lundi, 12 février 2007

LA CHARTE DU MANDEN, Première partie

LA CHARTE DU MANDEN

CHARTE DU MONDE

Au nom du Manden

A l'adresse des douze parties du monde,

La charte du Manden (ou Mandé Manden, est la transcription officielle du pays mandingue) a été conçue par la confrérie des chasseurs du Mandé (au sud de Bamako) Cette déclaration solennellement proclamée le jour de l’intronisation de Soundjata keïta comme Empereur du Mali à la fin de l’année 1222, fut transmise par voie orale.

Cette charte s’adresse aux « douze parties du monde. » Elle a donc une vocation universelle selon ses auteurs. Elle comporte sept paroles, qui sont autant d’entête d’articles de la charte :

· « Toute vie est une vie »
·« Le tort demande réparation »
· « Pratique l’entraide »
· « Veille sur la patrie »
· « Ruine la servitude et la faim »
· « Que cessent les tourments de la guerre ? »
· « Chacun est libre de dire, de faire et de voir. »

On trouve donc dans cette charte les thèmes qui seront traités plus tard dans les déclarations des droits de l’homme occidentales : le respect de la vie humaine, la liberté individuelle, la justice et l’équité, la solidarité.

En prenant le parti de lutter contre ce qui lui apparaît comme la racine des conflits, de l’esclavage, elle identifie la violence des situations comme précédant la violence de la guerre. L’esclavage était devenu courant en Afrique de l’Ouest. L’Abolition de l’esclavage fut une œuvre maîtresse de Sundjata Keïta et de l’Empire du Mali. Elle ajoute donc un appel proche de la thématique de la non-violence ghandienne.

LA CHARTE DU MANDEN, Deuxième partie

Au nom du Manden
A l'adresse des douze parties du monde,

Première parole:

Toute vie est une vie
La vie du cadet comme la vie de l'aîné
La vie du grand comme la vie du petit
Toute vie égale une vie.

Seconde parole
Le tort demande réparation
Si tu portes tort à une vie :
réparation
Si tu portes tort à ton voisin sans raison,
Si tu portes tort à ton prochain sans raison,
Si tu tourmentes ton semblable,
Réparation !

Troisième parole
Pratique l'entraide.
Humains, entraidez-vous les uns les autres
Enfants, vénérez ceux qui vous ont enfantés
Parents, éduquez ceux dont vous êtes les pères,
Ceux dont vous êtes les mères.
Tous, soutenez les vôtres.

Quatrième parole
Veille sur la patrie
Que chacun veille sur la maison de ses pères
La patrie, c'est quoi ?
Nous, les hommes qui la peuplons
Car privée des hommes qui la peuplent,
Une terre plonge dans la nostalgie.

Cinquième parole
Ruine la servitude et la faim

Il y a deux grands malheurs en ce monde
La faim n'est pas bonne
La servitude non plus n'est pas bonne.
Tant que nos bras seront forts,
La faim ne tuera plus dans le Manden,
Et si la disette arrive,
La guerre n'assiégera plus les cités du Manden.
Elle n'en réduira plus les hommes en esclavage.
Aucun humain ne mettra plus le mors dans la bouche d'un humain
Aucun humain ne mettra plus en vente un humain,
Aucun fils d'esclave ne sera humilié, ni battu, ni tué.

Sixième parole
Que cessent les tourments de la guerre

L'âme de l'esclavage est la guerre
Elle s'est éteinte d'un mur à l'autre du Manden.
Le pillage s'est éteint.
La captivité s'est éteinte.
Ah! le tourment !
Il tourmente l'opprimé.
Il tourmente le captif.
La honte aussi tourmente le captif.

Septième parole
Chacun est libre de dire, de faire et de voir.
L'humain est de chair et d'os, de moelle et de nerfs.
Il mange et il boit.
Mais ce dont vit son âme est trois.
Quels trois ?
Voir celui qu'elle a plaisir à voir
Dire ce qu'elle aime à dire
Faire ce qu'elle aime à faire
Qu'un seul de ces trois manquent, Elle souffre, elle dépérit.

Au nom du Manden
et à l'adresse des douze parties du monde,

Tout humain est libre de lui-même,
Quand il respecte la patrie.

A tous, serment du Manden

Les enfants "de sanene et kotron» dont il s’agit dans cette déclaration, qui s’en portent garants et fermes défenseurs, sont les sociétés internationales de chasseurs « donson », qui ont l’appui politique et militaire de Soundjata Keïta, qui était des leurs.

Ces sociétés internationales, répandues dans toute l’Afrique Noire, qui n’ont aucun critère ethnique ou social d’affiliation, mais un code moral très strict, n’ont jamais failli à intervenir par la suite dans les cas de crise grave d’oppression, jusqu’à nos jours.

Elles existent toujours, comme en témoigne le livre de Youssouf Tata Cissé « les sociétés de chasseurs », et leurs dernières interventions en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire ont été essentielles pour limiter les dégâts.

Leur popularité s’en est d’ailleurs singulièrement accrue ces dernières années, et nombreux sont les Africains qui vont recueillir leurs enseignements très simples, mais aussi très profonds, basés sur une transmission continue de la morale du chasseur, la défense de la veuve et de l’orphelin, ce quoi s’engage tous les enfants de »sanene ani Kontron », les chasseurs d’Afrique.

Le discours révolutionnaire de Kadhafi au sommet de l'UA (Leader Africa 02/02/2007)


Cette volonté de l’Afrique entière de s’unir se dessine avec insistance et détermination, et nous tendons de plus en plus vers la réalisation de nos aspirations profondes et l’accomplissement des espoirs du peuple de ce continent.


Je suis fier et plein d’orgueil que la prochaine réunion de l’Union africaine (UA), qui sera historique, se tiennent au Ghana, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance de ce pays. Ce choix que nous avons fait est très conforme à la moralité et à la tradition de l’Afrique qui est un continent de reconnaissance, de la gratitude.


Elle a choisi le Ghana qui a donné le père du panafricanisme, le digne fils de l’Afrique, Kwamé Nkrumah. Ainsi, la prochaine réunion à Accra revêt une importance capitale, parce que ce sera un rappel historique que l’actuel président du Ghana, élu nouveau président de notre union, va accueillir. Nous avons pleine confiance en ses capacités, sa rigueur et nous sommes convaincus qu’il sera à la hauteur de la tâche qui lui incombe aujourd’hui pour l’avenir et le devenir de l’Afrique.A chaque fois que je prends la parole à une tribune semblable, dans un sommet pareil, je ne peux que me rappeler les images assez tristes et obscures que nous ne pouvons oublier et qu’il nous faut rappeler au monde entier.Au nom de l’Afrique, du peuple africain, du continent tout entier, il nous faut rappeler ceux qui sont morts pour ce continent, l’état dans lequel il se trouve, cette île entourée de tout côté par des eaux, des océans et des mers.C’est ce continent qui a donné naissance à l’homme. Eve est africaine. Les recherches et les découvertes l’ont prouvé. Ce continent a été doté de cette belle race noire que certains tentent de dénigrer comme étant une race inférieure. Au contraire, ce sont des ignorants. Le Noir est la plus belle des races. Lorsqu’il y a mariage entre le Blanc et le Noir, c’est le Noir qui a le dessus. Parce que le Noir est la couleur la plus forte, la plus virile et l’histoire dit que les Noirs seront les maîtres de ce monde. Ce seront les seigneurs du monde et le jour vient.


Ce sont les ignorants, les ennemis de Dieu qui ont cru que cette diversification des couleurs de l’homme est une source d’humiliation ou d’esclavage. On a traité l’homme africain comme un animal. Ils nous ont pris, jeté dans des navires et transporté de l’autre côté de l’Atlantique, vers le Nouveau monde et vers l’Europe. Ils nous ont asservis. Ils ont asservi nos pères et nos ancêtres pour combler des marécages, percer des montagnes, construire l’Europe et le Nouveau monde. Je n’ai pas visité ces lieux, mais j’ai eu l’occasion quand j’étais un officier de l’armée, en 1966, de me rendre en Grande-Bretagne et je ne sais les locomotives, qui nettoyaient les métros. Ce sont des balayeurs, des nettoyeurs, les artisans des basses besognes. Cela signifie que la discrimination raciale, le mauvais traitement des Noirs existait en 1966 quand j’étais officier. J’espère qu’il y a eu changement.


Après cette étape dans laquelle nous avons été traités comme des animaux, la période de l’esclavage avait commencé, quand ils ont découvert que nous n’étions pas des bêtes et que nous étions des êtres humains. Ils nous ont traités comme des esclaves de la race blanche. Ils ont même prétendu que la race blanche avait une mission divine vis-à-vis du Noir. D’où tire-t-il tout ceci ? C’est la convoitise, l’usurpation, le vol, la violation, le pillage de nos biens qui leur a donné ces idées maléfiques, ce prétexte que l’homme blanc était supérieur et avait un message divin vis-à-vis des Noirs.J’ai personnellement effectué une étude afin de comparer nos religions. J’ai découvert que les anciennes religions africaines sont des religions révélées. Dans le Saint Coran, dans la Torah et dans l’Evangile, ce sont les mêmes noms qui reviennent dans les religions africaines anciennes. Il faut reconnaître que Dieu le Créateur, l’unique et éternel, existe dans les anciennes religions africaines. Comment les Blancs prétendent-ils que nous, nous avons connu Dieu après la colonisation ? Ils nous font croire qu’ils nous ont appris à connaître Dieu.L’Afrique est le berceau et c’est nous qui leur avons appris la morale, l’éthique. Nous sommes capables de leur donner des leçons de morale jusqu’à présent. La conférence de Berlin a été la base de cette division, de cette ségrégation. Ils ont prétendu qu’ils avaient un message divin, qu’ils voulaient nous apprendre qui était Dieu, qui était le Créateur. Est-ce possible que ces colons qui nous ont traités comme des animaux, nous apprennent qui est Dieu ? Heureusement que maintenant tout a changé. Il y a des jours, nous nous sommes réunis, Européens, Africains, etc. Nous nous sommes réunis en égaux. Nous avons parlé d’amitié, mais cela ne veut nullement dire que la mentalité colonialiste a changé. Si nous avons prouvé nos compétences, nous ne devons pas nous sentir affaiblis.C’est par nos convictions, par notre volonté et notre détermination que nous devons nous faire valoir. Nous n’avons besoin de quiconque. Lorsque nous étions faibles, sans arme, ni armée, ils nous ont malmenés, capturés dans des filets, embarqués dans des bateaux. Ils nous ont asservis. Le Congo, le plus grand pays de l’Afrique de l’époque était une propriété privée de la Belgique et du roi des Belges. Quelle est la mentalité de ces gens ? Le colonialisme n’existait pas qu’hier. Il peut encore resurgir si les conditions s’y prêtent. Il ne faut pas leur donner l’occasion de le faire encore une fois et de nous asservir. (...). Nous nous sommes battus à travers des mouvements de libération et ils ont dû nous reconnaître en tant qu’Etats indépendants. Ils ne l’ont pas fait volontairement. Ils ont toujours cette tendance raciste et ce complexe qui les habite, mais contre leur gré, ils ont abdiqué devant notre combat pour notre indépendance, notre souveraineté et notre dignité humaine. J’ai pris connaissance du comité des dix (10) du Conseil de sécurité des Nations unies, qui en réalité est le conseil de la peur et de l’intimidation. Quand on regarde la composition de ce Conseil, on a l’impression que l’Occident nous faisait la charité. Ils veulent nous donner un siège ou deux. Nous sommes plus de 50 pays africains. C’est nous les Nations unies. Si nous formons une union, nous serons l’union la plus forte du monde. Nous avons le plus grand poids au sein des Nations unies qui nous appartient à nous tous ; qui a le droit de nous attribuer un siège comme une charité.L’Afrique doit avoir droit à un siège avec le droit de vote et toutes les prérogatives nécessaires. Il faut absolument qu’on élargisse le Conseil de sécurité. Nous le disons à toute l’Afrique, tout le monde entier nous écoute, on nous suit de tous les continents.



L’Afrique possède toutes les potentialités, tous les moyens et les richesses nécessaires pour vivre heureux. Les plus grandes réserves des métaux précieux se trouvent sur cette terre. Ce qui fait la fierté des autres chez eux, émane de l’Afrique. Tout est puisé dans ce continent riche de son sol mais aussi de ses hommes. C’est le seul continent qui n’est pas composé de nations diverses. L’Afrique, c’est une seule nation, la nation noire. C’est un contient-nation et nous avons ainsi des privilèges. On ne peut pas nous comparer avec les autres continents qui sont peuplés de détenus, de chassés, d’immigrants. Nous, nous appartenons à notre continent. Nous sommes un peuple noir appartenant à une seule nation, le contient africain. Nous le disons de vive voix. Nous avons prouvé que nous étions chez nous. Nous avions résisté aux assauts des armes, nous les avons chassés de chez nous. Nous leur avons montré que nous sommes des hommes libres, nés libres et que nous ne sommes pas leurs esclaves. Nous devons continuer sur cette voie, lutter et leur imposer cette reconnaissance de la souveraineté de l’Afrique qui est la nôtre. Nous parlons avec beaucoup de conviction. Nous avons confiance en nous-mêmes, nous avons confiance en nos potentialités, dans les potentialités et les richesses de notre continent. Je veux profiter de cette tribune pour remercier au nom des leaders de l’Afrique, le peuple de l’Ethiopie, notre frère le Premier ministre Meless Zénawi pour l’hospitalité et la chaleur de l’accueil ainsi que tous les moyens déployés pour faciliter le travail accompli. Je salue cette générosité qui est la leur et qui est une des qualités que nous leur connaissons, ce peuple authentique et fier d’Afrique. Je tiens à remercier également toute l’Afrique pour la décision qui a été adoptée pour que la Jamahiriya libyenne, ce pays frère, soit le président de l’Assemblée, la 60ème Assemblée des Nations unies en 2009. Je remercie également notre frère Sassou Nguesso qui a dirigé brillamment l’UA pendant une année et qui vient de passer les rênes du pouvoir entre de nouvelles mains qui ont notre confiance et notre soutien, celles du président Kufuor que je salue. Je rends hommage au Pr. Alpha Oumar Konaré qui a travaillé dur avec tant de dévouement et de rigueur, qui s’est consacré corps et âme pour notre organisation. Je l’ai vu travailler parfois pendant toute la nuit, passant des nuits blanches et je prie le Tout-puissant d’accorder la santé à ce digne fils de l’Afrique dont nous avons encore tant besoin. (...)’’.


© Copyright Leader Africa