vendredi, 3 novembre 2006

lettre du PR à Koffi Annan

LE PRESIDENT LAURENT GBAGBO A ADRESSE UN COURIER A M. KOFI ANNAN, SECRETAIRE GENERAL DE L’ONU, DANS LEQUel IL FAIT SES REMARQUES ET EXPRIME SON INDIGNATION FACE A CERTAINES DISPOSITIONS DU PROJET DE RESOLUTION FRANÇAIS TENDANT A DENIER LA SOUVERAINETE
Monsieur le Secrétaire Général,
Comme suite à votre lettre du 27 octobre 2006, j'ai l'honneur de porter à votre connaissance ce qui suit :
J'aimerais vous rappeler que j'ai personnellement pris part à la réunion de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest au cours de laquelle des décisions consensuelles ont été prises après 6 (six) heures de débats par des personnalités qui président aux destinées de leurs pays et veulent autant que l'Organisation des Nations Unies, la paix et la stabilité en Côte d'Ivoire. Les recommandations de la CEDEAO ne sont pas ambiguës et ont été entérinées par l'Union Africaine.
Les deux instances africaines ont délibéré et sont parvenues au consensus après seulement quelques heures de débat.
Les consultations qui ont cours en ce moment au Conseil de Sécurité de l'ONU depuis quelques jours sont difficiles parce que le projet français de résolution qui prétend clarifier les ambiguïtés, ignore le consensus d'Abuja et remet sur la table des discussions les propositions inacceptables, rejetées par les Chefs d'Etat de la CEDEAO et de l'Union Africaine. A titre d'exemple, j'aimerais vous rappeler certaines propositions déjà examinées à Abuja et Addis-Abeba et rejetées par les Chefs d'Etat :
- la possibilité pour le Premier Ministre de nommer aux emplois civils et militaires ;- la suspension directe ou détournée de la Constitution sous une forme ou une autre ;- la dissolution de l'Assemblée Nationale ;- la signature par le Premier Ministre de décrets ou d'ordonnances.
Je vous rappelle à ce propos que le communiqué de l'Union Africaine indique bien que les décrets et les ordonnances sont pris en Conseil des Ministres. Le Conseil des Ministres est présidé par le Président de la République, qui signe ces textes conformément à la Constitution de Côte d'Ivoire et au régime politique Ivoirien qui est de type présidentiel.
Je voudrais pour terminer repréciser à votre haute attention Monsieur le Secrétaire Général, que je suis Président de la République de Côte d'Ivoire parce que j'ai été élu en octobre 2000. Je demeure Président de la République depuis octobre 2005 jusqu'à ce que des élections présidentielles aient lieu conformément aux art.38 et 39 de la Constitution de Côte d'Ivoire votée en juillet 2000 à 86 % des voix à l'appel de tous les partis politiques pendant que j'étais encore dans l'opposition.
Le fait que le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine et les Nations Unies entérinent des dispositions constitutionnelles de Côte d'Ivoire ne signifie nullement que c'est la Communauté Internationale qui proroge mon mandat.
C'est bien la première fois qu'une puissance étrangère, ex puissance coloniale s'ingère par l'intermédiaire de l’ONU de façon aussi grave dans les affaires intérieures d'un Etat Africain, bafouant sa souveraineté et déniant à toute l'Afrique la capacité de décider pour elle-même. Cette attitude inacceptable et sans précédent n'est possible que parce que l'Afrique constitue le maillon le plus faible de la Communauté internationale.
Néanmoins, il ne nous appartient pas en tant qu'Africain d'ouvrir la voie à ces pratiques contraires à la Charte de l'ONU qui risquent à terme de mettre en péril les indépendances acquises de haute lutte.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire Général, l'assurance de ma très haute considération.
Laurent GBAGBO.

mardi, 31 octobre 2006

31 octobre 2006


Quel sort pour la Côte d'Ivoire ?