemblée nationale comme invité spécial, on annonce la présence officielle de la rébellion. Signe que les temps ont vraiment changé.

Emmanuel Akani

Le Matin d'Abidjan

DABOU / FETE HOMMAGE AU PRESIDENT DU COJEP




La génération "N'Jrouman Kata" d'Orbaff adopte Blé Goudé

le président du COJEP de son nom Adjoukrou " Gnagne Agnimel " a intégré une classe d'âge dans la cité du Leboutou.

La célébration de la résurrection du Christ le lundi de Pâques dernier par tous les chrétiens du monde a coïncidé avec la cérémonie d'hommage rendu à Blé Goudé par les populations Adjoukrou d'Orbaff. Toutes les forces vives de ce gros village n'ont ménagé aucun effort pour rendre le séjour du président du COJEP agréable. Très tôt, les femmes dans un accoutrement traditionnel entonnent des chants élogieux à l'honneur de l'initiateur de la caravane de la paix " Prends ma main mon frère ". On pouvait entendre " Blé Goudé maméroum ", c'est-à-dire " Blé Goudé, je t'aime ". Le top départ de la fête vient d'être ainsi donné, l'hôte de marque habillé selon les rites de la cérémonie rejoint les jeunes qui l'attendent depuis quelques heures. C'est alors que le président du COJEP et ses frères font le tour du village en poussant des cris guerriers sous le regard joyeux des populations sorties nombreuses. Fiers des capacités physiques et intellectuelles de leur frère, les jeunes de la génération " N'Jrouman Kata " la première du village d'Orbaff demandent aux patriarches l'intégration de Blé Goudé en leur sein. D'autant que le président du COJEP a l'âge requis (35 ans) pour faire partie de cette génération. C'est dans une joie indescriptible que les initiés de la génération " N'Jrouman Kata " se sont fait entendre dire par les patriarches que Blé Goudé est admis à intégrer cette classe d'âge. Ensuite, les habitants de ce village l'ont fait citoyen d'honneur, ce qui lui confère désormais des droits et des devoirs au même titre que les villageois. Au nom du village, le porte-parole Paul Wood Agnéro a apprécié la marque de sympathie que témoigne Blé Goudé aux populations d'Orbaff. Car c'est sa quatrième visite dans ce village. Le titre de citoyen d'honneur de Blé Goudé, ajoute le porte-parole, rejaillit également sur toute sa famille. Les patriarches lui ont attribué un terrain de 1000 m2 qui appartient à sa famille biologique du fait de son nom Adjoukrou " Gnagne Agnimel ". En réponse, le nouveau citoyen d'Orbaff a exprimé sa gratitude aux jeunes de sa génération et aux patriarches qui ont bien voulu le faire intégrer dans la génération " N'Jrouman Kata ". Cette fraternité nouvellement scellée, relève Blé Goudé, ne doit pas être reniée quelles que soient les circonstances. Il a également loué, le courage, la dignité et la bravoure du peuple Adjoukrou. Ouvrant une brèche sur l'actualité politique, Blé Goudé dit avoir refusé le poste de ministre parce que : " je ne veux pas brûler les étapes. Je n'aime pas la facilité, il y a un temps pour chaque chose. Donc je prends mon temps pour évoluer ". Il a expliqué sa nouvelle vision pour les jeunes. Pour lui, les jeunes doivent être responsabilisés dans cette nouvelle Côte d'Ivoire. " Pendant la guerre, nous avons donné nos poitrines pour défendre la mère patrie, il est donc normal qu'en ces temps de paix, les jeunes soient au centre du développement du pays. Nous devons profiter largement des richesses du pays ", a expliqué Blé Goudé. Il a promis de rencontrer prochainement la jeunesse d'Orbaff afin de s'imprégner de ses difficultés majeures.

FABRICE TETE
Envoyé à Dabou

Le Matin d'Abidjan

vendredi, 13 avril 2007

INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES : LE COJEP ET AFRI-JAPAN SIGNENT UNE CONVENTION

Le siège de l'Ong Afri-Japan, sis à Cocody, a abrité hier en fin de matinée, une sympathique cérémonie consacrant le renforcement des liens entre cette structure et le Congrès panafricains des jeunes et des patriotes (Cojep). Il s'est agi, en effet, de la signature d'une convention entre ces deux structures à l'effet de lutter contre la pauvreté chez les jeunes ivoiriens. C'est Ferdinand Bléka, en sa qualité de président d'Afrijapan, qui le premier, plantera le décor. Il expliquera qu'il y a un peu plus de six mois qu'il a reçu une demande du Cojep pour appuyer des projets d'insertion des jeunes. Et après étude, ses collaborateurs et lui ont retenu dans un premier temps, celui de la commercialisation du riz. A l'en croire, trois raisons ont guidé leur engagement. Premièrement, le projet cadre avec l'un de leurs objectifs majeurs, à savoir, le soutien aux projets de développement en Afrique. Ensuite il permettra de réduire l'indice de pauvreté et accroître par la même occasion, l'espérance de vie sur le continent. Enfin, le projet est une action ciblée sur les jeunes et les femmes, les couches sociales les plus défavorisées dont Afrijapan fait une priorité des priorités. C'est pourquoi Bléka, qui dit avoir été séduit par la grande organisation du Cojep, s'est engagé à lui offrir 3000 tonnes de riz et 3 fourgonnettes pour la livraison du riz à domicile. Mais dans un premier temps, il livrera 50 tonnes déjà disponibles d'ailleurs et tient à la disposition de Blé Goudé et des siens, un fonds pour assurer sur un an, le loyer du magasin de stockage du riz. La phase d'observation du projet pilote durera trois mois, à l'issue desquels, une évaluation sera faite pour corriger éventuellement les failles. Sur sa lancée, le patron d'Afrijapan a déclaré que son action investira également le vivrier pour accompagner efficacement le riz. Pour finir, l'homme a émis deux souhaits, ceux de voir les projets s'étendre aux jeunes de l'intérieur du pays et que tous les jeunes deviennent dans peu de temps, des grossistes dans le secteur de la distribution du riz en Côte d'Ivoire. Prenant à sa tour la parole, le président du Cojep s'est dit heureux devant la grande disponibilité de Ferdinand Bléka à l'égard de ses jeunes concitoyens. Car a-t-il expliqué "que nous défendons la République pour que les jeunes puissent être à l'abri du minimum vital. C'est à cette seule condition qu'ils resteront dignes et indépendants d'esprit. " Et pour lui, le projet de la commercialisation du riz est une occasion pour les jeunes de ne plus tendre la main, convaincu qu'il est "que l'argent ne se trouve pas seulement dans les bureaux ". Poursuivant, Blé Goudé, comme pour répondre aux craintes de Bléka, a promis faire en sorte que le Cojep mérite amplement la confiance placée en lui. La signature des documents, qui a aussitôt suivi le bref speech du leader des jeunes patriotes, a mis fin à la cérémonie.

Géraldine Diomandé
Le Matin d'Abidjan

jeudi, 12 avril 2007

CARAVANE DE LA PAIX A JACQUEVILLE



BLE GOUDE AUX IVOIRIENS :
"AIDEZ LE GOUVERNEMENT DE SORO A REUSSIR SA MISSION"

Le nouveau gouvernement qui a été formé samedi dernier a besoin de stabilité pour réussir sa mission. C'est ce message que le président du COJEP a porté aux populations de Jacqueville.

Le dynamisme et la persévérance de la présidente de la coordination du COJEP de Jacqueville, Véronique Dipro, ont imposé aux initiateurs de la caravane de la paix " Prends ma main mon frère, prends ma main ma sœur " de faire escale dans la cité de feu Philippe Grégoire Yacé. Ce lundi 09 avril, jour de la Pâques, autorités administratives, religieuses et coutumières n'ont pas boudé leur plaisir de recevoir la caravane conduite par Charles Blé Goudé. A la place Laurent Gbagbo prise d'assaut par une foule de jeunes, le président du COJEP s'est évertué à expliquer le rôle des Ivoiriens, surtout des jeunes dans le nouveau processus de paix tracé par le président de la république. Il a invité les populations à soutenir le nouveau gouvernement qui a été formé samedi dernier. " Posez des actes qui vont aider ce gouvernement à travailler dans le calme et à réussir la mission qui lui a été confiée. Soutenez le premier ministre et tous les ministres du gouvernement. Car Soro Guillaume n'est pas le 1er ministre d'un clan. Il dirige également un gouvernement issu d'un accord inter-ivoirien.", a exhorté le président du COJEP. En retour, il conseille au nouveau premier ministre d'inscrire toutes ses actions dans le strict respect de la constitution ivoirienne. Les ministres de ce gouvernement, a précisé le leader de la galaxie patriotique, doivent faire la promotion de la Côte d'Ivoire et non celle de leurs chapelles politiques. Aux politiciens, il interdit de tribaliser le débat politique et les invite à proposer des projets de société qui participent du bien-être social des populations. Dans la nouvelle Côte d'Ivoire à construire, Blé Goudé soutient qu'il faut également travailler à la révolution des mentalités. " N'attaquez plus vos frères, oubliez les rancoeurs et pacifiez vos cœurs. Chaque Ivoirien doit travailler à quelque niveau que ce soit au retour définitif de la paix. Ayez foi en ce pays qui sera très puissant dans quelques années, il y a de l'espoir pour tous les Ivoiriens ", a sensibilisé le président du COJEP. Le représentant de la communauté de la CEDEAO, Seydou a rassuré les caravaniers que sa communauté a toujours vécu dans la symbiose avec le peuple Ahizi. "Nous nous sentons très bien intégrés. La paix est notre denrée quotidienne, je remercie le peuple Ahizi de nous avoir bien accueillis sur ses terres ", s'est-il réjoui.


Coulisses de Jacqueville
Beugré Nepri Jérôme, président du conseil général : " Grâce à vous, la jeunesse a sauvé le pays "
Avant d'animer le meeting de la paix à la place Laurent Gbagbo de Jacqueville, Blé Goudé a rendu une visite de courtoisie au président du conseil général de cette ville. Après avoir écouté le message de son hôte, M. Beugré Nepri Jérôme, président du conseil, a souligné que le combat de Blé a engendré un élan chez les aînés qu'ils sont. " C'est grâce à votre esprit républicain que le pays a été sauvé par la jeunesse. Je vous encourage dans votre nouvelle démarche pour la paix ", a-t-il soutenu.

René Edmon Agaud, Préfet : " Des gens sont jaloux de Blé Goudé "
Le préfet de Jacqueville, le gouverneur René Edmond Agaud a, au cours de l'entretien qu'il a eu avec son fils, indiqué que Blé Goudé est un homme de paix. Cependant, révèle-t-il, " des gens sont jaloux de cet enfant (ndlr : Blé Goudé). C'est bien dommage, mais c'est un homme qui a le charisme et c'est Dieu qui donne cela. Je crois qu'au lieu de le dénigrer, nous devons tous prier pour lui afin qu'il œuvre davantage pour la Côte d'Ivoire ".

Blé Goudé incapable de cultiver la paix ?
Le porte-parole de M. Dirabo Tanou Kéké René, chef de terre de Jacqueville, a fait savoir qu'il est tombé sous le charme de Blé Goudé au plus fort de la crise. Pendant ces moments, le leader de la galaxie patriotique a opposé une résistance historique contre les rebelles et la Force française Licorne. C'est au vu de ces actes de bravoure que le porte-parole du chef Dirabo soutient : " nous vous avons vu dans la résistance pendant la guerre. Nous nous demandions si vous seriez aussi capable de nous mener à la paix. Mais maintenant, nous sommes convaincus de votre capacité à vous adapter aux contingences du moment. Vous êtes un grand artisan de paix, nous sommes fiers de vous ", a-t-il reconnu.

Orbaff a eu sa petite caravane
Bien avant de se rendre à Jacqueville, le président du COJEP a été invité par le directeur départemental de campagne du président Laurent Gbagbo dans son village Orbaff. Dimanche dernier, M. Paul Wood Agnéro a souhaité que Blé Goudé délivre un message de paix à ses frères et sœurs. Là-bas, le caravanier de la paix a lancé un message à l'endroit de son ami aujourd'hui premier ministre de Côte d'Ivoire. " Soro Guillaume, tout dépend de toi, si tu es bien avec nous, nous serons bien avec toi. Ce gouvernement doit travailler honnêtement pour les populations qui sont fatiguées de la guerre ", avertit Blé Goudé. Le premier ministre dans la tâche qui lui a été confiée doit travailler en étroite collaboration avec le président de la République afin de réunifier le pays. " Évitons les palabres inutiles et concentrons nous sur le développement de notre pays. Je vous invite à oublier vos rancoeurs contre Soro, c'est seulement Dieu qui va vous consoler ", a insisté le " général ". Il a exhorté les populations à soutenir Paul Wood Agnéro dans son combat en faveur du chef de l'Etat. Au nom de la jeunesse, Lasme Nicolas a encouragé les initiateurs de la caravane. Il a assuré le président du COJEP de la mobilisation totale de ses camarades autour de son œuvre en faveur de la paix. Avant de souhaiter l'installation d'une sous-section du COJEP à Orbaff.

FABRICE TETE
Envoyé spécial
à Jacqueville
Le Matin d'Abidjan

APPLICATION DE L'ACCORD DE OUAGADOUGOU



Le Matin d'Abidjan


POURQUOI IL FAUT RESTER PRUDENT

Les signataires de l'accord intervenu en terre burkinabé entre parties ivoiriennes déroulent tranquillement leur plan de sortie de crise. Et cela sans accroc observé jusqu'à présent. Il faut toutefois se garder de tomber dans l'euphorie.

L'Accord politique signé dans la capitale burkinabé sous le regard bienveillant du président Blaise Compaoré est entré depuis la semaine dernière dans sa phase pratique avec notamment, la passation de charges intervenue entre Banny et Soro, mais aussi et surtout, avec la publication du nouveau gouvernement. Ainsi donc, lancés dans une sorte de courses aux obstacles, le chef de l'Etat et son premier ministre ont déjà franchi deux haies. Ils s'apprêtent déjà à célébrer la disparition de la zone de confiance le 16 dimanche prochain à minuit. Pour l'heure, tout semble marcher comme sur des roulettes, là où l'on a mis 5 ans sans atteindre pareils résultats significatifs. Cela a suffi pour créer beaucoup d'optimisme dans la plupart des foyers et bureaux ivoiriens. Dans le camp présidentiel l'optimisme a même cédé la place à l'euphorie surtout au vu de la mouture définitive du gouvernement publiée samedi dernier. Une mouture où Laurent Gbagbo s'en sort beaucoup mieux que toutes les fois précédentes. Cette situation de triomphalisme nous fait penser au climat qui avait également prévalu sur le théâtre politique national en août 2002 lors de la formation du gouvernement de large ouverture initié par le chef de l'Etat. On se souvient qu'à cette époque, le Rdr, seule formation politique qui jusque là boycottait le gouvernement, avait enfin décidé de tenir sa place. Les démocrates avaient alors applaudi cet assouplissement des "républicains" en clamant que plus rien de fâcheux ne pouvait encore arriver au pouvoir Fpi. Deux mois après, la guerre a éclaté à la surprise de la plupart des Ivoiriens. Autre fait qui se situe dans la même foulée, l'arrestation suivie de la remise,- le 17 septembre de la même année-, aux autorités ivoiriennes, de Sia Popo, auteur d'un casse historique à l'agence de la Bceao d'Abidjan-Plateau. Cet évènement, fortement médiatisé du reste, et qui marquait la décrispation entre autorités ivoiriennes et burkinabè, a fait croire à nos concitoyens que plus aucun mal ne pouvait désormais venir du Faso voisin. Seulement deux petits jours plus tard, des bandes armées, en provenance de Ouagadougou et conduites par Guillaume Soro, ruinaient toutes les espérances en endeuillant nuitamment la Côte d'Ivoire. C'est encore de fraîche mémoire. C'est pourquoi si l'on applaudit chaleureusement l'application effective de l'Accord de Ouaga, il convient toutefois de rester sereins et éveillés. Car ce serait trop facile que tout aille à l'image du cours d'eau qui coule tranquillement, le marigot politique ivoirien nous ayant habitué à tellement de crocs-en-jambes et autres tacles rageurs. Quand on a vu le raidissement dont ont fait preuve les leaders du G7 envers Soro, pendant la constitution du gouvernement, il y a lieu de tempérer l'optimisme. Aussi rien ne dit que la France qui s'est investie aussi lourdement, aussi bien sur le plan financier que militaire, laissera couler tranquillement les choses, avec à la clé un triomphe total de Laurent Gbagbo, l'ennemi juré. Autant dire que le serpent n'est pas encore mort. Croisons les doigts.
Géraldine Diomandé

Cap sur la suppression de la zone de confiance
Les Ivoiriens piaffent d'impatience. Ils ont hâte de voir enfin poindre à l'horizon, la paix mille fois promise mais jamais offerte. En définitive, ils n'ont pas tort. Une volonté réelle de décrispation existe mais encore faut-il que de part et d'autre, l'on matérialise pour la paix les nombreux paniers de Ouagadougou. Qu'est-ce que cela voudrait bien dire ? Le temps est simplement venu de mettre le cap sur les sujets qui ont jusque-là fâché mais qui sont désormais "fréquentables". En commençant par le commencement, la question de la suppression de la zone de confiance, vient ainsi à point nommé. Surtout que son début est fixé au 16 avril prochain. Là-dessus, représentants des forces loyalistes et rebelles ivoiriens, de l'ONU et de l'armée française, selon une information reçue par l'AFP auprès de l'ONU, ont convenu de se rencontrer ce mercredi après-midi à Abidjan, pour évoquer les modalités de la suppression de la zone de confiance. "Il y aura ce mercredi après-midi une réunion quadripartite réunissant les forces ivoiriennes et impartiales pour discuter des modalités pratiques de la suppression de la Zone de confiance", a confirmé un responsable de l'ONU. Une autre source proche du dossier a indiqué quant à elle que "les modalités pratiques de l'évolution de la zone et du redéploiement des forces impartiales restent floues et à définir, et doivent être évoquées " ce jour. Toute chose qui donne du piment et de la matière à la réunion de cet après-midi et qui fait que de façon indiscutable, la question de la zone de confiance sera sérieusement débattue. De sorte que ceux qui ont à débarrasser le plancher le fassent en toute quiétude et que la confiance entre les Ivoiriens de tous bords reprenne là où elle avait été bottée en touche. Au-delà des mots, les différents acteurs de ce mercredi ont obligation de rendre effective la volonté de tous les Ivoiriens de voir cette zone "à problèmes" disparaître. Cela, et rien que cela, sera déjà un pas vers le retour véritable à une confiance réciproque. Après quoi, la suite du chronogramme, avec comme priorité suivante le désarmement des milices, suivra. Au total, les protagonistes Ivoiriens entrent dans le vif du sujet à partir de la réunion de cet après-midi. Il s'agira pour les uns et les autres, non seulement de ne pas faire mentir le Général Fernand Amoussou de l'ONUCI (qui annonçait samedi dernier l'effectivité de cette suppression à partir du 16 avril), mais aussi et surtout en ce qui concerne les Ivoiriens eux-mêmes, de respecter les signatures de Ouagadougou. Trop de documents ont, en effet, été signés sans un moindre commencement de sagesse. Mettre en œuvre, même "bêtement" Ouaga, serait déjà le vrai début de la paix. Cela passe nécessairement par la suppression de la zone de confiance.
William-Varlet ASIA

Dépasser les clivages politiques
La Côte d'Ivoire s'ouvre de plus en plus aux vents de la concorde nationale. Des vents chargés d'espérance, dont on espère qu'ils feront oublier le mauvais climat qui avait prévalu depuis un certain jour de septembre de 2002. Mais, pour l'heure, tout, pratiquement, laisse croire que la crise appartient désormais au passé. Il est vrai, la communauté internationale, tout comme le peuple ivoirien, avait fini par se lasser d'une guerre dont ils tardaient à voir la fin. Un peuple qui, à vrai dire, n'espérait plus rien d'autre que la fin du théâtre d'ombres qui se jouait à Abidjan, et qui priait pour qu'enfin les acteurs politiques ivoiriens acceptent de fumer le calumet de la paix et chantent le couplet d'une véritable réconciliation. De toute évidence, du point d'honneur que le président ivoirien mettra à appliquer l'Accord de Ouagadougou résultant du Dialogue direct dont il a eu l'initiative, dépendront en grande partie les effets du nouvel air qui souffle sur ce pays. Mais, fort heureusement et pour le bonheur du peuple ivoirien, on peut croire que la paix se signale enfin. Elle semble à portée de main. D'autant que, jusque-là, le chronogramme de l'Accord de Ouagadougou a été scrupuleusement respecté. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les bons signes et les signaux forts ne manquent pas. Il y a tout d'abord que le président ivoirien Laurent Gbagbo et son Premier ministre semblent avoir été guidés par le souci de constituer une équipe qui contente au mieux l'ensemble des acteurs politiques. Mais aussi de former un gouvernement qui ne manque pas de symboles. Non seulement la clé de répartition des portefeuilles a tenu compte de l'équilibre souhaité par les deux forces signataires de l'Accord de Ouagadougou, mais en plus elle a été telle que les autres partis ont été représentés, conformément à l'esprit de concorde nationale. Le ministère de la Justice, ceux de la Solidarité et des Victimes de guerre sont tombés dans l'escarcelle des Forces nouvelles. Les portefeuilles de la Défense et de l'Intérieur, eux, ont été dévolus au parti présidentiel. Comme on le constate, les deux principaux signataires de l'Accord, Forces nouvelles et FPI, s'octroient deux ministères clés, la Justice et l'Intérieur. Deux départements hautement stratégiques, du point de vue notamment de la conduite des audiences foraines destinées à l'identification des électeurs pour la future présidentielle. A ce propos, l'un n'excluant pas l'autre, le fait que ces deux ministères ne soient concentrés ni entre les mains du FPI ni entre celles des Forces nouvelles, devrait approfondir les sillons conduisant à une Côte d'Ivoire unifiée. On s'en souvient, la marche vers les élections avait plusieurs fois buté sur l'impossibilité de tenir ces fameuses audiences. Le travail de complémentarité auquel seront certainement soumis les deux ministères, devrait sans doute donner un coup d'accélérateur à ce délicat point de la feuille de route. Quant au portefeuille de la Défense, qui échoit entre les mains du FPI, quoi penser d'autre sinon que tout cela renforce le sentiment d'un savant dosage destiné à conduire rapidement à l'identification des populations, au désarmement, à la réunification du pays et aux élections. Reste maintenant que chacun, à son niveau, garde bien ses vaches tout en travaillant dans un esprit de franche collaboration. Pour aller véritablement à la paix, la nouvelle équipe, qui ne doit jamais perdre de vue sa mission qui est celle de la réunification du pays, doit toujours garder présente à l'esprit la réconciliation. C'est pourquoi chaque ministre ne doit voir ni l'intérêt personnel ni celui du parti qu'il représente. En aucun cas l'appartenance politique ne doit être un obstacle à la nouvelle dynamique entamée. Le Premier ministre ivoirien devra s'attacher à la cohésion et à la bonne marche de ce gouvernement dit de mission. Rien, absolument rien, ne devrait faire oublier l'esprit et la lettre de l'Accord politique de Ouagadougou (…).

Lu dans ''Le Pays''

mercredi, 11 avril 2007

RELATIONS IVOIRO-BURKINABE : BLE GOUDE ET KIMA EMILE, SYMBOLES DU RAPPROCHEMENT



LE MATIN D'ABIDJAN

L'un Burkinabé, Kima Emile, marié à une Ivoirienne avec laquelle il a eu trois enfants, l'autre Ivoirien Blé Goudé, qui a pour sœur une Burkinabé nommée Tiemporé Valentine. Ces deux Africains ont réuni le week-end dernier à la place Inch' Allah de Koumassi leurs frères ivoiriens et bukinabé. Dans le but de les sensibiliser à adhérer à l'accord de Ouagadougou signé en mars dernier sous l'égide du président burkinabé Blaise Compaoré. Samedi, le communauté burkinabè a envahi l'espace Inch' Allah pour écouter le message de paix de l'un des siens qui a invité le président du Cojep à cette rencontre. En sa qualité de représentant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de Blaise Compaoré en Côte d'Ivoire, Kima Emile a invité ses compatriotes à se sentir intégrés dans leur pays d'adoption. Le Bukinabé est ici chez lui en Côte d'Ivoire, ainsi que l'Ivoirien est chez lui au Bukina Faso, a stigmatisé Kima Emile. " Les Burkinabè n'ont aucun intérêt à ce que la Côte d'Ivoire brûle. Nos deux pays sont liés, mariés pour la vie ", a indiqué le représentant du CDP. Il faut soutenir fermement de part et d'autre, poursuit-il, l'accord de Ouagadougou. "L'avenir appartient à notre génération, nos peuples sont indivisibles. Très bientôt, le Président Compaoré sera à Abidjan pour consolider notre fraternité légendaire ", révèle Kima Emile. Le décor ainsi planté, l'invité de marque peut à son tour livrer son message tant attendu. Vêtu d'un boubou bleu, signe d'apaisement et de calme, Blé Goudé regrette que l'ont ait perdu du temps à chercher loin la solution à la crise ivoirienne alors qu'on devait la régler dans un cadre familial : " Et pourtant, c'était le chemin à emprunter ", admet-il, faisant allusion au rapprochement entre les deux peuples frères de Côte d'Ivoire et du Burkina. "Je n'ai aucun problème avec les Burkinabé. Ils ne m'ont rien fait pour que je les haïsse. Ce que les médias occidentaux et certains politiciens ivoiriens ont voulu faire croire n'est qu'un tissu de mensonges. Autant les Burkinabé sont ici chez eux, autant les Ivoiriens sont chez eux au Burkina Faso ", souligne à son tour le président du COJEP. Pour faire taire, une fois pour toute ses détracteurs, il a tenu à présenter aux nombreux publics une Burkinbè du nom de Tiemboré Valentine. " Elle est née dans mon village, elle vit chez moi en tant que ma sœur. Je ne l'exploite pas comme une fille de maison. Cette sœur parle le Bété mieux que moi. C'est la preuve que je n'ai rien contre les Burkinabè. Ce qui se raconte sur moi vise à nous diviser", explique Blé Goudé. La concernée a pris le micro pour confirmer les dires de Blé Goudé en Moré et en Bété devant un public visiblement ému. Panafricaniste, l'initiateur de la caravane de paix a prôné l'unité, la solidarité entre Africains. " L'Afrique ne doit pas se laisser diviser, sinon les occidentaux vont nous exploiter pour se développer. Les Africains doivent prendre conscience de leur force dans l'union. Chaque Africain doit mener le combat de la dignité, de la souveraineté de l'Afrique. C'est à nous africains de prendre notre destin en main. Aucun pays occidental ne doit parler au nom des africains à l'Onu. Cela doit changer et ça va changer ", prône-t-il. Aux burkinabé, il demande de chasser la peur de leur esprit et de travailler en toute tranquillité. Blé Goudé, baptisé Ouédraogo Sougounoma par ses hôtes burkinabé, a néanmoins souligné la nécessité pour eux de respecter les lois ivoiriennes. " Je demande aux politiciens de ne pas exploiter la misère, l'analphabétisme, la naïveté de cette communauté pour en faire leur fonds de commerce politique. Tenez-les loin de notre politique interne ", a-t-il lancé à l'endroit des politiciens en marque de véritable programme politique. Blé Goudé a invité par ailleurs Ivoiriens et Burkinabé à oublier les frustrations vécues dans le passé pour construire l'avenir. Enfin, se prononçant sur le nouveau gouvernement formé le samedi 07 avril, il a souhaité qu'il travaille effectivement au retour de la paix en Côte d'Ivoire.

Fabrice TETE

HONNEUR ET DIGNITE



Par Pierre Lemauvais
Le Matin d'Abidjan

On a dit qu’on voulait un dialogue direct. On l’a eu. On a dit que c’est ce qu’il fallait pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. Cela a été admis. Même par ceux qui ont toujours manœuvré pour leurs seuls intérêts. Les dernières manigances du pouvoir vieillissant de Chirac et ses alliés n’y ont rien pu. Les opposants au régime ont vite compris que la donne avait changé. Et la communauté internationale, qui était loin de s’attendre à une telle évolution de la crise, est restée longtemps ébahie. Elle a d’abord pensé à une farce. Mais vu la détermination des Ivoiriens – camp présidentiel et rébellion armée - à discuter sereinement de leurs problèmes, elle s’est rendue à l’évidence de l’absurdité de ses positions et la vanité de ses méthodes de règlement des conflits. On peut donc dire que les Ivoiriens sont en train de donner une leçon au monde entier. Cela est bien encourageant. Surtout que le pays a aujourd’hui un nouveau souffle qui soude les ressorts cassés à une vitesse vertigineuse. Voilà pourquoi il ne faut entreprendre de part et d’autre qui puisse entraver cette dynamique retrouvée. Au moment où le gouvernement s’installe, il est important que chacun des 33 ‘’missionnaires’’ se demande comment il peut contribuer à restaurer définitivement la paix dans le pays. Plutôt que de se mettre dans la peau du partisan comme cela a souvent été le cas. Au lieu de s’attaquer inutilement aux D.G des structures sous tutelle dans le seul but de caser des proches, que chacun travaille à faire honneur à son mandant. Et que chaque groupe représenté au gouvernement puisse dire un jour qu’il a contribué au retour de la paix. Les Ivoiriens, jaloux de leur souveraineté, attendent des actes forts. Des actes qui confortent la conviction de la communauté internationale dans l’idée qu’elle s’est trompée lourdement sur le compte de la Côte d’Ivoire. En tout cas, n’oubliez pas pour une fois, messieurs et mesdames les ministres, que vous êtes avant tout en mission pour votre pays qui a un grand défi à relever. Et que le monde entier nous regarde.

mardi, 10 avril 2007

INTERVIEW DU CAMARADE JEAN-CLAUDE GNAHOUA PREMIER RESPONSABLE DU COJEP EN SUISSE

L’équipe de cojep- infos blog parle avec le premier responsable du congrès panafricain en suisse, le camarade Jean-claude gnahoua sur les derniers développements de l’actualité en Côte d’Ivoire.

Bonjour monsieur le représentant du cojep en suisse, comment allez vous ?
Bonjour, camarade..., bien dieu merci ¨¨¨¨!

Depuis un certain temps, on ne vous entend plus? Qu’est ce qui se passe ? Êtes vous épuisé?
Jean-claude Gnahoua:Avant de venir au fait, je voudrais vous remercier pour l’opportunité que vous nous offrez pour éclairer l’opinion et vos lecteurs sur nos activités. En effet, nous travaillons, nous sommes en réflexion sur les stratégies à adapter désormais dans le contexte du dialogue direct et de la caravane de la paix que mène notre président en côte d’ivoire . Donc nous pouvons dire que nous sommes au labo. Ces derniers temps nos structures dans les différents cantons ont multiplié les rencontres avec les membres des bureaux..... Bientôt nous tiendrons notre assemblée générale pour faire le bilan de nos activités de l’année écoulée.

C’est pour quand alors?
JC : Nous aurons cette assemblée générale très prochainement. C’est à ce titre que se tiendra le 14 avril à Zürich une réunion. Une rencontre qui permettra au Représentant de rencontrer ses Coordinateurs, de faire d’abord le bilan des activités avec les Coordinateurs du Mouvement dans les cantons de Berne, de Zürich, de Genève et de Lausanne. C’est au sortir de cette rencontre pré assemblée générale que la date de l’assemblé générale de la représentation du cojep en suisse sera déterminée.

De quoi allez vous parler lors de cette rencontre ?
JC : Lors de l’Assemblée Générale, comme toute structure sociale, un bilan s’impose. Nous allons parler ce jour là de ce que nous avons entrepris depuis ensemble. Nous nous pencherons sur les problèmes que chacun a rencontrés dans l’accomplissement de nos objectifs, et je suis persuadé qu’avec cette démarche nous verrons comment surmonter ces difficultés pour l’efficacité de nos actions futures et pour le rayonnement du mouvement en Suisse. Nous allons définir un nouveau cadre de nos actions.
Nous sommes depuis dans un autre contexte en Côte d’Ivoire. C’est à dire le dialogue direct. Négociations entre le président Gbagbo et ceux qui ont attaqué son pouvoir à Ouagadougou au Burkina faso. Aussi sera t -il question de la Commission du Conseil Européen que nous avons dirigée pendant six mois depuis le troisième conseil européen qui s’est tenu en Août dernier à Genève, notre Représentation en plus de son programme annuel d’activité devait animé le cojep au niveau de l’Europe. Donc cette AG sera aussi l’occasion de faire le bilan de notre présidence avant de passer le relais....

Venons en à ce dialogue, quel sens revêt-il à vos yeux?
JC: C’est un accord historique...Depuis l’échec du coup d’état contre le Président Gbagbo et son Parti, les Ivoiriens et Ivoiriennes n’ont pas eu le temps de se parler que l’extérieur avait déjà les causes et les solutions. D’Accra à Paris en passant par Lomé, De Lagos à Pretoria en passant par Libreville, les ivoiriens et ivoiriennes n’ont jamais été véritablement consultés dans la recherche des solutions à la crise qui secoue leur pays. On leur a fait comprendre que ces résolutions ou solutions étaient appropriées. Cinq ans se sont écoulés et nous tournons en rond. C’est donc dans ce contexte que le Président Gbagbo, qui durant ces années avait émis des réserves quant à l’applicabilité constitutionnelles de ces différentes résolutions, a mené des consultations dans le mois de novembre dernier pour recueillir l’avis de ses populations qui souffrent de cette crise. Le dialogue direct est donc une solution ivoirienne pour ne pas dire une sortie de crise à l’ivoirienne.
C’est un accord qui a à nos yeux à un sens profond: cet accord redonne à la Côte d’ivoire sa souveraineté qui était tripatouillée par des résolutions aux sauces françaises.
Cet accord vient consacrer la force de la démocratie, rien ne peut altérer la force du peuple.
Cet accord vient encore une fois confirmer la légitimité du Président Gbagbo, car c’est grâce à sa signature que ceux qui hier ne le reconnaissaient pas comme président de la république de Côte d’Ivoire peuvent occuper des postes ministériels(premier ministre ou comme ministre tout court) de par sa signature et de sa volonté.
L’accord vient de démontrer que rien ne sera plus comme avant entre la France et la Côte d’Ivoire.
C’est pour nous une victoire.Pour ceux qui ont cru à la résistance malgré l’arsenal militaire, communicationnel et diplomatique que les déstabilisateurs des institutions de la Côte d’Ivoire ont mis en place depuis la nuit du 18 au 19 septembre 2002.

Mais Soro, qui a dirigé des gens qui ont volé, violé et assassiné les ivoiriens et ivoiriennes est consacré premier ministre au bout de ce dialogue direct, quelle leçon de démocratie en retenir?
JC:Oui c’est vrai. Je vois ou vous voulez en venir, la nomination n’est nullement une prime à la rébellion. C’est tout simplement un sacrifice de plus de la part de Laurent Gbagbo, qui veut la quiétude de ses populations. Depuis le début aucun accord n’a été vraiment aussi concret que celui de Ouagadougou. Il place le désarmement et la réunification du pays au centre de sa dynamique. Il ne faut donc pas développer des théories et des réflexes qui freinent tout dépassement de soi. Cette nomination doit être vue comme la première étape d’une réconciliation vraie basée sur le pardon et non l’oubli. Nous devons donc accompagner ce processus qui donnera à notre pays une paix durable après des élections qui se jugeront de par le travail qui sera fait par cette équipe dirigée par Guillaume Soro. Nous devons aussi être très vigilants pour la réussite de l’applicabilité de cet accord.

Merci camarade Représentant
JC : Merci que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire pour une Paix durable et juste.

lundi, 9 avril 2007

CÔTE D'IVOIRE - LE FPI ET LES FN DOMINENT LE GOUVERNEMENT




© Abidjan.net par Emma






Le nouveau gouvernement comprend 33 portefeuilles repartis entre le camp présidentiel, les Forces nouvelles et l'opposition

Un mois après l`accord interivoirien de Ouagadougou, le président Laurent Gbagbo a officiellement nommé, samedi, un nouveau gouvernement d`union nationale dirigé par Guillaume Soro, chef politique des ex-rebelles des Forces nouvelles. Trente-deux ministres se sont retrouvés autour du Premier ministre et du président de la République pour la photo officielle.

La répartition des ministères au sein de la nouvelle équipe évoque l’équilibre souhaité par les forces les signataires les signataires de l’accord de Ouagadougou, le camp présidentiel et les Forces nouvelles. Le Front populaire ivoirien (FPI), le parti présidentiel dispose de 11 postes ministériels ; 7 pour les Forces nouvelles. Le Parti démocratique de Côte d’ivoire (PDCI) de l’ancien président de la République, Henri Konan Bédié et Le Rassemblement des républicains (RDR) de l’ancien Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara emportent chacun 5 portefeuilles. Les cinq ministères restants ont été répartis entre les petits partis.

Cette nouvelle équipe de transition, très politique, est aussi un gouvernement d’union nationale « qui conduira la Côte d’Ivoire à la paix », comme le dit Guillaume Soro. Nombre de ministères ont retrouvé des appellations simples en fédérant plusieurs départements. Ainsi, les ministères de la Sécurité et de l’Administration du territoire ont été regroupés en un grand ministère de l’Intérieur et de la sécurité que dirigera Désiré Tagro qui était, jusque-là, le porte-parole de la présidence de la République. Le porte-parole des Forces nouvelles, lui, devient ministre du Tourisme et de l’artisanat. Le même principe de regroupement est appliqué au nouveau ministère de la Fonction publique et de l’emploi qui regroupe les différents ministères de la Fonction publique, de l’emploi et de la réforme administrative.

Le ministère très sensible de la Défense est confié à l’ancien ministre de l’Education nationale, membre du FPI, Michel Amani Nguessan. Le nouveau gouvernement compte quatre femmes contre cinq dans la précédente équipe.

Voici la liste complète du gouvernement.( source AFP)

- Premier ministre, chef du gouvernement: Guillaume Kigbafori Soro
- Ministre d`Etat, ministre du Plan et du développement: Antoine Bohoun Bouabré (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de l`Intérieur: Désiré Tagro (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de la Défense: Michel Amani N`Guessan (FPI, parti présidentiel)
- Ministre des Affaires Etrangères: Youssouf Bakayoko (PDCI, opposition)
- Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l`Homme: Mamadou Koné (FN, rébellion)
- Ministre de l`Economie et des Finances: Charles Koffi Diby (société civile)
- Ministre de l`Agriculture: Amadou Gon Coulibaly (RDR, opposition)
- Ministre de la Solidarité et des victimes de guerre: Louis-André Dakoury Tabley (FN, rébellion)
- Ministre des Transports: Albert Mabri Toikeusse (UDPCI, opposition)
- Ministre de la Fonction publique et de l`Emploi: Hubert Oulaye (FPI, parti présidentiel)
- Ministre des Mines et de l`Energie: Léon Emmanuel Monnet (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de la Réconciliation nationale et des relations avec les Institutions: Sébastien Dano Djédjé (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de la Production et des ressources halieutiques: Alphonse Douaty (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de l`Education nationale: Gilbert Bleu Lainé (mouvance présidentielle)
- Ministre de la Construction, de l`urbanisme et de l`habitat: Marcel Amon Tanoh (RDR, opposition)
- Ministre de l`Enseignement technique et de la Formation professionnelle: Moussa Dosso (FN, rébellion)
- Ministre des Infrastructures économiques: Patrick Achi (PDCI,
opposition)
- Ministre de la Ville et de la salubrité urbaine: Théodore Mel Eg (UDCY, mouvance présidentielle)
- Ministre des Nouvelles technologies de l`Information et de la Communication: Ahmed Bakayoko (RDR, opposition)
- Ministre du Commerce: Youssouf Soumahoro (FN, rébellion)
- Ministre de l`Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique: Ibrahima Cissé (RDR, opposition)
- Ministre de la Santé et de l`Hygiène publique: Rémy Allah Kouadio (PDCI, opposition)
- Ministre de la Lutte contre le Sida: Christine Adjobi (FPI, parti présidentiel)
- Ministre de l`Industrie et de la Promotion du secteur privé: Marie Amah Téhoua (PDCI, opposition)
- Ministre de l`Environnement, des Eaux et Forêts: Daniel Aka Ahizi (PIT, opposition)
- Ministre de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs: Dagobert Banzio (PDCI, opposition)
- Ministre de la Famille, de la Femme et des Affaires sociales: Jeanne Adjoa Peumond Brou (RDR, opposition)
- Ministre de l`Intégration africaine, Porte-parole du
gouvernement: Amadou Koné (FN, rébellion)
- Ministre du Tourisme et de l`Artisanat: Sidiki Konaté (FN, rébellion)
- Ministre de la Culture et de la Francophonie: Augustin Kouadio Komoé (mouvance présidentielle)
- Ministre de la Reconstruction et de la Réinsertion: Mme Fatoumata Bamba, née Hamza (MFA, opposition)
- Ministre de la Communication: Ibrahim Sy Savané (FN, rébellion).

LE DERNIER ROI D'ECOSSE : CRITIQUE SANS CONCESSION D'UN FILM


Le Dernier roi d’Écosse est un film britannique, en couleur de 2h05 dont le réalisateur est Kevin McDONALD. Il est sorti, en salle et en France, le 14 Février 2007. Les principaux acteurs sont Forest WHITAKER (dans le rôle d’Idi Amin Dada), James McAVOY (Nicholas GARRIGAN, médecin écossais), Kerry WASHINGTON (actrice américaine interprétant Kay AMIN -l’une des épouses d’AMIN DADA), Stephen RWANGYEZI (interprète du Ministre de la Santé, soit Jonah WASSWA), David OYELOWO (joue le rôle de l’ancien médecin personnel du dirigeant, le docteur JUNJU), Simon McBURNEY et Gillian ANDERSON.

Ce film tente de relater une partie -méticuleusement bien choisie- de la vie d’Idi Amin Dada. Ce président d’Ouganda, ancien général de l’armée britannique a été institué à cette position politique par le gouvernement anglais -semblerait-il. Cette interprétation cinématographique d’un personnage politique, autant médiatisé durant des années, “ se veut fascinante ” : il représente l’anthropomorphisme du chaos, du carnage, de l’injustice et de la folie. Ou si l’on préfère, il personnifie tout simplement le Mal. D’office, sa couleur de peau ébène, la négritude de sa physionomie et son anglais dérisoire écorché (sic) par un accent africain, semblent être les stigmates d’une création divine erronée, ou encore les témoignages physiques d’une incarnation négative dont la seule vue fait horreur à tout humain bien pensant et à l’âme “ pure et blanche ”. D’autant plus que l’acteur jouant ce personnage “ semble ” défiguré avec un œil mal en point. Un physique ingrat -déformé par une alimentation américaine trop riche en graisse- malgré une carrure imposante, une peau de plaies et de cicatrices effrayantes surabondent la méchanceté gratuite de ce personnage politique... En fait, l’acteur jouant le rôle d’Amin Dada accentue le côté bestial et monstrueux de cet individu historique. Avec son regard hébété, un visage semblant vide d’expressions et de la moindre étincelle d’intelligence, il caricature un être mentalement retardé -cause d’un déséquilibre psychologique. En fait, l’acteur, à partir de sa propre physionomie mais aussi d’un jeu de transformations physiques et expressives, grave l’image mythique d’un personnage historique et politique : un dirigeant évoqué comme étant sanguinaire, bestial, impulsif, possédé par la folie et assoiffé de sang et de chaire humaine. Il trompe tous ses proches et ses plus fidèles par ses manipulations, ses mensonges, ses trahisons semblant injustifiées et sa soif de pouvoir. Ce “ paranoïaque ” des complots en tout genre veut paraître maître de son destin et de celui de son entourage. De plus, il mange avec ses doigts : grossier personnage et véritable bête humaine ! En somme, grâce à la magie du cinéma, une description parfaitement contrôlée et bien décrite du parfait SAUVAGE -impossible à civiliser !- se grave dans notre esprit et blesse notre sensibilité humaine.

La physionomie que l’on prête à Amin Dada et les actes inhumains dont on l’accuse - quelqu’ils soient- font foi d’un esprit dérangé et envahie d’idées folles inexpliquées. De ce fait, ses pensées et tout mot prononcé par lui, perdent toute crédibilité. Il tue par plaisir ; il est sans moral et sans pudeur... Cet homme passe son temps dans des orgies sexuelles (où les femmes noires se donnent au premier venu, sans pudeur) ; il est obsédé par les films pornographiques qu’il visionne avec ses hommes de mains ; il est abusivement polygame ; il est ouvertement raciste quand le monde entier veut contribuer à une aide humanitaire en faveur de son pays ; il est insensible aux maux de ses familles et de ses enfants (il refuse toute hospitalisation de son fils épileptique) ; il prend plaisir à exterminer son propre peuple... Tous ses actes et paroles sont complètement insensés. Lors d’une réception, à la suite à son investiture, il se permet de dire devant ses invités “ blancs ”, des paroles racistes et irréfléchies. Selon lui, les Européens ne sont que des hypocrites, des voleurs et des meurtriers ; ils sont sans foi ni lois. Ils l’ont mis au siège de président afin de contrôler le pays et d’y puiser les richesses. Ils le considèrent comme un pantin dont ils tirent les ficelles.

Par ses invectives, ce président exprime sa haute opinion sur l’Afrique en comparaison avec l’Europe : les quelques paroles de cet “ indigène ” indexent la valeur de la civilisation africaine, de son histoire et de son influence considérable et inéluctable sur le peuple occidental. Selon lui, l’Afrique noire -berceau de l’humanité- est le véritable précurseur de l’initiation et de l’invention conceptuelle de la Philosophie (reine de la faculté intellectuelle de l’Être humain sur toutes formes de raisonnement animal) : la Grèce antique fut formée par le peuple noir. Mais aussi, l’Afrique fit découvrir les mathématiques et l’Astronomie aux Arabes. Mais le spectateur peut-il prendre en considération de tels propos lorsque cette caricature de ce Chef d’État a été savamment imposée par le cinéaste ? De plus, il accuse les européens d’une soi-disante violation et d’un puisage abusif des ressources naturelles sur les terres africaines, en plus d’un désir de débauches et de vices sexuelles à l’encontre des femmes et des enfants du pays. Il refuse que tout gouvernement occidental ait le moindre droit de regard sur le fonctionnement politique de son pays. Le seul et unique homme en qui il a une parfaite confiance, n’est autre que son médecin personnel écossais. Il est le principal témoin des infamies commises par Idi Amin Dada. De plus, ce jeune écossais (difficile à corrompre ?!) est la tête pensante de ce président africain. Il semble que ce dernier ne puisse rien décider sans lui.

Pour surenchérir, ce “ monstre ” assassine son Premier Ministre de la Santé qui concluait à un contrat avec les Britanniques pour obtenir de la pénicilline pour les ougandais. Mais le comble de tout, il assassine une de ses épouses après que celle-ci lui ait été infidèle avec cet écossais. Il exposera le bébé de l’avortement de cette infidèle auprès de son corps complètement démembré : la beauté de cette femme paraît avoir été réduite à celui d’une poupée de chiffons déchiquetée par un chien féroce... Enfin, l’héros de ce film -le médecin- subira des tortures dans sa chaire et dans son âme, de la même manière qu’un saint martyrisé. Des crochets métalliques transpercent sa peau de part et d’autre, il est suspendu dans les airs. La seule vue de ces images hissent cet homme “ blanc, pur et sans tâche ”, au même rang que tout esprit divin flagellé et torturé de manière tout aussi injuste.

En sortant, du cinéma, tous les spectateurs sont épouvantés mais heureux que le héros, véritable “ Saint contemporain ”, ait pu être sauvé. Bref, le jugement d’Idi Amin Dada a été fait grâce à ce film magnifiquement bien réalisé et mené du début à la fin par un réalisateur britannique. Un de ceux que détestait tant Amin Dada. Aucune prise de position en sa faveur ou en son innocence ne peut être faite, aucune contestation. Ainsi nous est raconté l’histoire et la vie d’Amin Dada. Remercions le réalisateur et l’art du cinéma de nous amener à ingurgiter toutes ces informations, sans aucun doute véridique ! ! ! Nous leur faisons entièrement confiance. Mais le devons-nous ? Devons-nous nous fier aveuglément à l’art cinématographique et aux images diffusées ? La force de persuasion du cinéaste ne réside-t-elle pas avant toute chose en son désir de nous faire partager son interprétation personnelle de l’histoire et non véridique des faits historiques, en les manipulant par l’intermédiaire de l’image, d’une communication visuelle ?

En tant que spectateur, nous ne devons pas accepter bêtement et simplement, les images et paroles diffusées et soutenues par le cinéma, sans avoir le droit de nous poser un minimum de questions. La compréhension en l’histoire commence par les interrogations du spectateur car la première falsification de l’histoire réside en premier lieu par une tromperie de l’image et du discours qui lui sont présentés. Le plus grand instrument de combat, pour toute lutte, est celui du savoir et de la connaissance. Toute publicité diffusée sur les chaînes télévisées sont des instruments de manipulation du cerveau -à fortiori celui du cinéma. Afin de persuader le consommateur (spectateur) de la fiabilité d’un produit, il suffit de mettre en avant ses points forts et de faire abstraction de ses faiblesses. Cette démarche se fonde sur un champ sémantique élaboré depuis des années et est devenu une “ tradition ” -puisque personne ne le rejette mais au contraire s’y imprègne. Par exemple, dans une société occidentale où les mélanges entre races et ethnies diverses se confondent, la femme “ blonde aux yeux bleus ” est synonyme de beauté première, extrême et inéluctable : ce constat est incontestable ! Cette idée préconçue a été véhiculée, durant des siècles, par l’art européen : les peintures et sculptures représentaient toutes les divinités et les saints par la blondeur, la blancheur de leur teint devant exprimer une grandeur spirituelle, humaine et de civilisation.

Le but de cet article n’est pas de discréditer (plus que ne l’a si bien fait Le dernier roi d’Ecosse ) ni de transformer en « ange » Amin Dada, mais simplement d’amener un certain nombre de questions devant nous permettre de comprendre la véritable raison d’une telle réalisation cinématographique. Ce film se veut “ biographique ” et relatant “ une vérité historique ”, or la falsification de l’histoire domine plus la force de persuasion qu’une réelle et honnête exposition des faits historiques. En fait, la sémantique de base élaboré pour ce film, est construit à partir de signes, de symboles négatifs et humiliants non seulement pour ce président et ses proches, mais aussi pour la communauté noire. Les préjugés raciaux et sociaux constamment présents dans ces images filmées sont astucieusement sournois, déguisés et maquillés au profit d’un médecin européen se positionnant comme la tête pensante d’Amin Dada.

Tout d’abord, sur quels critères a été choisi l’acteur jouant le rôle d’Amin Dada. Il ne semble pas avoir été choisi par hasard. De toute façon, le phénomène “ hasardeux ” n’a pas sa place dans l’univers cinématographique contemporain. Pourquoi le réalisateur n’a-t-il pas choisi un homme très beau, séduisant comme Denzel Washington, Djimon Hounsou ou un tout autre ? Comment se fait-il que l’acteur soit aussi mal maquillé ? Cette crème devant coloré sa peau cache mal son véritable teint ; ses yeux sont cernés de rouge et cet aspect fait ressortir clairement une expression de folie et d’animal devant évoquer le personnage politique. Pourquoi insister sur son physique ; les infamies et autres crimes témoignés ne sont-ils pas suffisants ? De plus, le vrai président “ paraissait ” avoir un grain de peau plus parfait et sans défauts. Et malgré son embonpoint, Amin Dada était costaud et musclé ; son regard était vif, imposant et dominateur. En fait, de toute évidence, il y a une opposition physique, physionomique et expressive -étant nette et radicale- entre une description caractéristique d’Amin Dada et le personnage joué (et se voulant fidèle !) par l’acteur.

Les biographies des plus grands dictateurs et criminels européens tournées par le cinéma, ont été interprétées par des personnages séduisants et paraissant beaux ; que ce soit la vie de Napoléon, d’Hitler, des esclavagistes européens, Jack L’Eventreur, des personnages issus des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (semblables à ceux des romans de Sade -vicieux, sournois, mauvais, hypocrites et destructeurs)... Dans Autant en emporte le vent, le personnage grandement raciste de Scarlett O’HARA (foncièrement égoïste, capricieuse, méprisante, vaniteuse) est représentée à travers une vénération de la beauté européenne. Mais aussi, tous les récits historiques sur la vie de ses hommes et femmes décrivent leur portrait psychologique, social, familial et autres : ils relatent leur enfance, leurs souffrances, leurs états émotionnels, leurs fantasmes, leurs désirs, leurs joies, leurs peines, leurs peurs, leur éducation, ou encore leur scolarité, leur famille, leurs amis... Tout cela est représenté afin de comprendre leur vie et leurs principaux actes.

Or, dans ce film de Kevin McDonald, il est juste établi une caractérisation principalement physiognomique de ce dirigeant. Quant à son analyse psychologique, elle est insinuée par l’association d’images ou de séquences brutales et non clairement explicites. Cette séquence d’images présentant la vie de ce dictateur, ne se fonde que sur un discours de sous-entendus . Aussi, dans ce film, toutes hypothèses et tous faits non éclairés, sont soulignés par la confirmation d’informations visuelles (images) comme étant des affirmations. Par exemple, à la question suivante -qui est le véritable organisateur de l’assassinat du Premier Ministre de la santé ?- la réponse est la suivante... Les seules photographies -de cadavres ne pouvant plus parlés- sont dévoilées au médecin écossais et aux spectateurs. Elles déclarent Amin Dada coupable de barbarie sur son Premier Ministre et sur son propre peuple. Si le propre Chef d’État de ce dernier est aussi son meurtrier, pourquoi l’avoir supprimé lorsque celui-ci commandait des médicaments pour le peuple ougandais ? Comment se faisait-il que ce président n’ait pas été mis dans la confidence de ce contrat de pénicilline ? Est-ce Amin Dada qui a ordonné la mise à mort brutale de son épouse ; dans ce cas, pourquoi cela n’est-il pas clairement dit à travers ses propres paroles ? Quels sont les témoignages de son cannibalisme à part l’évocation d’affirmations journalistiques -mises en confrontation avec ses propres paroles non crédibles ? Pourquoi cette histoire ne se fonde que sur un seul témoignage peu sincère et honnête : les impressions (donc des incertitudes et non des convictions) du médecin écossais ? Que sont devenus les témoins oculaires, les proches de ce dictateur (amis, familles, politiciens...) ? Pourquoi le récit doit-il être basé sur l’expérience d’un européen quand il s’agit d’une histoire sanglante attachée à l’Afrique noire ? Afin de répondre à de telles interrogations, il faut bien comprendre que le réalisateur est britannique (même si l’acteur principal est un noir américain). Donc indéniablement, l’histoire a été créée à partir de la vision européenne de Kevin McDonald : sa personnalité, ses préjugés, ses idées politiques, son éducation et sa culture (etc.) sont retranscris dans l’élaboration de son film. Le récit serait tout autre s’il avait été tourné par un africain libre de ses faits et gestes (et non contrôlé par les idées européennes).

Mais cette version biographique -se voulant sincère et fidèle à la réalité- de ce politicien se garde bien de révéler des détails forts et cachés sur la vie de ce dictateur... Des détails exprimant le désir d’Amin DADA de vaincre définitivement les colonisateurs officieux de l’Afrique. Ces détails imposent une souveraineté parfaite de cet homme dans son Royaume. En effet, lorsque les européens, quelqu’ils soient, se présentaient à lui, ils devaient s’agenouiller ou se coucher au pied de ce politicien. Autres signes d’allégeance : Amin DADA exigeait que de hauts personnages étrangers en visite (riches industriels, journalistes ou autres) le porte sur son trône, et qu’ils le promènent ainsi. Pourquoi donc ces détails ont-ils échappé à la curiosité du cinéaste et à une retranscription convenable de la vie de cet homme ?

En fait, Amin DADA était parfaitement conscient de sa position politique vis-à-vis du reste du monde et tout autant de la force économique et culturelle de son pays. Ce politicien était certainement un être cruel mais il était conscient de la supériorité du continent africain sur l’Europe et du reste du monde. Il refusait l’autorité occidentale ainsi que leur main mise sans scrupules sur les richesses de son pays et leurs préjugés raciaux et sociaux. Ses pensées, il les criait et les exprimait ouvertement par ses actes politiques : les journalistes (leurs écrits et leurs documents photographiques) en furent les premiers témoins. Par conséquent, il était devenu un danger mondial. Il prenait le contrôle d’un des territoires nourriciers de l’Europe.

Après de telles interrogations, le spectateur devrait rejeter en bloque un tel film : le discours du cinéaste n’est absolument pas clair ! Il ne se base même pas sur des hypothèses pouvant être tangibles mais que sur des “ sous-entendus ”. Et la catastrophe est encore plus honteuse puisque ce film se voulant biographique, s’est construit à partir d’une fiction .

En effet, Le Dernier roi d’Ecosse est adapté du roman homonyme écrit par Giles FODEN. Quant au personnage central, à partir duquel se tissent toutes les dénonciations et autres témoignages caricaturales de la vie honteuse d’Amin DADA, il n’a jamais existé : le médecin écossais Nicholas GARRIGAN n’est pas réel. Il n’existe pas et il n’a jamais existé dans la réalité de notre monde. Les tortures affligées à cet européen, sous les ordres de ce dictateur, ne sont que les jubilations imaginatives du cinéaste écossais et du romancier. En fait, ce docteur présenté en tant que “ tête pensante ” d’Idi Amin DADA -son conseiller et fidèle ami- permet au cinéaste de décrire un dictateur différent de celui de la réalité. En vérité, ce politicien n’affichait que du mépris pour les européens et il semblait n’avoir aucune confiance en eux. Or, dès le début et même à la fin de ce film, cet étrange détail “ fondamental ” est correctement dissimulé. Mais quelle est l’importance de ce personnage fictif ? En fait, sa valeur est d’autant plus grande qu’il représente la naïveté et le symbole du Bien contre le Mal . La scène de tortures soulignera le champs sémantique traditionnel et habituel de l’homme sans péchés (le saint martyre des iconographies religieuses chrétiennes, catholiques...). L’être pur souffrant dans sa chaire mais sauvé par la providence divine. Quant à l’être négatif -sauvage incapable de bonté-, il est une fois de plus signifié par sa noirceur (habituel ! ! !). En conséquence, le spectateur découvre et comprend la vie d’Idi Amin DADA, à travers le regard du personnage fictif (Nicholas GARRIGAN). De plus, ce personnage européen doit permettre à tout un chacun de s’identifier facilement à lui. Il en serait tout autre si le personnage principal était africain.

Ainsi que le disait si bien le psychanalyste allemand, Freud, les frustrations des hommes se transforment en phantasmes (ou fantasmes), en rêves ou en cauchemars. Tous deux sont les résultantes d’actes manqués. Ces principes du psychique révèlent que l’inconscient, est capable d’élaborer des désirs refoulés et même des angoisses ou des peurs, par une transposition ou un déguisement complexe de la réalité. Ainsi, tout rêve positif ou négatif doit être considéré comme l’accomplissement imaginaire ou symbolique d’un désir. Et toute création artistique a été étudiée et objectivement présentée -par maints penseurs occidentaux- comme étant la matérialisation d’une sublimation psychique de l’artiste. L’art cinématographique appartient aussi à ce domaine actif de l’imagination ; il représente une concrétisation des désirs refoulés de son créateur, soit le cinéaste. Mais en aucun cas, les actes imaginatifs -quelques soient les formes fictives adoptées- ne peuvent renvoyer à la réalité de notre monde. Lorsque la fiction s’impose à la réalité humaine, il s’établit un déséquilibre psychologique. Et tout individu tentant de faire pénétrer dans son monde mental et dangereusement instable, crée une paranoïa générale. Mais aussi, lorsque la fiction d’un individu (même s’il s’agit d’un cinéaste) s’impose à la réalité humaine et véridique, il s’établit un mensonge... Mensonge devant être qualifié de falsificateur de l’histoire de l’Afrique noire.

Toutefois, Le Dernier roi d’Écosse reflète les conséquences psychico-politiques et sociales d’actes manqués du pouvoir européen sur une partie de l’Afrique, à l’époque d’Idi Amin DADA. En effet, l’Afrique a été (et reste) inexorablement la “ mère nourricière ” de l’Europe. Par ses richesses naturelles (or, pétrole, diamants, bois, minerais en tout genre, etc...), cette dernière en est dépendante en réalité (et non le contraire !). Et ainsi que l’a révélé Amin DADA, le continent européen ne peut se positionner qu’au statut d’enfant vis-à-vis de l’Afrique ; cela malgré tous les supplices, humiliations et autres actes de barbaries et inhumains commis sur ce territoire qualifié “ en voie de développement ” . Aussi en rejetant, les capricieuses infamies de l’Europe, le dictateur Amin DADA a fait apparaître une menace de castration sur “ l’enfant ” -destructeur de sa propre mère.



Publié par Africamaat.