samedi, 21 avril 2007

GBAGBO : "MA VISION POUR L'AFRIQUE"




C’est une interview du président Laurent Gbagbo qui est presque passée inaperçue dans la sphère francophone. Et pour cause : elle a été publiée début avril dans un (très pertinent) mensuel panafricain basé à Londres, New African. Pourtant, le numéro un ivoirien a dit des choses intéressantes face au dictaphone de la journaliste Ruth Tete. S’il a martelé ses positions à propos des origines de la crise – un coup d’Etat qui a échoué et non un problème identitaire de fond –, à propos des concepteurs de Marcoussis, dont l’objectif était de «dépouiller Gbagbo de tous les pouvoirs nécessaires pour gouverner effectivement», à propos de son plan de sortie de crise (qui n’était pas encore bouclé au moment de l’entretien), il a aussi évoqué des questions de fond liées au destin de l’Afrique et à ses relations avec le monde extérieur. En résumé, il explique que la crise ivoirienne lui a révélé un continent qui doute de lui-même et a peur d’avancer sur la route de la liberté ; mais qui est en pleine mutation et pourrait même devenir un recours pour un monde déchiré par diverses confrontations.

Abandonner les accords de défense avec la France pour créer des formules de sécurité collective africaine
Interrogé par Ruth Tete à propos de la France, dont certains disent qu’elle est le problème en Côte d’Ivoire et non la solution, Gbagbo répond diplomatiquement mais clairement : «Nous sommes une ancienne colonie française. A l’aube des indépendances, la France a signé des accords de défense avec ses anciennes colonies, mais aussi des accords de coopération militaire. J’étais dans la droite ligne de ces accords quand j’ai demandé à Paris, en tant que chef d’Etat ivoirien, de nous aider à repousser les rebelles en 2002. Mais la France n’a jamais accepté notre requête. Mais l’année dernière, comme nous l’avons vu au Tchad et en République centrafricaine, la France a accepté d’intervenir en faveur de certains gouvernements dans la ligne de ces mêmes accords de défense et de coopération militaire. A vous de juger. Cela ne nécessite aucun commentaire.»
Mais Gbagbo ne s’arrête pas à la dénonciation de ce «deux poids deux mesures». Le chemin initiatique qu’a été la crise ivoirienne lui a visiblement permis de faire des constats et d’imaginer des solutions. «Je pense que les Africains ont trop peur d’être libres. Ils ont la capacité d’être libres mais ils ignorent leur potentiel. Chaque pays africain francophone, par exemple, a des accords de défense avec la métropole (France), alors que nous pouvons signer les mêmes accords entre nous-mêmes, nous pouvons mettre en place des mécanismes de résolution de conflit nous-mêmes. (…) La crise ivoirienne m’a révélé que les Africains se sous-estiment et n’ont pas confiance en eux. Le temps est venu pour les Africains d’avoir confiance en eux, de prendre leur destinée en main. Le temps est venu pour l’Afrique d’avoir des partenaires et non des maîtres. Et cela est possible !»

Economie : comment l’Afrique peut se développer par elle-même
Comment l’Afrique peut-elle sortir du piège qui fait d’elle uniquement une pourvoyeuse de matières premières pour les autres ? Gbagbo évoque des pistes de solution fondées sur la solidarité continentale. «La Côte d’Ivoire est, par exemple, le premier producteur de cacao, mais nous contrôlons pas le marché du cacao. Ce n’est pas normal. Si l’Afrique introduisait une taxe sur la production de pétrole et de gaz pour créer un fonds de solidarité, nous pouvons réaliser beaucoup de grands projets. Mais les Africains préfèrent aller chercher de l’argent à la Banque mondiale et au FMI. Sur chaque baril de pétrole, nous pouvons mettre de côté 5 ou 10 dollars. Sur chaque tonne de cacao, café, sur le diamant, l’or, nous pouvons déduire des taxes pour créer une banque dédiée au développement de l’Afrique. Nous ne l’avons pas encore fait parce que nous n’avons pas confiance en nous, alors que dans les grandes institutions de financement dans le monde, ce sont les jeunes Africains qui sont à des postes de responsabilités. Ils sont bons pour gérer les fonds des autres mais quand vous leur demandez de mettre sur pied et de gérer un tel fonds pour les Africains, pour nous-mêmes, ils ne seront pas assez en confiance pour le faire. C’est la raison pour laquelle j’appelle les Africains à se réveiller.»

Le réveil de l’Afrique ? Dans dix ou quinze ans…
Malgré ces constats, Gbagbo est visiblement assez optimiste pourle continent. Un continent qu’il voit en transition. «Nous, Africains, souffrons aujourd’hui parce que nous sommes à la croisée des chemins. La première génération de leaders africains est sur la route de sortie. Ce sont les pères fondateurs des indépendances et leurs successeurs immédiats. Mais la nouvelle génération de leaders n’est pas encore totalement arrivée au pouvoir, et donc nous sommes à un carrefour. Cela explique pourquoi nous avons souvent des frictions entre nous. Mais donnez à l’Afrique dix ou quinze ans, et vous verrez qu’avec le temps, l’Afrique parle d’une seule voix harmonieuse.»

Gbagbo imagine même l’Afrique, dans un futur plus ou moins proche, dans un rôle de stabilisatrice d’un monde fragmenté par des conflits de tout genre. «Quand je regarde devant, je vois des dangereuses confrontations entre les Etats-Unis et la Chine. Pour le moment, il s’agit de problèmes commerciaux et j’espère que ces antagonismes resteront commerciaux. Mais j’ai peur que demain ils se transforment en quelque chose d’autre. Je crois que les Africains pourraient jouer un rôle stabilisateur dans le monde au lieu d’être relégués dans un rôle de colonies. Les Africains ne sont pas suffisamment conscients de l’importance de leur rôle dans le monde.»

Certains observateurs affirment que, s’il est réélu, le président Gbagbo se donnera les moyens d’avoir une voix diplomatique forte, dans la droite ligne de la renaissance africaine. Est-il déjà en train de préparer cette inflexion, après être passé par le feu d’une guerre qui a duré près de cinq ans ? Le débat est ouvert.



Théophile Kouamouo (kouamouo@yahoo.com)

CHARLES BLE GOUDE - "DANS NOTRE CRISE, IL NE FAUT PAS VAINCRE L'ENNEMI, IL FAUT LE CONVAINCRE"

Par Le Temps


Avant son meeting historique annoncé pour ce jour, samedi, Charles Blé Goudé s'est livré à Le Temps. Dans cet entretien, il appelle à accepter les ex-rebelles et annonce ce qui sera son nouveau combat pour la jeunesse de Côte d'Ivoire.

Pendant des mois, vous avez parcouru la Côte d'Ivoire et aujourd'hui (21 avril 2007), c'est l'apothéose de tout ce que vous avez fait sur le terrain. A quoi doivent s'attendre les Ivoiriens ?
Effectivement, c'est l'apothéose de la caravane de la paix. C'est aussi l'apothéose de beaucoup de choses. La paix est là. C'est la fin de la guerre, c'est l'apothéose. La fin de plusieurs années de souffrance, la fin des supplices, la fin des calvaires, la fin de la haine, la fin de la division de la Côte d'Ivoire…

Qu'est-ce qui va se passer réellement ?
Mais vous savez que c'est une fête. C'est la fête de la réunification de la Côte d'Ivoire. C'est la fête de la paix, la fête des retrouvailles. Nous allons parler peu, mais nous allons parler utile.

Soyez explicite, président…
Nous avons visité trente cinq (35) villes de la Côte d'Ivoire. Tous les habitants de ces villes seront là pour qu'on répète le message à tous. Mais ce qui va se passer tout à l'heure, à la différence des autres rassemblements, c'est que ce matin, vous ne verrez pas que les jeunes patriotes, vous n'aurez pas que les pro-Gbagbo, mais vous verrez aussi ceux vers qui nous sommes partis. C'est-à-dire nos frères avec qui nous étions en séparation de corps. Et nous avons tous compris que seule l'union peut amener notre pays vers le développement. Vous verrez également des burkinabè dans le stade…

Pourquoi cette précision sur les Burkinabè ?
Le Burkina Faso et son Président étaient considérés comme ceux qui ont donné gîte et couvert à la rébellion ivoirienne. Et à la fin de la crise, le Président burkinabé a été celui-là même sur le sol de qui les discussions ont eu lieu, à la faveur de l’accord de Ouagadougou dont le facilitateur a été le Président Blaise Compaoré. Alors, sa population vient s'ajouter à nous, comme pour dire qu'il n'y a désormais pas de problèmes entre Ivoiriens et Burkinabè. Mais aussi pour dire merci à leur Président, d'avoir conduit les débats et de nous avoir amené à ces conclusions-là. C'est pourquoi, vous aurez aussi des Burkinabè, des Maliens, des Sénégalais et tous les ressortissants de la CEDEAO. Pour la première fois, il y aura des Burkinabè et des Ivoiriens dans un même stade en même temps.

Qui sont les personnalités surprises?
On ne révèle pas les invités surprises, mais il y a un invité spécial qui est le ministre de l'Artisanat et du Tourisme. C'est lui qui va conduire la délégation des Forces nouvelles, je veux parler du ministre Konaté Sidiki, qui sera là.

En les invitant, avez-vous préparé vos camarades pour bien les accueillir ?
Vous allez voir que nos frères vont se retrouver dans un stade qui va les accueillir avec des hourras. Parce que l'objectif ici, c'est que nous, les Ivoiriens, nous ne voulons pas une chose et son contraire à la fois. Quand on n'est pas d'accord, on dit non. Quand on est d'accord, on dit oui. Et notre oui, est un oui. Ce qui sera surprenant, c'est que nos frères viendront sans les gardes du corps onusiens…

Qui va donc assurer leur sécurité?
Mais c'est le peuple de Côte d'Ivoire qui va assurer leur sécurité, pour montrer au monde entier qu'il n'y a plus d'animosité, qu'il n'y a plus d'Ivoiriens de Bouaké et d'Ivoiriens d'Abidjan. Vous allez voir. C'est le peuple qui va les escorter jusque dans le stade, lieu de la fête. Et nous allons danser ensemble. C'est cela la concrétisation de la réunification de la Côte d'Ivoire.

Comment avez-vous réussi à les convaincre à participer à cette fête?
Mais je n'avais pas à les convaincre. Ils ont été convaincus eux-mêmes de ce qu'on doit se retrouver. On convainc celui qui s'entête. On convainc celui qui ne veut pas. Mais les Forces nouvelles voulaient. Depuis le dialogue direct jusqu'à sa conclusion, ils voulaient.

Vous avez annoncé le ministre Sidiki Konaté, mais est-ce qu'il y a d'autres personnes ?
Je vous parle d'une délégation. Si vous voulez, le président de l'Assemblée nationale ivoirien sera là, le ministre de la réconciliation également et je peux vous confier que j'ai sur ma table une invitation de Wattao et de Chérif Ousmane. Ils n'ont pas écrit. Ils se sont fait enregistrer et m'ont envoyé le CD, par les soins de John Djay. Ils m'ont parlé à travers des images de télévision. Ces images vont bientôt passer à la télévision nationale, avant l'événement. Alors chers amis, il y a beaucoup de surprises. Moi, je suis content. Parce que les prudents disent: " c'est trop facile, c'est trop rapide, il y a un piège ". Il n'y a pas de piège. Je les comprends…

Ah bon ?
Oui, on a tellement été habitué aux dribbles, aux blocages, à la mauvaise foi, qu'on se dit : " non, c'est trop facile ". Aujourd'hui, il faut non seulement y croire, mais il faut y travailler…

Sur quoi fondez-vous cette assurance, Blé Goudé ?
Mais moi, j'y travaille depuis des mois. Le Président de la République y travaille. Le Premier ministre guillaume Soro y travaille. Il faut donc qu'on y travaille. Il ne faut pas être assis dans vos rédactions pour dire : " pourquoi, nous y croyons ", non ! il faut y travailler. Chacun dans son domaine d'influence doit y travailler. Tous les Ivoiriens doivent y travailler. Nous devons tous y travailler, pour que ce soit une réalité. Parce que ça doit être une réalité.

Depuis la nomination du Premier ministre Guillaume Soro, avez-vous eu des contacts personnels ou téléphoniques ?
Ce n'est pas important.

Pourquoi ?
Le Premier ministre fait son travail, je fais le mien. Il n'est pas un petit camarade.

Vous étiez des amis, mais chacun était de son côté pendant la crise et aujourd'hui…
Mais bien sûr, maintenant, c'est le Premier ministre de la Côte d'Ivoire. Vous comprenez qu'il a des dossiers étatiques à gérer. Alors quel temps a-t-il pour parler au téléphone pendant deux (2) à trois (3) minutes avec un camarade. Je pense que tout cela viendra. Il y a des dossiers chauds, il a à établir la confiance avec les Ivoiriens, avec des partenaires politiques extérieurs. Il a beaucoup de choses à faire pour la Côte d'Ivoire. Il faut au moins lui concéder cela.

Vous avez dit que vous ne voyez plus Soro comme un rebelle…
Ça vous pose un problème ?

Vous le confirmez ?
Mais depuis le 16 avril 2007, cela s'est davantage confirmé. La zone de confiance a sauté et vous avez entendu Guillaume Soro, dire quand on a parlé de son intervention qui n'était pas prévue, à N'Guatadolikro, ceci: " le chef de l'Etat a donné l'ordre, j'exécute ". J'ai bien aimé cette phrase-là. Ce n'est pas négatif comme soumission. Ça veut dire que c'est la soumission à l'autorité. C'est la démonstration de la bonne foi. Ce que Konan Banny et Seydou Diarra n'ont jamais dit. Vous comprenez. Parce que la différence entre Soro et les deux autres (Banny, Seydou), c'est qu'ils ont été Premiers ministre par la volonté de la France. guillaume Soro lui, l'est par la volonté de Gbagbo, à l'issue d'un travail. Je pense qu'il faut encourager cette équipe. Il faut éviter de remuer le couteau dans une plaie à peine cicatrisée. En tout cas, il faut y travailler et nous y travaillerons.

Vos commentaires sur la zone de confiance qui vient d'être supprimée.
Moi, j'ai été déçu de ce que cet événement n'ait pas été assez médiatisé. On n'en parle comme ça à la télévision. Il y a eu un discours à N'Guatadolikro et on s'est arrêté là. Ce n'est pas la réunification de deux villages en palabre. Notre pays a été balafré, divisé, humilié. Ses fils ont été opposés pendant cinq (5) ans comme l'Allemagne l'a été de 1948 à 1989, pendant plus de 41 ans. Mais le jour de la réunification de Berlin Ouest et de Berlin Est, c'était un événement mondial. Je n'ai pas senti cela. Vous avez même vu l'envoyé spécial qui était sur le terrain dire qu'on ne sentait pas l'organisation. On ne sentait rien. Ce n'est pas moi qui l'ai dit. Ce sont vos confrères qui l'ont dit, en regrettant.

C'est la faute de qui ?
Je ne sais pas.

Qu'auriez-vous souhaité que la RTI fasse ?
Je ne parle de la RTI. Je parle de tout le monde. J'ai été déçu que cet événement n'ait pas connu la médiatisation qu'il fallait, la belle fête qu'il fallait. Vous savez, c'est un acte important, c'est ça l'histoire. Mais c'est cela le problème des Africains. Ils ne savent pas se souvenir et donner de l'importance à ce qui l'est. L'européen au contraire, sait se souvenir de son passé, pour mieux appréhender le présent et construire le futur. Cela manque à l'Afrique. Pendant que la zone de confiance était en train d'être levée, Abidjan était calme, comme si c'était un événement ordinaire. Non! C'était important, mais je n'ai pas senti cela, ça m'a un peu déçu.

Vous auriez dû organiser cela, parce que quand Blé Goudé veut quelque chose…
Ecoutez, c'était un événement étatique. Et l'Etat paie des gens pour ça.

Une République qui se réunifie n'est pas une affaire au seul Etat, c'est une affaire de tout le monde…
Je dis que les gens en ont fait une affaire d'Etat. Mais l'essentiel, c'est que notre pays est réunifié. On aurait juste voulu que ce soit une belle fête partout dans le pays.

Les obstacles sont levés. A quand le voyage de Blé Goudé à Bouaké ?
Dès l'instant où le pays est réunifié, le voyage de Blé Goudé n'est plus un voyage extraordinaire. C'est un voyage ordinaire.

C'est quand même le premier depuis la crise…
Oui, mais c'est un voyage ordinaire. Depuis la suppression de la zone de confiance, l'Ivoirien lambda peut se lever et aller à Bouaké…
Nous parlons de Blé Goudé en tant que leader des patriotes et non un vulgaire individu. Un leader ne peut pas se lever pour aller à Bouaké comme ça. Il y va pour un événement…

Quel événement ?
Dites-le nous.
C'est vous qui êtes en train de m'inviter à un événement, alors je veux savoir…

Wattao et Chérif Ousmane vous ont invité…
Mais laissez-moi finir la fête d'aujourd'hui. Ensuite avec Wattao, Chérif Ousmane, Konaté Sidiki et tous les autres, nous prendrons le temps de préparer ce que vous appelez événement à Bouaké. Mais, moi, je souhaite que tous les voyages à Bouaké soient maintenant des voyages ordinaires. Vous comprenez. Il ne faut plus que cela soit entouré de précautions. Parce que c'est cela qui est bien pour notre pays. Que Blé Goudé parte à Bouaké pour un meeting, il faut que ce soit comme s'il partait à Gagnoa ou à Bondoukou pour le faire. Parce que la réunification du pays appelle à cela.

Après l'apothéose de ce matin, quel sera votre prochain combat ?
Ecoutez, nous allons consolider les comités de paix que nous avons créés dans toutes les zones. Nous allons les étendre partout sur le territoire national, c'est-à-dire, au Nord, au Centre, au Sud, à l'Ouest et à l'Est de la Côte d'Ivoire. Pour nous, cela revêt un caractère important. La jeunesse ivoirienne adopte le comité de paix. C'est après cela que nous allons engager le combat dont je vous avais parlé.

De quel combat s'agit-il ?
Désormais on accorde une importance à la jeunesse partout. Que ce soit dans les instances des partis politiques, aux postes de nomination dans les ministères etc. la jeunesse va exiger un quota.

C'est cela votre nouveau défi ?
Oui, nous allons lutter pour la jeunesse de Côte d'Ivoire, sans couleur politique, sans couleur ethnique, sans couleur religieuse. C'est le nouveau challenge de la jeunesse ivoirienne.

Charles Blé Goudé, les jeunes patriotes sont taxés de casseurs par des gens à l'extérieur. Qu'avez-vous à dire à ceux d'entre eux qui se battent pour revenir dans votre pays ?
Ecoutez, moi je n'ai pas à leur répondre. Vous savez que nous n'avons pas été pris en compte. La dimension sociologique de la guerre n'a pas été prise en compte. Les gens ont pensé qu'il suffisait de prendre les fusils pour attaquer et puis c'est terminé. Alors le système chiraquien a été gêné par notre présence et nos actions. D'où notre diabolisation. Mais on n'avait pas à rougir. Pour nous, l'important dans un combat, n'est pas de vaincre l'ennemi. Il faut le convaincre pour le rallier à votre cause, afin qu'il comprenne que vous n'êtes pas celui qu'il veut que vous soyez, mais que vous êtes vous-même. Dans cette guerre, nous avons été nous-mêmes. Nous ne sommes pas passé sur des plateaux de télévision ou sur des chaînes de radios internationales pour nous justifier. Nous sommes restés en Afrique. On nous a sanctionné. Nous sommes restées chez nous…

Cela vous frustre ?
La grande frustration que moi j'ai vécue, ce n'est pas de n'avoir pas été en France ou ailleurs en Europe. La grande frustration que j'ai vécue, c'est de n'avoir pas été à Korhogo, à Bouaké, à Man. Aujourd'hui, je peux le faire, vous pouvez le faire et Kouakou peut aller à N'Gatadolikro. Yao peut aller à Lolobo. C'est ce qui est important. Maintenant, ceux qui ont estimé à un certain moment qu'il faut fuir les jeunes patriotes, dites leur que mon pays (la Côte d'Ivoire) est réunifié et qu'ils peuvent revenir.

Avez-vous un appel à lancer aux Ivoiriens pour les jours à venir ?
Je dis aux Ivoiriens que la méthode que nous avons employée est certes une méthode lente, mais sûre. Il y en a qui étaient pressés et disaient ceci : "on ne comprend plus Gbagbo. Les Blé Goudé ont été ramollis par Gabgbo, vraiment on ne comprend plus rien. On ne sait plus quoi faire… ". Mais Gandhi a suivi ce chemin. Le chemin du combat pacifique est un chemin lent, mais c'est un chemin sûr. Et je suis content qu'aujourd'hui, les Ivoiriens aient retrouvé la liberté de leur territoire, par le fait que le Chef de l'Etat, les Forces nouvelles et d'autres chefs d'Etat africains, aient décidé que la Côte d'Ivoire soit réunifiée. Je pense que c'était le passage obligé. Il faut maintenant consolider cet état de fait et tourner aux intérêts politiques particuliers. Il faut que les leaders politiques qui pensent que s'ils ne sont pas candidats, ce n'est pas bien pour eux, sachent que nous ne sommes pas là pour eux. Nous voulons aussi construire ce pays et en bénéficier. J'insiste sur le fait que les ivoiriens doivent comprendre que dans un combat, l'important n'est pas de vaincre l'ennemi, mais le convaincre. J'ai été heureux que le Premier ministre Guillaume Soro ait dit que la guerre est à proscrire. La guerre n'est pas bonne. Ça veut dire que la démocratie a triomphé. L'essentiel, c'est qu'on parle le même langage, aujourd'hui. Il faut tourner dos au passé. Il faut éviter de frustrer. Je souhaite que les Ivoiriens acceptent Wattao, Chérif Ousmane, Guillaume Soro, Fofié Kouakou, Konaté Siriki, Tuo Fozié, Koné Zakaria, Koné Messamba et tous les autres, partout en Côte d'Ivoire. Et vous verrez qu'eux aussi vont nous accepter. C'est vrai qu'il y en a qui doutent, mais il faut au moins essayer. C'est possible et cela est important pour notre pays, pour nos enfants et pour le futur. Ce sera une leçon que nous allons donner au monde extérieur et l'histoire va retenir cela.

Frimo D. Koukou & Gbané Yacouba
Ph : Yanez Dessouza

mercredi, 18 avril 2007

SUPPRESSION DE LA ZONE DE CONFIANCE



LE PRESIDENT LAURENT GBAGBO : « LA GUERRE EST FINIE. LA COTE D’IVOIRE EST ENTRAIN D’ETRE REUNIFIEE »
presidence.ci - 2007-04-16 18:23:08


« La guerre est finie. La Côte d’Ivoire est entrain d’être réunifiée », s’est réjoui le Président Laurent GBAGBO, ce lundi 16 avril 2007 à Yamoussoukro, lors de la cérémonie d’inauguration du Centre de Commandement Intégré (CCI).
Le Chef de l’Etat a de ce fait témoigné sa gratitude à la communauté internationale et partant, aux contingents onusiens et français ‘’venus partager avec nous les terribles jours de la jeune histoire de la Côte d’Ivoire’’ avant de leur demander de continuer d’apporter l’aide nécessaire à l’application de l’accord de paix de Ouagadougou.
« Il y a des gens qui disent que GBAGBO veut chasser les soldats français et l’ONU. Ce n’est pas ce que je veux. La crise n’est pas encore finie. Aidez-nous à appliquer l’accord de Ouagadougou », a-t-il soutenu à l’endroit des forces impartiales, tout en précisant que « la crise sera terminée quand nous aurons fini d’appliquer les prescriptions contenues dans l’accord de Ouagadougou ».

Pour sa part, le Premier Ministre Soro Guillaume a réitéré son ‘’engagement à réunifier la Côte d’Ivoire’’ à travers ‘’l’édification d’une armée unique’’. Aussi a-t-il exhorté les ivoiriens à l’union et à la solidarité pour ‘’rebâtir la Côte d’ivoire’’ avant d’annoncer la tenue dès la semaine prochaine ‘’d’un séminaire gouvernemental pour élaborer une feuille de route fiable’’.

Après quoi, les deux hommes ont mis le cap dans l’après-midi, sur Tiébissou où ils ont assisté à la cérémonie marquant le début du démantèlement de la zone de confiance, ligne de non-franchissement jusque-là sous le contrôle des forces impartiales, et qui constituait depuis la fin 2002 la partition de la Côte d’Ivoire.

« Aujourd’hui est un grand jour pour la Côte d’Ivoire », a déclaré à cet effet, le numéro un ivoirien, avant d’ajouter que ‘’ la zone de confiance est le seul obstacle constitutionnel à la tenue des élections. A partir d’aujourd’hui, il n’y aura plus d’excuses pour ne pas les organiser’’. Le Chef de l’Etat a de ce fait appelé le gouvernement ‘’à engager rapidement les autres résolutions pertinentes de l’accord de Ouagadougou : l’identification, le désarmement et le processus électoral’’.

La matérialisation de la levée de la zone de confiance s’est poursuivie dans la localité de Ngattadolikro, où le Président de la République et le Chef du gouvernement ont visité la brigade mixte de gendarmerie, et le poste d’observation de soldats de l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Notons que le processus de mise en place du Centre de Commandement Intégré et du démantèlement de la zone de confiance, est prévu par l’accord de paix signé le 4 mars dernier à Ouagadougou, par Laurent GBAGBO et Guillaume SORO.

Le Centre de Commandement Intégré, comme l’a expliqué le chef d’état-major des Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire (FDS-CI), est chargé entre autres d’unifier les forces armées ivoiriennes et de mettre en œuvre le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion.

Composé paritairement d’officiers des Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire (FDS-CI), et des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN), le CCI sera également chargé de sécuriser le processus de sortie de crise, notamment les opérations d’identification des populations et les prochaines élections, de mettre en place les unités mixtes FDS-CI-FAFN, et de garantir la libre circulation des biens et des personnes sur l’ensemble du territoire ivoirien.

CRISE IVOIRIENNE / CHIRAC, ANNAN, PONCET, TEVOEDJRE, SCHORI... CES GROSSES VICTIMES DE LAURENT GBAGBO

Le Matin d’Abidjan-17/4/2007

Ils sont passés à la trappe. Pas moins de 10 têtes sont tombées, face à la détermination de Laurent Gbagbo, depuis septembre 2002. Au plan interne et externe, ses adversaires même les plus irréductibles ont fini, peu ou prou, par plier l’échine.

“S’il n’a pas réussi à débouler son adversaire Laurent Gbagbo, Jacques Chirac peut lui aussi se réjouir de l’accord entre les deux parties ivoiriennes. A moins d’un mois de son départ de l’Elysée, il laissera derrière lui une situation en voie de règlement. Souvent contestés, la présence des militaires français et l’engagement diplomatique de Paris ont quand même évité l’implosion du pays, comme au Liberia ou en Sierra Leone “, conclut un article paru dans ‘’Libération'’ du lundi 9 avril dernier, sur le processus de sortie de crise. Une façon ou une autre, pour le quotidien parisien de masquer la cuisante défaite du président français en fin de carrière. Maigre consolation en réalité pour Chirac, qui aura multiplié les coups tordus, à l’effet de faire couler le régime de Laurent Gbagbo. Et au moment où il descend de son piédestal, l’héritier de Jacques Foccart doit bien se mordre les doigts. La France qui se targue d’être l’une des toutes premières diplomaties au monde n’a pu isoler le n°1 ivoirien. Il est vrai, Paris a parfois affaibli locataire du palais d’Abidjan qui plie mais ne rompt pas. Chirac part, alors que le chef de l’Etat ivoirien est toujours à la barre. Mieux, Gbagbo tient plus que jamais le levier, et est à deux doigts de sortir son pays de l’impasse, après avoir isolé Paris. Un autre retraité de haut rang doit certainement méditer sur son échec, après avoir ” pactisé avec le diable “. Kofi Annan puisque c’est de lui qu’il s’agit s’est lui aussi embourbé dans le marigot ivoirien. L’ancien patron de l’ONU s’est même discrédité aux yeux de bien de dirigeants de l’Afrique digne, pour son activisme dans la crise ivoirienne. Mais son poids n’a pas été d’un grand secours à la France. On le sait, il a fortement soutenu Jean-Marc de la Sablière, l’ambassadeur français à l’ONU, dans ses projets de résolution sur la Côte d’Ivoire, tendant à ‘’déshabiller'’ Laurent Gbagbo, au profit de Premiers ministres cooptés par l’ex-métropole sous le couvert d’une communauté internationale fortement adoubée. Le diplomate ghanéen n’a malheureusement pour lui pu assouvir les ambitions de son ami et complice de l’Elysée. L’aide de son premier représentant spécial en Côte d’Ivoire a aussi fait flop. De fait, Albert Tevoédjrè, après l’accord de Linas Marcoussis, visant à parachever le coup d’Etat, a été confronté à forte partie. Contre ses manœuvres, Gbagbo qui a parfois semblé vaincu a opposé une farouche résistance. Tevoédjrè aura tout tenté pour arriver à ses fins. Des diatribes lors de ses rapports à New York à son soutien presque au grand jour à la rébellion, tout y est passé. Mais le chef de l’Etat lui a tenu tête. Conséquence, le Béninois compte parmi les grosses ‘’victimes'’ du ‘’Woody'’ de Mama, qui aura fait preuve de ténacité face à l’adversité. Au finish, Gbagbo a exigé et obtenu la tête de l’homme à la toque. Lui qui a eu partie liée avec la France lors des évènements de novembre 2004, lorsque l’armée française a fait feu et tué des dizaines de patriotes aux mains nues, devant l’hôtel Ivoire. Comme Tevoédjrè, l’auteur de cette tuerie, le Général Henri Poncet, commandant de la force Licorne a lui aussi battu en retraite. Sa férocité a été insuffisante pour accomplir sa mission. Manœuvres militaires et diplomatiques En effet, la lourde artillerie militaire de la France que détenait Poncet et ses tueurs à gage n’a pu vaincre le Président ivoirien. L’officier français, après quelques démêlées avec la justice de son pays, s’occupe depuis peu des affaires militaires au sein de l’Union européenne. Et pourtant, son arrivée avait comblé d’aise la coalition anti Gbagbo. Poncet, fort de ces ‘’hauts faits d’armes'’ au Rwanda, était présenté comme l’homme des opérations kamikazes. Qui ne devait faire de Gbagbo et ses partisans d’une bouchée, jubilaient la rébellion et ses soutiens. Comme il a contribué au génocide tutsi et Hutu modérés. Tevoédjrè vaincu donc, c’est Pierre Schori que Annan parachute à Abidjan. Précédé d’une bonne presse, le diplomate suédois a mis peu de temps à ôter son manteau de comploteur à la solde de la Françafrique. Lui aussi a tout mis en œuvre pour déstabiliser le camp présidentiel. Comme son devancier, son bilan ne plaide pas en sa faveur. Il n’a réussi qu’à dresser les patriotes contre lui et le GTI qu’il co-présidait. Dans cette galaxie, des infortunés, il ne faut pas oublier l’actuel premier ministre français Dominique Galouzeau De Villepin. On se souvient que l’homme, très tôt, avait légitimé la rébellion en saluant vigoureusement Soro Guillaume à Bouaké comme pour l’encourager à défier le chef de l’Etat. Généreux en provocation à l’endroit du n°1 ivoirien, il était fou de bonheur à l’idée d’avoir tordu le bras à Gbagbo à la rue Kléber. Mais avec le temps, l’homme a ravalé sa maque et sa désinvolture pour devenir aujourd’hui un ‘’ami'’ de Laurent Gbagbo. Certainement que son lynchage manqué en janvier 2003 à la résidence du chef de l’Etat y est pour quelque chose. En tout, Chirac, Annan et leurs porte-voix ont tous fait choux blancs. Et tous sont repartis tête basse. Destin similaire pour les suppôts locaux de la coalition dirigée par la Chiraquie. C’est d’abord un Seydou Diarra, ‘’légitimé'’ lors du sommet international de Paris Kleber qui parade, après avoir eu maille à partir avec les Ivoiriens. Il finit par atterrir à Abidjan, intégrer ses bureaux du Plateau puis mettre en œuvre l’accord issu de la banlieue parisienne. Il s’autoproclame ‘’dépositaire exclusif'’ de ce compromis, l’un des tout premiers plans pour bouter hors Gbagbo. Diarra a tangué, clamant parfois un chimérique désarmement, se faisant immortaliser à Bouaké avec une kalachnikov en main et engoncé dans un treillis. Celui qui disait à qui voulait l’entendre qu’il allait ” appliquer bêtement l’accord de Marcoussis ” a fait de son mieux. Mais là encore, le chef de l’Etat n’a pas failli. Au point où la CEDEAO, en décembre 2006, s’est résolu à ” changer l’eau et le poisson “. Rideau pour cet homme lige. L’adversité interne, un pétard mouillé Charles Konan Banny lui succède à la Maison blanche d’Abidjan- Plateau. Le banquier qui s’est précipité en Côte d’Ivoire, après avoir, prétend-il, ” appris sa nomination à la radio ” s’est tout de suite mis sur les rails. Il biaise, tenaillé entre ses ambitions politiques et les recommandations de la connexion internationale anti Gbagbo. Il propose le train qui n’a jamais démarré, avant d’en arriver au tadem. C’est que dans la foulée, ses commanditaires veulent pour lui des ” pouvoirs élargis “. Lui-même, comme Diarra, n’a pas le toupet de les réclamer. Paris le presse de prendre des décrets, mais Banny ne peut franchir le rubicond. Puis, arrive le scandale des déchets toxiques. Une aubaine, se lèche-t-il alors les babines ! L’ancien patron de la BCEAO monte sur ses grands chevaux. Il tient, ou du moins le croit-il, sa revanche sur le chef de l’Etat. Il veut les régies financières et l’institution portuaire à sa solde, et y met les moyens. Le ‘’Probo koalagate'’ est donc l’alibi tout trouvé. Banny incrimine ainsi les directeurs généraux du port d’Abidjan, des douanes et le gouverneur du District d’Abidjan. Une condamnation avant le procès, puisque plus tard, l’enquête sur mesure qu’il diligente, enfonce les condamnés. Banny tente un passage en force, espérant tirer profit de l’émotion collective suscitée par le scandale des déchets de la mort. Il s’apprête à clouer définitivement Gossio Marcel, Gnamien Konan et Amondji Pierre et signe sa propre mort politique. Ses forts soutiens élyséens sont impuissants. Laurent Gbagbo rétablit les mis en cause dans leurs fonctions, jugeant la sanction administrative suffisante selon la loi, en attendant les enquêtes judiciaires. Banny est sonné. D’autant qu’au même moment, le directeur général du quotidien gouvernemental qu’il venait d’installer d’autorité est dégommé par la décision présidentielle. Idem pour le directeur de la radio-télévision, qui a commis l’erreur de passer sur les antennes un acte défiance du Premier ministre d’alors: il exige en des termes clairs le retrait des décrets présidentiels au risque de violences généralisées. Ses partisans parviennent ainsi à semer le désordre à Yamoussoukro et dans quelques autres villes. Sans plus. S’en suit un calme plat. Puis Banny est emporté par la bourrasque du dialogue direct. Comme Chirac, Banny doit méditer sur son sort. Guillaume Soro qui a pris le pouvoir à la Primature n’est pas en reste. Le jeune chef de la rébellion revient dans la République. D’aucuns estiment que la diplomatie de Gbagbo a eu raison de lui, à l’instar de ses alliés du PDCI et du RDR. De fait, Konan Bédié et Alassane Ouattara sont l’ombre d’eux-mêmes. Le RHDP qu’ils ont créé à Paris, à l’instigation de la cellule africaine de l’Elysée, est un pétard mouillé. La déception de leurs parrains doit être à la hauteur de l’espoir placé en cette autre manigance : constituer un contrepoids politique fort et crédible, à même de faire front à Gbagbo. L’affaire des déchets toxiques -décidément- a sonné la désillusionné de ceux qui, au sein de la Françafrique, ont cru en ces houphouëtistes. Et l’attitude de Bédié et ADO a pesé lourd dans l’option de Soro de discuter directement avec le chef de l’Etat. La rébellion ayant estimé que ses alliés comptent pour du beurre. Et au moment où le bout du tunnel se profile à l’horizon, d’autres collabos de l’Elysée ne s’en reviennent toujours pas. Il s’agit de Wade, Bongo et Sassou Nguesso, pour ne citer que ceux-là. Dans ce lot, l’ont peut citer des membres influents de la communauté internationale, dont Louis Michel, le président de la Commission de l’Union européenne.

Guillaume N’Guettia
Comme un roseau Ses adversaires politiques ne lui prédisaient pas pareille longévité au pouvoir, surtout après l’éclatement de la guerre en septembre 2002 à Abidjan. Sur la question, on se souvient que Renaud Vignal (paix à son âme), le fantasque ambassadeur de France en poste à Abidjan à cette époque, avait juré que le N°1 ivoirien ne passerait pas les fêtes de fin d’année de l’année 2003 au Palais présidentiel et qu’il serait emporté par la bourrasque de la coalition l’opposition civile et armée. Une prédiction qui s’est avérée fausse car Laurent Gbagbo est toujours en poste et se trouve même aujourd’hui en pôle position pour bénéficier d’un autre mandat pendant que l’ami Vignal, lui, a passé l’arme à gauche. Mais pour arriver là, que d’émotions, que de souffrances vécues par l’homme et ses concitoyens partisans de la souveraineté nationale ! Car il est arrivé des moments où sous la rudesse des coups de l’adversaire, les patriotes et même certains proches du chef de l’Etat ont eu à douter. D’autres étaient déjà prêts à signer la reddition. On a pu le constater à la faveur des évènements de novembre 2004 où la France, après avoir craché le feu sur la tête des patriotes aux mains nues et mitraillé la résidence du président de la République, réclamait sa démission. Il a fallu le courage mais surtout l’intelligence de l’homme pour se sortir de cette mauvaise passe et triompher ainsi des muscles de Jacques Chirac. Puisant des ressources insoupçonnées dans sa puissante foi en Dieu, Laurent Gbagbo, tel un roseau, a souvent plié sous la violence du vent sans pour autant rompre. Dans cette Côte d’Ivoire devenue depuis l’éclatement de la guerre une vaste terre de spiritualité, Dieu le Miséricordieux pouvait-il réellement permettre que l’injustice triomphe du juste ? Que le Mal s’impose au Bien contrairement aux enseignements des Saintes écritures ? Absolument pas, car le combat que mènent Laurent Gbagbo et les démocrates ivoiriens est juste. Il s’agit d’une quête en faveur de la dignité, de la liberté et surtout du droit à exister malgré leur état de pauvreté. Une telle cause ne pouvait qu’arracher l’adhésion du père céleste. Il n’a pas tort, le Général Henri Poncet, d’avoir confié à des proches que quiconque voudrait voir Dieu se manifester devra se rendre en Côte d’Ivoire, où lui en a fait l’expérimentation. Avis aux incrédules et autres déstabilisateurs.

Géraldine Diomandé

CARAVANE DE LA PAIX / AVANT L'APOTHEOSE LE 21 AVRIL : BLE GOUDE : "L'OBJECTIF EST PRESQUE ATTEINT"




La caravane de la paix "Prends ma main mon frère" s'est désormais muée en carnaval de la paix depuis le dimanche 15 avril dernier au parlement " Tribunal pénal international " de Yopougon Toits rouges. Dans la soirée de ce jour dominical, le président du COJEP a dressé un bilan à mi-parcours satisfaisant de la caravane de la paix avant l'apothéose prévue pour le 21 avril prochain au complexe sportif de Yopougon. " La caravane tend vers la fin, je peux dire que l'objectif est presque atteint. Débutée le 21 janvier, la caravane a sillonné près de 38 villes ", indique le général aux nombreux Ivoiriens rassemblés cette nuit au parlement de Toits rouges. Il explique par ailleurs que la caravane retourne dans le District d'Abidjan pour sensibiliser parce que les plus réfractaires à la paix s'y trouvent. Pour le 21 avril prochain, le président du COJEP annonce des invités très particuliers. " Nos invités spéciaux viendront de Bouaké. Konaté Sidiki sera avec nous à Yopougon, il faut que les gens préparent leurs esprits à cela. Actuellement je suis très satisfait des avancées de l'accord de Ouagadougou, je le serai encore plus après le 21 avril ", révèle le président du COJEP. Blé Goudé souhaite même que le 21 avril, les dispositions sécuritaires soient moins contraignantes. " Je veux que la police n'escorte pas Konaté Sidiki au stade afin de montrer aux blancs que nous nous sommes réconciliés et que nous sommes désormais engagés ensemble pour construire notre pays ", confie-t-il. Le messager de la paix s'est également dit satisfait de quelques points du message à la nation du premier ministre vendredi dernier. " J'ai gagné quand j'entends Soro dire qu'il faut proscrire la guerre, l'indiscipline et la défiance au chef de l'Etat. C'est l'expression d'une prise de conscience de sa part ", se félicite Blé Goudé. Les leaders politiques, conseille-t-il, doivent exclure le tribalisme du débat politique et mettre en avant leur idéologie, programme de gouvernement et projet de société. " Faites confiance au président de la République, il sait ce qu'il veut pour nous. La réunification sera totale très bientôt, j'invite donc tous les Ivoiriens au stade le 21 avril pour célébrer la réunification et la paix ", a lancé Blé Goudé. Avant lui, Koné Seydou, président de la jeunesse du Nord pour la paix, a invité ses frères et sœurs Malinké à se mobiliser en vue de participer massivement à ce rendez-vous du 21 avril. Représentant la communauté CEDEAO, M. Dieng a salué le combat de Blé Goudé. " Ce que tu fais profite à tous les Africains. Que Dieu vous protège et vous soutienne ", a-t-il prié.

FABRICE TETE