vendredi, 30 mars 2007

FOOTBALL- LA FETE DU BALLON D'OR : LA LECON DE DROGBA AUX POLITIQUES


Par Le Nouveau Réveil
Mercredi 28 mars 2007. Le Ballon d`Or 2006 est allé présenter son trophée aux populations de Bouaké

Le Sport, notamment le football est un facteur d`union et de rapprochement des peuples. A l`occasion de la dernière visite du meilleur joueur africain en Côte d`Ivoire, on a pu saisir une fois encore les vertus que véhicule le football. Pendant trois jours, les Ivoiriens ont oublié les dissensions politiques et autres tensions sociales pour communier dans la ferveur. Que ce soit à Abidjan, ou à Bouaké où la star du football s`est rendue dans la journée du mercredi 28 mars pour présenter son trophée, les Ivoiriens ont célébré dans un élan collectif le ballon d`or et surtout mis en exergue les notions qui caractérisent le sport. A Abidjan comme à Bouaké, c`était la communion totale. La présence de la star à Bouaké va davantage favoriser le retour de la paix en Côte d`Ivoire "La visite de Didier à Bouaké, est la preuve que la paix est possible et la réconciliation vraie est proche. A travers son acte, Didier nous a montré que le sport est au-dessus des clivages de tous ordres. Que le sport peut réunir tous les Ivoiriens", a déclaré le Premier ministre Guillaume Soro. Ces propos du patron des Forces nouvelles ne doivent pas être des vains mots. Tous les hommes politiques de ce pays doivent faire leurs les vertus cardinales du sport et œuvrer pour le retour définitif de la paix en Côte d`Ivoire. Drogba leur a montré la voie. Ils doivent tous s`y engouffrer.
K. R

MOSQUEE DE DABOU : DES ECHANGES HOULEUX ENTRE BLE GOUDE ET LE PORTE PAROLE DE L'IMAN


Le traducteur de l'imam de la grande mosquée de Dabou a voulu réveiller les vieux démons de la division. Il a eu la réplique appropriée de la part du président du COJEP.

A chaque étape de la caravane de la paix, ''Prends ma main mon frère'', le président du Congrès de la jeunesse panafricaine (COJEP), Charles Blé Goudé s'est toujours plié aux civilités d'usage. En se rendant chez les autorités administratives, coutumières et religieuses pour les tenir informées de son action dans leur localité. Mais, à Dabou où la caravane s'est rendue samedi dernier, un fait plein d'enseignements s'est produit à la grande mosquée. Les faits. Le président du COJEP porte à la connaissance de l'imam central Souleymane Coumba les raisons de sa présence dans le Leboutou. En réponse, l'homme de Dieu, à travers son porte-parole Aladji Kassoum, apporte sa bénédiction à l'initiative de son fils. Mais, à la surprise générale, allant au-delà des pensées de son maître, le porte-parole décide d'invectiver le messager de la paix. Il s'indigne que les Malinké et Sénoufo soient toujours traités de rebelles. " Nous avons été de tout temps frustrés et ça continue, il faut le dire à qui de droit. En quoi est-ce que le Malinké ou le Sénoufo sont-ils rebelles ? La rébellion s'est installée au Nord et a trouvé une frange marginalisée de la société ivoirienne ", se plaint le porte-parole de l'Imam. Pour lui donc, si les Nordistes n'étaient pas frustrés, la rébellion ne se serait pas installée avec une facilité déconcertante dans leur région. M. Aladji ne s'arrêtera pas là : " Nous sommes traités d'étrangers dans notre propre pays parce que nous avons les mêmes noms que les Maliens, les Burkinabé. Nous sommes du Nord en Côte d'Ivoire et non du Nord de la Côte d'Ivoire. Quand les Agni et Appolo vont chercher des chefs au Ghana pour les faire chefs ici, on ne les traite pas d'étrangers. Ils y vont même pour des cérémonies funèbres. Quand les Bété se sont révoltés dans le Guébié, ils n'ont pas été traités d'assaillants, les Agni du Sanwi également. Mais pourquoi nous, les Malinké, sommes-nous vus par les autres comme des rebelles ? Nous sommes meurtris dans notre chair par ces préjugés qui ne favorisent pas la bonne entente entre les communautés ", s'est indigné Aladji Kassoum. L'invective était telle que le président du COJEP a tenu à lui donner la réplique, question de l'éclairer notamment sur le terme frustration qui n'est pas l'apanage d'un seul peuple, encore moins d'une région du pays. " Je ne vous apprends rien sur l'histoire du Guébié et du Sanwi. On sait tous comment les Guébié ont été réprimés et comment Kragbé Gnagbé a été tué par le pouvoir qui était en place. Jusqu'aujourd'hui, nous portons cela dans nos cœurs. Ça aussi, c'est une frustration. Le Sanwi a connu une répression terrible en son temps. Moi-même Blé Goudé, j'ai été emprisonné huit fois en moins de quatre ans. À la Fesci, il faut demander à Soro Guillaume, en 1995 quand Bédié nous pourchassait, les Bété étaient les plus recherchés. Parce qu'en 1995, être Bété constituait un délit. Moi qui suis-là, j'ai dormi dans mon sang, j'ai été enchaîné dans mon lit d'hôpital. Mais je n'ai jamais dit aux Bété de se révolter et prendre les armes pour attaquer le pays. Une rébellion ne s'est jamais installée à Guibéroua. Pas parce que je n'étais pas frustré, mais par éducation j'ai digéré comme l'ont fait les Agni et les Guébié. Sinon, moi Blé Goudé je suis l'incarnation parfaite de la frustration", a martelé Blé Goudé au porte-parole de l'imam qui a acquiescé ses propos. Poursuivant, le leader du COJEP a instruit son interlocuteur que les policiers qui, ont jeté Gbagbo en prison sont les mêmes qui aujourd'hui, jettent en prison les autres leaders. " Laurent Gbagbo n'a pas quitté Mama avec des policiers. Des gens se plaignent que son garde du corps, le colonel Ahouman soit à ses côtés aujourd'hui alors que c'est ce dernier qui l'a jeté en prison en son temps. Il leur répond qu'il sert la République, un point c'est tout. Je vous informe que les policiers n'ont pas d'amis, leur seul ami, c'est la République. Le directeur de la DST qui m'a fait bastonner du temps du PDCI m'a dit la même chose ", enseigne le président du COJEP. Il a aussi partagé avec l'homme qui se disait frustré sa foi profonde que l'heure est aujourd'hui à la paix, à la réconciliation nationale. " Chacun de nous a été frustré, faisons en sorte que personne ne soit frustré à l'avenir. Notre pays doit être réunifié dans la paix, le malinké ne doit plus être traité de rebelle. Si je vous ai choqué, je vous demande de me pardonner ", a conclu Blé Goudé.

FABRICE TETE
Le Matin d'Abidjan - info@lematindabidjan.com

jeudi, 29 mars 2007

BLE GOUDE ( LEADER DES PATRIOTES) : “ LE POSTE DE MINISTRE NE M'INTERESSE PAS ”

SOIR INFO, QUOTIDIEN IVOIRIEN D'INFORMATIONS GENERALES

ACCORD DE OUAGA, PROCHAIN GOUVERNEMENT
Blé Goudé ( Leader des patriotes) : “ Ce que je gagne dans l’accord de Ouaga ”

jeudi 29 mars 2007 par Charles TRA BI

Charles Blé Goudé, secrétaire exécutif du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep), se prononce, dans cette interview, sur l’Accord de Ouaga et la nomination de Guillaume Soro à la primature.

M. Blé Goudé, l’Accord politique de Ouagadougou, semble-t-il, fait l’affaire des jeunes patriotes. Pourquoi ?
Charles Blé Goudé : Je dirai plutôt que l’Accord politique de Ouaga fait l’affaire de la Côte d’Ivoire. Cet accord-là, il faut le dire, redonne à la Côte d’Ivoire sa souveraineté. C’est un accord qui donne aux Ivoiriens leur dignité. En ce sens que l’Accord de Ouagadougou est la conséquence d’une proposition de dialogue direct, proposition faite par le président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, à son jeune frère, Soro Guillaume. Celui-ci l’a accepté et le résultat est là. Ainsi donc, par leur seule volonté, les Ivoiriens, en palabre, se sont retrouvés en terre africaine. Voilà l’importance historique de l’Accord de Ouagadougou.

Qu’est-ce qui, dans le fond de l’Accord de Ouaga, donne de l’espoir ?
C. B. G : Ce qui donne de l’espoir, c’est ce que je viens de vous dire. Et ce que je viens de vous dire est très important. C’est même plus important que tout. Le fait que, par leur seule volonté, les Ivoiriens eux-mêmes se retrouvent, signent un accord par eux-mêmes, sans contrainte, mais bien plus, sur un sol africain, c’est-à-dire à Ouagadougou, donne de l’espoir. A Ouagadougou, tout le monde était présent. Quand je parle de tout le monde, je ne parle pas de ceux qui s’étaient invités dans le débat, je parle de ceux qui sont concernés. C’est-à-dire la partie présidentielle qui est aux affaires et ceux qui ont pris les armes. Donc, les deux camps, les deux protagonistes étaient présents à Ouaga. Il y a aussi que celui qu’on avait accusé d’être à la base de cette rébellion, donnant gîte et couvert à cette rébellion, était aussi présent, affichant aussi sa volonté de mettre fin à cette crise. Tout le monde était donc présent. Et tous ont affiché leur volonté de sortir la Côte d’Ivoire de cette crise. Ce qui fonde ma confiance en cet accord, c’est que pour une fois, la proposition de dialogue direct de Ouaga est venue des acteurs eux-mêmes. Le président Blaise Compaoré, qui était le facilitateur du dialogue, n ‘a fait qu’écouter les acteurs ivoiriens. Ils ont compris finalement qu’ils avaient un même objectif, celui de ramener le calme en Côte d’Ivoire.

Tout le monde était à Ouaga, sauf vous, qui êtes aussi un acteur important de la crise. Pourquoi n’avez-vous pas effectué le déplacement ?
C. B. G : Même absent à Ouaga, j’ai pris part au dialogue direct. Moi, j’étais en train de faire mon dialogue avec le peuple à travers la caravane de la paix. Vous auriez remarqué que pendant que le dialogue direct se déroulait au Burkina Faso, j’étais dans une caravane de la paix, pour préparer les esprits des Ivoiriens à enlever la haine dans leur cœur. Voyez-vous, quel que soit l’accord qui est signé à Ouagadougou ou ailleurs, si le peuple pour lequel cet accord est signé ne l’accompagne pas, ne l’accepte pas, ne le soutient pas, je pense que c’est peine perdue. Et donc, étant avec le peuple à travers la caravane de la paix, j’ai fait ma part de dialogue direct.

En acceptant d’être Premier ministre, Soro a-t-il fait le pas qui sauve, comme vous le lui avez demandé, il y a quelques jours ?
C. B. G : Oui ! Je pense que Soro a fait le pas qui sauve. En ce sens qu’il a montré, en acceptant le poste de Premier ministre, qu’entre nous Ivoiriens, nous sommes capables de régler nos problèmes sans avoir forcément recours aux autres. Entre nous Africains, entre nous Ivoiriens, nous sommes capables de régler nos problèmes. Soro n’a pas écouté les chants du cygne. Ceux qui voulaient l’utiliser, en lui demandant de maintenir le statu quo de la division artificielle de la Côte d’Ivoire, jusqu’au 31 octobre 2007 pour encore solliciter l’Onu, je pense que la désillusion de ceux-là est totale. Soro a pensé aux Ivoiriens, à la Côte d’Ivoire. Au moment où j’ai dit à Guillaume Soro de faire le pas qui sauve, c’était au moment où il devait se prononcer sur sa proposition d’être Premier ministre ou pas. Aujourd’hui, il a accepté d’assumer cette haute responsabilité étatique. C’est un grand pas qu’il a fait.

Reste que Soro exige du chef de l’Etat des pouvoirs propres pour assumer ses responsabilités.
C. B. G : Je ne rentre pas dans ce débat. Je pense que Soro et le président de la République, tel qu’ils ont discuté dans le secret pour arriver à un accord, je pense qu’ils ont encore le temps nécessaire pour parler de tout cela. Mais en tout état de cause, ce que je peux conseiller à Soro, c’est de capitaliser les erreurs de Seydou Diarra et Konan Banny. Que Soro évite une attitude de défiance vis-à-vis du chef de l’Etat. Il doit tirer les leçons des échecs précédents de Diarra et de Banny, pour aller à la paix. En tout cas, je voudrais féliciter Soro pour sa nomination et pour l’esprit qu’il a fait régner autour du dialogue direct de Ouaga. Je voudrais le féliciter parce que je sais qu’il y avait des pressions sur lui, mais il a tenu le coup.

De quelles pressions parlez-vous ?
C. B. G : Ce n’est pas à moi de vous le dire. Vous avez vu le défilé qui a eu lieu à Ouagadougou lors du dialogue direct. Le Rdr y est allé, le Pdci qui y est allé. En fait, je veux dire que ceux qui pensaient manipuler Guillaume Soro se sont rendus compte qu’il se sont trompés. On ne manipule pas un Fesciste, qui a fait la clandestinité. Le Fesciste, quand il prend un combat, il connaît les limites du combat, il sait jusqu’où aller, jusqu’où ne pas aller.

Qu’attendez-vous concrètement de Guillaume Soro ?
C. B. G : J’attends qu’il travaille pour les Ivoiriens, qu’il travaille à mettre fin à la situation de guerre qui prévaut dans le pays. Qu’il fasse en sorte qu’il n’y ait plus une Côte d’Ivoire du nord et une Côte d’Ivoire du sud. J’attends de Soro qu’il dépose les armes, qu’il fasse en sorte que la Côte d’Ivoire redevienne une. Et que les Ivoiriens puissent aller librement à Bouaké, à Abidjan et partout en Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce qui vous donne la certitude que M. Soro ne va pas feinter ou dribbler Gbagbo ?
C. B. G : Je n’ai jamais dit que j’ai la certitude que Soro ne va pas feinter ou dribbler Gbagbo. Parce que quand vous me dites qu’est-ce qui me donne la certitude, cela laisse croire que je vous ai dit que j’avais la certitude que Soro ne va pas trahir Gbagbo. Mais, je dis qu’il faut donner la chance au président et au prochain Premier ministre de faire en sorte qu’on aille de l’avant. Il ne faut pas être pessimiste dès le départ. Il faut donner la chance à l’Accord de Ouaga. Parce que comme le président Gbagbo l’a dit, l’échec de cet accord serait catastrophique. S’il y a échec, on ne pourra plus accuser Jacques Chirac ou quelqu’un d’autre, parce que c’est nous-mêmes qui avons signé cet accord, il faut que les Ivoiriens donne la chance à cet accord.

Il est désormais question de la formation d’un gouvernement dans lequel vous êtes annoncé comme ministre d’Etat...
C. B. G : C’est vous qui m’apprenez que je suis annoncé au prochain gouvernement. Pour l’heure, je suis en train de faire la caravane de la paix. Je pense que je suis occupé à voir comment nous allons organiser l’apothéose de la caravane de la paix. Nous nous préparons à prendre la route de Bouaké, pour y faire notre meeting. Pour ce qui est de ma présence au prochain gouvernement, c’est vous qui m’informez. Moi, je fais tranquillement ma caravane de la paix. Je viens à peine d’arriver de San Pedro, où je suis allé réconcilier les jeunes gens de la Fesci, du Cojep, les jeunes Kroumen. Les rumeurs de ma nomination en tant que ministre me sont parvenues à travers la presse. Je n’ai pas de commentaire à faire sur ces rumeurs. Moi, je continue ma caravane de la paix tranquillement.

Accepteriez-vous un poste de ministre au sein du prochain gouvernement ?
C. B. G : Moi, je me considère comme un arbitre de touche. Si je rentre sur l’aire de jeu, qui va maintenant siffler les fautes ? J’ai envie de dire que je préfère partager la souffrance des Ivoiriens que de partager des postes ministériels. Nous n’en sommes pas encore là, ce n’est pas important. Cherchons à recoller les deux morceaux de la Côte d’Ivoire. C’est cela qui est le plus important. Pour l’heure, c’est Soro Guillaume qui a été désigné pour être le nouveau Premier ministre et c’est ce que tout le monde sait.

Si Blé Goudé n’est pas ministre, que gagne-t-il dans l’accord de Ouaga ?
C. B. G : Ce que je gagne, c’est que mon pays retrouve la paix. Ce que je gagne, c’est que mon pays s’est donné les moyens de sa réunification. Ce que je gagne et je l’espère, c’est que mes frères du nord et du sud vont se saluer, que désormais, on ne parlera plus d’une Côte d’Ivoire sous contrôle Forces nouvelles, sous contrôle gouvernemental et qu’on parlera d’une seule Côte d’Ivoire. C’est cela que, moi, je gagne. Voyez-vous, en quittant l’Angleterre pour rentrer en Côte d’Ivoire en 2002, ce n’était pas pour chercher un portefeuille ministériel. Je suis rentré au pays parce que je savais qu’il fallait aussi que les fils de ce pays prouvent qu’ils peuvent se sacrifier pour leur pays. Quand on gifle ton père en ta présence, ce n’est pas ton père qu’on a giflé, c’est à toi qu’on a lancé un défi. Quand on veut mettre mon pays à genoux, en ma présence, et qu’on veut faire croire que mon pays doit être le dernier, c’est un défi qu’on me lance. Je suis content qu’aujourd’hui, les Ivoiriens aient compris qu’il faut qu’on mette fin à cette guerre, que chacun taise son orgueil, qu’on arrête les calculs politiciens et puis qu’on sorte ce pays de cette guerre pour qu’on fasse autre chose.

Vous avez déclaré que vous êtes désormais au pouvoir avec Soro à la Primature. Qu’est-ce à dire ?
C. B. G : J’avais voulu dire que nous les enfants de pauvres, nous sommes au pouvoir désormais. J’ai dit que nous avons pris le pouvoir, nous les Ivoiriens, parce que c’est le premier des Ivoiriens, le Chef de l’Etat qui, par sa volonté, est en train de faire de Soro Guillaume Premier ministre de Côte d’Ivoire. C’est par la volonté du chef de l’Etat et de Soro que l’accord de Ouaga a été signé. Vous comprenez, c’est par sa volonté que les fils de la Côte d’Ivoire se sont assis et ont impulsé le dialogue direct. Pour moi, c’est très important parce que jusque-là, on nous imposait des Premiers ministres de l’extérieur du pays. Celui que le chef de l’Etat vient d’appeler à ses côtés, celui qu’on peut appeler désormais le Premier ministre Guillaume Soro, moi, je le connais bien. Ses parents sont pauvres, tout comme les miens. Alors, quand je fais ce constat, je constate que les enfants de pauvres que nous sommes avons désormais accès au sommet de l’Etat. Mais, seulement, c’est la manière pour y arriver que je condamne. Mais, je pense que tout individu peut changer. Donnons la chance à chaque individu de changer. En Afrique du Sud, j’ai vu la Commission vérité et reconciliation et j’ai vu des Sud-Africains qui ont été tués et massacrés, mais le pardon a prévalu. C’est ce que nous souhaitons pour la Côte d’Ivoire.

Vous demandez donc aux Ivoiriens de pardonner à Soro ?
C. B. G : Pas seulement à Soro. Je veux que tous les Ivoiriens se pardonnent réciproquement. Moi, je suis en train de faire la campagne de la paix. Quand je suis en train de faire la campagne de la paix, je ne peux que pardonner et demander aux gens de pardonner. La valeur du pardon réside dans la gravité de l’acte pardonné. Oui, je demande aux Ivoiriens de pardonner à tous ceux, au nord comme au sud, qui leur ont fait du mal. Voyez-vous, je n’ai pas combattu Guillaume Soro, j’ai combattu la prise des armes, il faut que ce soit très clair. Aujourd’hui, avec l’évolution de la situation, nous nous rendons compte que notre position, que notre division est exploitée par ceux qui se font passer pour notre tuteur éternel pour retarder notre pays.

Vous pardonnez à ceux qui ont pris les armes et vous êtes pour la mise à l’écart du Premier ministre Banny. N’est-ce pas que cela crée d’autres frustrations ?
C. B. G : Banny est mis à l’écart par qui et pourquoi ? Banny est-il mis à l’écart parce qu’il n’est plus Premier ministre de Côte d’Ivoire ? Mais, on n’est pas en guerre pour que Banny soit Premier ministre. On n’a pas été à Lomé, à Accra, à Marcoussis et à Pretoria pour que Banny soit Premier ministre. Je demande au Premier ministre Banny d’éviter de dresser les Ivoiriens contre sa personne, d’éviter de jouer les pleurnichards. Pourquoi lui avait-on demandé à Banny de venir occuper la primature ? C’était pour que le pays sorte de la situation de guerre pour renouer avec la paix. Près de deux ans après sa mission, on se rend compte qu’on n’est pas proche de la paix. Nous avons un moteur qui est en panne, nous cherchons les meilleures pièces pour le faire redémarrer, pour faire fonctionner. C’est comme cela qu’il faut comprendre les choses. Mais Banny, qui refuse de voir les choses de cette façon, a mobilisé des chefs baoulé, heureusement que n’est pas eux tous, pour réclamer son maintien à la primature. Des pseudo-chefs qui ont tenu des discours tribalistes, dignes d’une autre époque. C’est vraiment triste que M. Banny ait tenté de mettre des baoulé en rébellion parce qu’il part de la primature. Mais, de cette même primature, Affi N’guessan est parti. Le président du Fpi n’a pas pour autant réuni les Agnis de Côte d’Ivoire pour exiger son maintien. Seydou Diarra est parti, sans demander aux gens de sa région de réclamer son maintien. Le Premier ministre Banny est venu, il a servi la Côte d’Ivoire comme il pouvait, dans les limites de ses possibilités. Aujourd’hui, ceux qui avaient dit oui à sa nomination au poste de Premier ministre ont souhaité son départ. Il doit le comprendre tout simplement et partir sans dresser les Ivoiriens les uns contre les autres.

N’est-ce pas la mauvaise foi des acteurs de la crise, dont vous-même, qui a compliqué les choses à Banny ? C. B. G : Vous pouvez prendre les choses de cette façon, c’est votre opinion. Mais ce que, moi, je suis en train de dire, c’est que quand on vient pour une mission précise et qu’on n’a pas réussi cette mission et que ceux qui vous ont confié cette mission veulent la confier à quelqu’un d’autre, il faut éviter de vous accrocher.

Oui mais, la vérité, c’est que les belligérants de la crise ont rendu difficile la tâche de Banny... C. B. G : C’est Banny lui-même qui rendu sa tâche difficile. Nommé Premier ministre à la faveur de la résolution de la résolution 1633, Banny s’est voulu plus rusé et plus intelligent que les principaux acteurs de la crise. Et tous les acteurs politiques le voyaient comme un animal de la ville qui venait d’arriver en brousse. Et tout le monde le regardait dans tout ce qu’il faisait. Banny s’est cru plus malin que le président Gbagbo, que Bédié, qu’Alassane Ouattara, que Soro. Et tout le monde l’a laissé gesticuler. Après la mort du crapaud, l’on a vu sa longueur aujourd’hui. Banny a voulu se servir de cette crise pour faire de la politique et non pour sortir les Ivoiriens de la situation de guerre. Aujourd’hui, Banny a certainement compris que tous ceux qui le soutenaient dans cette logique suicidaire et qui défilaient chez lui ne le faisait que par intérêt.

Vous êtes annoncé à Bouaké depuis plusieurs semaines. C’est pour quand finalement ?
C. B. G : Le problème de la Côte d’Ivoire ne se pose pas en termes de temps. La caravane de la paix que nous avons initiée va au rythme du dialogue direct. Je dis que nous irons à Bouaké avec l’accord de Guillaume Soro. Nous avons déjà fait le tour de la zone gouvernementale. Le 14 avril prochain, nous faisons l’apothéose de la caravane dans la zone gouvernementale. Il est prévu, en tout cas, qu’une forte délégation de nos frères de Bouaké prenne part à cette apothéose au cpmplexe sportif de Yamoussoukro. Et c’est à cette occasion-là, que la date de notre départ à Bouaké sera connue. Cette date sera annoncée par nos frères de Bouaké, eux-mêmes.

FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT. BLE GOUDE : "LE ROLE QUE JE VAIS JOUER"


L'INTER, QUOTIDIEN IVOIRIEN D'INFORMATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES
jeudi 29 mars 2007 par JMK AHOUSSOU

L’inter : Après Anyama, San Pedro et Yamoussoukro, comment se déroule la Caravane de Paix en ce moment ?
Charles Blé Goudé : La caravane a connu un succès qui a dépassé toutes nos espérances. Que ce soit à Anyama, Méagui, San Pedro ou Yamoussoukro. Et je voudrais profiter de vos colonnes pour remercier tous ces imams, ces vieux, ces jeunes, ces femmes et tous ces cadres de ces différentes régions qui nous ont accueillis et qui nous accueillent bientôt. Cela montre que toutes ces populations ne veulent qu’une chose : La Paix.

L’inter : Pour certains militants du RDR, vous êtes en campagne sur leur terrain...
C.B.G. : Ils ont tort de penser ainsi et ceux qui ne viennent pas à nos rassemblements ont tort aussi, parce que lors de nos rassemblements, nous ne parlons que de paix. Si aujourd’hui, nos frères du Nord et les Imams viennent nombreux faire des bénédictions, cela traduit leur volonté inexorable d’aller à la paix. Je souhaite qu’on évite de politiser cette caravane. Je n’ai jamais profité de cette caravane pour exposer le projet de société de Gbagbo Laurent. Je ne parle que de paix et je souhaite que notre message soit perçu ainsi. Je lance un appel à tous les Ivoiriens afin qu’ils quittent leurs chapelles politiques pour qu’une fois, nous ne parlions que de paix dans ce pays. C’est de ça qu’on a besoin maintenant.

L’inter : Pendant que votre caravane se déroulait en Côte d’Ivoire, le dialogue direct avait lieu à Ouaga. Pourquoi avez-vous été absent à ce grand rendez-vous ?
C.B.G.: Il faut que chaque Ivoirien apprenne à apporter sa pierre à la construction de l’édifice de la paix dans son domaine de compétence. Au moment où les autres étaient à Ouaga, nous étions en plein dans la caravane pour la paix avec des centaines de milliers d’Ivoiriens lors de nos rassemblements. Et Soro Guillaume a été nommé Premier ministre sans que cela ne suscite de mouvements de protestation à Abidjan ou ailleurs. Cela voudrait dire que les esprits étaient préparés à accompagner les résolutions de l’Accord de Ouagadougou. Je n’étais pas à Ouaga par ce que j’étais en Côte d’Ivoire et je jouais mon rôle pour accompagner le dialogue direct. Mieux, je voudrais dire que j’étais à Ouaga parce que ceux qui étaient désignés par le chef de l’Etat pour représenter la République de Côte d’Ivoire l’étaient en notre nom à nous tous. Konaté Navigué était à Ouaga en tant que jeune ivoirien. A travers lui, je n’ai vu que la jeunesse qui était représentée là-bas. Soro Guillaume était à Ouagadougou et à travers lui, je peux dire que j’étais à Ouagadougou. Seulement, j’étais ailleurs.

L’inter : Quelle lecture faites vous de l’Accord de Ouagadougou ? C.B.G. : Tout d’abord, je salue l’Accord. En Irlande, les protestants et les catholiques, ennemis jurés, viennent de signer un accord pour gérer leur pays. Bien avant, l’Allemagne s’est réunifiée. C’est dire que là où il y a des conflits, les gens ont compris ce qu’il fallait faire pour le peuple. Une intelligence seule ne peut pas développer le pays. Ces accords sont adaptés à l’évolution du monde. Première chose. Deuxième chose, cet accord montre que tout le monde est maintenant prêt mentalement à faire des concessions. Ce qui n’était pas possible il y a 2 ans. Troisième chose, cet accord est un signal fort à l’Occident, surtout à la France à qui nous voulons montrer que nous Africains, nous pouvons régler un problème qui se pose à nous. Quatrième chose, cet accord a redonné le pouvoir aux Ivoiriens, parce que l’actuel Premier ministre, M. Soro Guillaume, l’est par la volonté du Président Laurent Gbagbo. Ce qui n’était pas le cas pour Seydou Diarra et Charles Konan Banny qui étaient Premiers ministres par la volonté de la France. Je pense que c’est un bon accord pour la Côte d’Ivoire.

L’inter : Des tractations intenses ont lieu pour la formation du gouvernement. On vous annonce à un ministère d’Etat...
C.B.G. : A la veille de la formation d’un nouveau gouvernement, il y a toujours beaucoup de commentaires et chacun y va de son imagination. En Côte d’Ivoire, on nous a habitué à cela. Je ne suis pas ému par ce débat et je continue ma Caravane de la Paix. Ce week-end, j’irai à Bonon, Bouaflé et autres. Le 7 avril prochain, je rencontrerai les Burkinabé de Côte d’Ivoire à Koumassi. Je pense que c’est ça qui est l’essentiel.

L’inter : Blé Goudé n’est donc pas intéressé par un poste ministériel ?
C.B.G. : Ce n’est pas à l’ordre du jour et je vous rappelle que je suis en train de faire ma Caravane de Paix. En Côte d’Ivoire, que ce soit les journalistes ou certaines personnes, j’ai entendu dire qu’on m’a même offert trois postes. Ce sont les commentaires des Ivoiriens.

L’inter : Mais une radio sérieuse comme RFI vous a annoncé au ministère de la Sécurité...
C.B.G. : Je voudrais mettre fin à ce débat. Ma culture politique m’enseigne qu’on peut ne pas être ministre et se sentir bien dans sa peau. Je me suis donné le rôle d’un arbitre de touche. Et donc, je vais siffler les fautes. Parce que si tout le monde monte sur le terrain, qui va siffler les fautes sur l’aire de jeu ? Or, il y aura toujours des fautes. Je préfère partager les souffrances des Ivoiriens que de partager les portefeuilles ministériels. La guerre est finie et il faut quelqu’un pour accompagner le processus.

L’inter : Cela voudrait dire que vous renoncez au gouvernement ? C.B.G. : Chacun a ses principes dans la vie. Il faut éviter de créer des polémiques autour de cette équipe gouvernementale formée par le chef de l’Etat et son Premier ministre. Je ne me sens pas concerné et ces rumeurs nous envahissent nous tous. Il faut que chacun de nous apprenne à jouer le rôle qui est le sien.

L’inter : Mais, si vous refusez, vous donnerez raison à ceux qui pensent que vous vous sentez mieux dans la rue parce que la rue vous rapporte gros. Vous avez refusé d’intégrer les équipes Seydou Diarra et Banny...
C.B.G. : Je ne pose pas d’actions politiques pour faire plaisir à des gens. J’ai un idéal que je veux atteindre. Il y a des gens avec qui j’étais dans la rue et qui ont besoin que cette guerre prenne fin pour que chacun puisse retrouver sa dignité. Retrouver sa dignité, c’est de pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants. Est- ce que occuper un poste ministériel peut mettre fin à ça ? Maintenant, je ne peux pas empêcher quelqu’un de faire ce qu’il veut. Je suis d’accord avec eux pour dire qu’on peut ne pas être ministre et se sentir bien dans sa peau. Cela ne voudrait pas dire qu’on est mieux rémunéré. Non, se sentir mieux, c’est respecter les principes qu’on s’est fixés et qu’on croit bons. Pour moi, le leader, c’est celui qui libère les autres. Le leader vient pour servir une cause et non pour se servir. Un poste de ministre n’est pas une fin en soi.

L’inter : Vous avez été annoncé à Bouaké et jusque là, rien...
C.B.G. : Nous irons à Bouaké avec la caution de Guillaume Soro.

L’inter : Mais Drogba y est en ce moment
C.B.G. : Drogba n’est pas politique. Drogba, c’est Drogba et Blé Goudé, c’est Blé Goudé. Drogba a eu un trophée qui honore notre pays. Il l’a présenté aux Ivoiriens sous la zone gouvernementale. Il va aussi rendre heureux ceux qui sont de l’autre côté. Je salue cet acte là. Mais moi, j’attends que le frère Guillaume Soro finisse avec cette histoire. En ce moment, il n’a pas du tout de temps. J’imagine le nombre de CV qui se trouve sur sa table. Ceux qui veulent être conseillers, ministres et autres. Nous allons sillonner la zone gouvernementale en attendant que les choses soient claires. Nous attendons qu’eux mêmes nous invitent à Bouaké. Je rappelle qu’ils sont invités à la clôture de la Caravane de la Paix qui aura lieu à Abidjan. C’est à cette date là que certainement ils vont annoncer qu’ils attendent leurs frères patriotes à Bouaké. Didier Drogba n’a que des admirateurs à Bouaké, alors que ce n’est pas le cas pour nous. Nous sommes obligés de suivre une certaine ligne.

L’inter : Vous êtes en contact téléphonique permanent avec Soro. Cela voudrait dire que le mur de la méfiance est tombé ?
C.B.G. : Je ne réponds pas. Au moment où je vous parle, Soro n’est plus le camarade Soro, c’est le Premier ministre (rires). Je pense que toutes ses activités ont besoin d’être marquées du sceau de la discrétion. Mes amis et moi, nous respectons les institutions de la République. Quel que soit l’individu qu’on met à la tête d’une institution, nous avons le droit de le respecter.

L’inter : Le sentez-vous dans des dispositions d’aller à la paix ? C.B.G. : Le fait d’avoir accepté ce dialogue direct, malgré l’opposition de ses alliés, montre qu’il a pris son destin en main pour dire qu’il faut respecter l’accord que nous avons signé. J’ai reconnu Soro et je souhaite qu’il continue ainsi. Qu’il prenne son indépendance parce qu’au bout du compte, l’histoire nous enseigne que les rébellions finissent toujours par éclater dans les mains de leurs organisateurs. Ceux qui le poussent à maintenir le statut quo sont à Abidjan ou à Paris. Ils n’ont aucune pression, alors que lui, a la pression. Je salue le fait que par sa formation de communiste, il ait pu interpréter les signes du temps. Je suis convaincu qu’on ira à la paix. Je souhaite que chacun joue son rôle dans son domaine de compétence et que tout le monde accompagne ce processus sans ruminer l’idée qu’on vienne représenter un gourou. Non, qu’on vienne travailler avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour sortir la Côte d’Ivoire de cette situation. Mieux je propose à Soro de capitaliser les erreurs de Seydou Diarra et de Charles Konan Banny. Lesquels ont défié le Chef de l’Etat et on sait comment ils ont fini. La France travaille pour la France et les autorités françaises travaillent pour les autorités françaises.

L’inter : Le Premier ministre Charles Konan Banny s’en va. Quel est votre commentaire sur son départ ?
C.B.G. : Je ne suis pas surpris, parce qu’il y a quelques mois j’ai fait une interview dans un journal de la place où déjà j’avais interpellé le Premier ministre sur le fait qu’il prenne sur lui-même de créer les germes de sa propre destruction. Il recrutait au RDR, au PDCI. Il recrutait également dans les parlements et agoras. Banny avait fini par mettre tout le monde contre lui. On ne commence pas à 60 ans. La politique est un métier qu’on apprend. Il pensait que personne ne le voyait venir. Je souhaite qu’il tire les leçons de son échec. Il a dit qu’il est un homme de mission et sa mission s’est achevée. La Côte d’Ivoire a beaucoup de missions et certainement qu’elle lui en confiera d’autres.

NOUVEAU CHEF DU GOUVERNEMENT


Le Matin d'Abidjan
Comment Gbagbo et Blé Goudé ont couronné Soro

Il a succédé depuis lundi dernier à Charles Konan Banny, l'ancien locataire de la maison blanche du Plateau. Ce triomphe, Guillaume Soro, plus que tout, le doit à un gros investissement politique de ses adversaires du camp présidentiel ivoirien. Démonstration.

Depuis avant-hier et en attendant la signature du décret présidentiel devant achever la procédure d'officialisation de sa nomination, Guillaume Soro est le nouveau premier ministre de Côte d'Ivoire. Il devient ainsi le 4ème du genre depuis la dernière présidentielle ivoirienne d'octobre 2000. Une grosse promotion pour cet ancien leader étudiant qui a pris les armes contre son pays un soir de septembre 2002. Et cela au grand malheur de son aîné Charles Konan Banny, tombé en disgrâce vis-à-vis de la communauté internationale et aujourd'hui contraint de prendre l'ascenseur retour en direction de son Yamoussoukro natal. La victoire ayant la paternité multiple, c'est sûr qu'il s'en trouvera pour revendiquer l'élévation de Guillaume Soro au poste de nouveau " primus ". Sans forcément nier l'investissement des uns et des autres, nous relèverons objectivement deux faits politiques majeurs qui ont servi de véritables adjuvants au succès du Sg du Mpci. Il s'agit en premier, du dialogue direct proposé par le président Laurent Gbagbo à la rébellion. La main tendue du chef de l'Etat s'est véritablement présentée comme une aubaine pour " Bogota " et les siens,- menacés par l'usure du temps et le délitement de leur mouvement-, pour se relancer politiquement. Car au plan international comme en interne, leur étoile n'était plus aussi brillante qu'au début de la crise. En effet, l'histoire des rébellions en Afrique nous enseigne que plus un mouvement rebelle s'inscrit dans la durée plus il s'expose à une violente crise interne, les uns criant à la trahison des autres. Et dans le cas singulier de Guillaume Soro, l'on n'était pas très loin d'un pareil cas de figure avec la grogne continue des combattants faméliques, qui regardaient, le cœur serré et la gorge nouée de rage, les chefs s'embourgeoiser après avoir tourné le dos à la mission initiale : celle de chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Le regard perçant des soldats était devenu une réelle menace pour la sécurité du n°2 du gouvernement sortant. C'est en cela que la proposition d'enrôler 40.000 jeunes dans le service civique national a été considérée à Bouaké comme une véritable manne céleste. Parce qu'elle réglait du coup la question de la réinsertion des jeunes qui ont cru au mouvement rebelle en abandonnant travaux champêtres et autres petits métiers. Donc en prenant au bond la balle à lui lancée par le président Laurent Gbagbo, d'un, Soro a trouvé une réponse à l'attente de ses combattants mais de deux et fait majeur, il est devenu le nouveau patron de l'opposition ivoirienne ; un statut que lui ont longtemps refusé les partis houphouétistes du Rhdp. On a encore en mémoire le revers que ceux-ci lui avaient fait subir en décembre 2005, lorsque Guillaume avait clairement exprimé son désir de briguer la primature suite au limogeage de Seydou Diarra. Désormais hissé sur ce piédestal, il fallait maintenant préparer les populations du Sud à l'accepter dans leurs cœurs meurtris par cinq longues années de crise. C'est à ce niveau,-et c'est le deuxième fait-, qu'intervient la partition de Charles Blé Goudé. Ce dernier avec la caravane de la paix dénommée " prends ma main mon frère, prends ma main ma sœur ", a aidé à désarmer les cœurs et mieux, à les préparer à recevoir Soro à Abidjan. Pendant plus d'un mois, on a ainsi vu le leader des jeunes patriotes parcourir les principales villes de la zone gouvernementale pour appeler au pardon et à l'acceptation des adversaires d'hier. Travailler à extraire la haine des poitrines des victimes et autres déplacés de guerre. Ainsi préparées psychologiquement, les populations du Sud ont aisément digéré la nomination de Soro à la primature. Un schéma quasiment impossible il y a quelques mois. Car la crise ivoirienne nous a montré qu'une chose est d'être nommé et une autre est de pouvoir être accepté effectivement à Abidjan. Seydou Diarra en sait quelque chose, lui qui un soir de janvier 2003, n'avait pas pu atterrir à l'aéroport Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët, après sa nomination à l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris, suite à l'Accord de Linas-Marcoussis. Le septuagénaire avait dû détourner son avion sur Dakar, le temps que le volcan abidjanais se calme. Voilà comment mis l'un dans l'autre, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont organisé le couronnement de Guillaume Soro à la primature. Pour le réussir ils ont dû puiser au fond d'eux-mêmes pour se détourner de la haine qu'ils étaient naturellement en droit de nourrir vis-à-vis du leader du Mpci pour tous les coups portés au camp présidentiel depuis le 19 septembre 2002. Ils ont montré que dans l'intérêt supérieur de la paix et de la Nation, ils étaient capables de dépassement et d'abandon des ressentiments personnels. C'est assurément une leçon politique à Bédié et Ouattara qui gardent chacun une dent vengeresse contre le chef de l'Etat auquel ils reprochent bien des choses.

Géraldine Diomandé

CARAVANE DE LA PAIX A DABOU


Le Matin d'Abidjan
Blé Goudé : "Avec Gbagbo et Soro, les pauvres ont le pouvoir"

Le président du congrès de la jeunesse panafricaine (COJEP) n'oubliera pas de sitôt son passage dans la cité du Leboutou le samedi 24 mars dernier. Le peuple de cette ville à travers le chef de terre en attendant la cérémonie d'intronisation, l'a fait chef Adjoukrou en lui offrant les attributs y afférents. Blé Goudé Charles se prénomme désormais Agnimel. Fort de cette onction, le président du COJEP a fait savoir à la communauté malinké de Dabou que c'est en toute sincérité qu'il prône la paix entre les Ivoiriens. Il leur a indiqué qu'il ne trahira pas le peuple dans cette œuvre de paix. " Lavez vos cœurs, oublions toutes les frustrations et pour la Côte d'Ivoire acceptons d'oublier nos meurtrissures ", a conseillé le " général " aux nombreux jeunes regroupés à la place Henri Konan Bédié. Il a enseigné à ses jeunes frères que malgré sa situation de crise, la Côte d'Ivoire fait face à toutes ses charges internes comme externes. Il est donc impérieux que les Ivoiriens du Nord, du Sud, de l'Est et de l'Ouest se donnent la main pour réunifier leur pays afin de le hisser sur le podium international. Le leader de la galaxie patriotique s'est indigné que les Ivoiriens ne soient pas libres de leurs mouvements en Côte d'Ivoire. " Ce n'est pas normal que les jeunes du Sud empêchent ceux du Nord de circuler librement et vice-versa pendant que les forces étrangères ont toute la latitude d'aller et de venir du Nord au Sud. Il faut qu'on arrête cela. Nous devons nous réconcilier en vue de faire partir ces forces étrangères de notre pays ", exhorte-t-il. A en croire Blé, l'accord de Ouagadougou signé entre le président Gbagbo et Soro en terre burkinabè est un symbole pour l'Afrique. Parce que cela démontre que les Africains sont mûrs pour résoudre eux-mêmes leurs problèmes. " Avec Laurent Gbagbo, président et Soro Guillaume, premier ministre, nous avons le contrôle total du pouvoir ", explique le président du COJEP. Ce " nous ", il le symbolise par les pauvres car selon lui : " cette guerre est celle des pauvres et de leurs enfants qui aspirent à être riches mais qui sont empêchés. Laurent Gbagbo, fils de pauvre, Soro, fils de pauvre, nous les pauvres avons le pouvoir ", démontre-t-il sous les hourras des populations. La crise, poursuit Blé Goudé, enseigne désormais que la jeunesse doit prendre ses responsabilités dans la construction d'une nouvelle Côte d'Ivoire. C'est aux jeunes, dit-il, qu'il revient de changer la classe politique ivoirienne. Réitérant son appel à la paix, le caravanier de la paix exhorte les Ivoiriens à tuer leur orgueil afin de regarder l'avenir avec optimisme. Au nom de la jeunesse musulmane, Koné Adama a exprimé son adhésion totale à la caravane de la paix. Cependant, il demande que la réconciliation se fasse dans la vérité, la sincérité et l'amour. " Mettons-nous au-dessus des querelles politiciennes et construisons le pays ", a souhaité Koné Adama. Avant de préciser que le musulman n'est pas forcément malinké ou militant du RDR.

FABRICE TETE

mardi, 27 mars 2007

DROGBA : “ALLER A BOUAKE POUR FETER AVEC LES AUTRES FRERES ... ”


Par Fraternité Matin

Que ressentez-vous à ce moment précis ?
Je suis heureux de retrouver mon pays et le peuple ivoirien qui m'a toujours soutenu. Je suis étonné de voir tant de monde Aujourd'hui, j'ai eu un peu de temps pour venir présenter mon Ballon d'or à la Côte d'Ivoire. C'est le Ballon d'or de tous ces Ivoiriens qui ont souffert et prié pour moi. C'est une façon de leur dire merci. J'ai deux jours à passer ici et j'essayerai, au maximum, d'être à leur contact. Je les embrasse tous.

Parmi ceux qui sont venus vous accueillir figure votre grand-mère. Comment vivez-vous cette présence ?
C'est très important pour moi de revenir ici et de revoir ma grand-mère. Elle est très vieille mais elle a tenu à être là. Je suis très touché.

Après Abidjan, vous désirez aller présenter votre trophée à Bouaké. Quelles en sont les vraies raisons ?
Bouaké est une partie de la Côte d'Ivoire. Ceux qui vivent là-bas m'ont aussi soutenu. Ils ont toujours été de cœur avec les Eléphants. Ils ont beaucoup prié pour nous à chacune de nos sorties. Je suis aussi ambassadeur de la paix. Aujourd'hui, avec les efforts qui sont en train d'être fournis de part et d'autre pour un retour effectif de la paix en Côte d'Ivoire, j'ai demandé la permission au Chef de l'Etat pour me rendre à Bouaké et dire merci à nos frères et sœurs de là-bas et partager avec eux la joie qui m'anime. Je remercie le Chef de l'Etat d'avoir répondu favorablement à ma requête.

Que représente pour vous Salomon Kalou qui a tenu à vous accompagner à Abidjan ?
C'est un petit frère avec qui je m'entends bien. Il a du talent et est en train de démontrer que l'avenir lui appartient. Je l'encadre et il m'écoute bien. Je le remercie d'avoir accepté de servir son pays.

Quelle a été la réaction de vos coéquipiers et de vos amis après votre sacre ?
Ils sont évidemment tous contents. Ce n'est pas un évènement qui arrive tous les jours et nous avons essayé de le célébrer de la meilleure des façons.

Dans le cadre de la Can 2008, vous revenez victorieux de Madagascar. Comment entrevoyez-vous la suite ?
Ça va être difficile mais on verra…


Interview réalisée par Jean-Baptiste Béhi
Express
ARRIVÉE. Annoncé pour 15 heures, c'est finalement à 15h 45 que Didier Drogba est arrivé à l'Aéroport international Félix Houphouet-Boigny, à bord du Grumman présidentiel. Il était en compagnie du ministre Dagobert Banzio et de quelques membres de la FIF dont le président Jacques Anouma et Idriss Diallo. VIOLENCE. Un supporter ivoirien qui tenait à toucher Drogba, a été violenté par des forces de défense et de sécurité. Il se plaint de douleurs persistantes à la poitrine. PRESENCE. Il y avait du beau monde au Palais de la Présidence hier. Entre autres, Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social, plusieurs anciens joueurs et dirigeants de club sans oublier une délégation venue de Niaprahio, village de Didier Drogba. PRESENTATION. Thierno Seydi, le manager général de Drogba, est également du voyage d'Abidjan. Il a été présenté au Chef de l'Etat. ACCUEIL. L'Union nationale de la Presse Sportive de Côte d'Ivoire (UNPSCI) était également à l'aéroport pour accueillir le capitaine des éléphants.

GESTION DU POUVOIR D'ETAT


Le matin d'abidjan
Blé Goudé à Soro : "Il faut tirer les leçons des échecs de Banny et de Diarra"

Le président du COJEP exhorte le leader des forces nouvelles, une fois à la Primature, à éviter de défier le président de la République. Au risque de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

La caravane de la paix a pris ses quartiers ce dimanche 25 mars à Alépé, ville dans laquelle l'initiateur de cette œuvre en faveur de la paix a obtenu le BEPC alors qu'il fréquentait le collège d'enseignement général. A l'esplanade de la mairie où s'est tenu le meeting, Charles Blé Goudé a donné des conseils avisés à son frère Soro Guillaume. Qui, dans quelques jours, sera le nouveau locataire de la Primature dans le cadre de l'application de l'accord de Ouagadougou. Le leader des forces nouvelles va donc gérer le pouvoir en collaboration avec le président de la République. D'ores et déjà, Blé Goudé lui prodigue des conseils et attire son attention sur des agissements qui ont conduit ceux qui l'ont précédé à ce poste droit dans le mur. " Banny et Seydou Diarra ont échoué dans leur mission lorsque, de retour de voyage à Paris, chacun a réclamé à cor et à cri les pleins pouvoirs de l'exécutif. Ils n'ont pas compris qu'il fallait respecter le chef qui a été établi par Dieu à travers le peuple. J'ose donc espérer que mon frère et ami Soro Guillaume va savoir tirer les leçons des échecs de Banny et de Diarra. Lui au moins, c'est par la volonté du Président Gbagbo qu'il sera nommé Premier ministre et non celle de la France comme ce fut le cas pour ses prédécesseurs ", a expliqué le messager de la paix. Il conseille donc à son ancien compagnon de la FESCI de savoir saisir sa chance afin que le pays soit réunifié. Car, persiste-t-il, "tous ceux qui voudront travailler pour la France vont échouer ". Pour Blé Goudé, avec Soro Guillaume à la Primature aux côtés de Gbagbo à la présidence de la République, "ce sont deux hommes de gauche qui ont pris le pouvoir, c'est le fils qui retrouve son tuteur". A ses frères et parents d'Alépé, Blé Goudé a confié que la Côte d'Ivoire a besoin de paix pour démarrer son développement. " Les Ivoiriens doivent se donner la main pour reconstruire le pays. Nous devons assumer dans la maturité le refus de toujours tendre la main à l'Occident. La meilleure façon de le prouver, c'est de résoudre la crise par nous-mêmes comme l'a démontré le Président Gbagbo à travers la signature de l'accord de Ouagadougou. Nous devons accompagner sans calcul cet accord, car la signature du président de la République nous engage tous ", a recommandé le leader de la galaxie patriotique. Le seul combat qui vaille d'être mené est celui de l'avenir du pays et non celui des leaders de mouvements, explique-t-il. La jeunesse, à l'en croire, doit mener le combat du développement dès maintenant car cette guerre l'a plongée dans un retard considérable. " Nous devons reprendre le contrôle de notre pays en nous réconciliant pour faire partir les forces étrangères de notre terre. Faisons table rase du passé où chacun de nous a été frustré, brimé, opprimé ", martèle Blé Goudé. Au nom du maire, M. Kouao François, son adjoint, a félicité Blé Goudé pour cette noble initiative. Selon lui, le président du COJEP représente Josué auprès de Moïse (Gbagbo) dans la bible, qui a toujours appris patiemment aux côtés du maître. A en croire Laurent Akoun, député, " la génération de Blé Goudé doit tenir le rôle qui lui est dû parce que c'est son époque.'' Et de préciser son idée : '' Les devanciers que nous sommes, nous ne devons pas vous faire ombrage. Mais nous devons vous soutenir et amplifier votre combat ". Pour sa part, le président du conseil général, le colonel N'Cho Aboeya Léon a soutenu que son département est un havre de paix et qu'il est prêt à embarquer dans la caravane de la paix. Cet attachement à la paix a permis à Alépé, à travers ses fils et filles, de résoudre les nombreux conflits qui sont intervenus entre les différentes communautés. " Les grands hommes sont ceux qui pardonnent, le président de la République en est un, ainsi que Blé Goudé ", souligne-t-il. Le colonel a exhorté Soro Guillaume à saisir fermement la main que lui a tendue le chef de l'Etat dans le cadre de l'accord de Ouagadougou.

FABRICE TETE,
Envoyé spécial à Alépé

lundi, 26 mars 2007

POEME

La lutte continue

Le sang des martyrs
Coule sur le temple de Thémis
Le rêve des hommes du peuple
S’écoule sur les brancards des brancardiers

Les supplices, les pleurs des femmes
S’accrochent aux pieds
Des forces de l’ordre

L’appel de nos ombres tonne
La voix des sans voix retenties
La lutte continue


Goze Francis Alfier
Coordinateur Cojep. Bern

PRIMATURE :BANNY S'EN VA - SORO GUILLAUME, 1ER MINISTRE DU G7



COMMENT COMPTE-T-IL PARTAGER LE POUVOIR EXECUTIF AVEC GBAGBO ?

Sauf bouleversement politique de dernière heure, le secrétaire général des Forces nouvelles, qui est l`un des 5 leaders politiques du G7, sera désigné comme nouveau Premier ministre de la Côte d`Ivoire. Un Premier ministre issu donc de l`opposition ivoirienne regroupée au sein du G7. Mais véritablement, comment et pourquoi en est-on arrivé-là ?

"Dans le chronogramme, c`est prévu que le Premier ministre soit nommé à la fin de ce mois et que le gouvernement soit formé dans la première semaine du mois d`avril. Je pense que les engagements seront tenus". Telle est l`information, du reste capitale, lâchée jeudi dernier par le ministre burkinabé de la Sécurité, Djibrill Bassolé qui, au nom du facilitateur du dialogue direct, le Président du Faso et chef de l`Etat Blaise Compaoré, avait reçu jeudi en audience M. Abou Moussa, représentant par intérim du secrétaire général des Nations Unies en Côte d`Ivoire et M. Stoudmann, Haut représentant des Nations unies pour les élections dans notre pays. Une déclaration largement relayée par la presse ivoirienne et par les confrères internationaux. Parce qu`elle est importante, mais aussi parce qu`elle met fin à toutes les supputations et à toutes les rumeurs. Gbagbo Laurent restera confortablement dans son fauteuil de Président de la République et Soro Guillaume, avec qui il gère les deux blocs de la Côte d`Ivoire depuis le 19 septembre 2002, sera nommé, disons plutôt désigné Premier ministre dans quelques jours seulement. Ouaga a donc coupé la poire en deux. Le pouvoir est divisé en deux. Les deux chefs des deux parties armées et belligérantes auront à gérer. Pour Gbagbo, la présidence de la République, et pour Soro, la Primature. Sous la forme d`une simple collaboration ? " Non, Soro ne sera pas et ne se comportera pas comme un collaborateur aux ordres de Gbagbo. Il se comportera plutôt comme un opposant à Gbagbo qui exercera une forte pression sur lui pour qu`enfin on arrive à l`organisation d`élections justes, transparentes et crédibles", nous a confié hier une source bien introduite dans le "DDO". Et qui ajoutera d`ailleurs que " contrairement à Seydou Diarra et à Charles Konan Banny qui étaient des Premiers ministres indépendants, voire impartiaux, Soro Guillaume est et se reconnaît comme un Premier ministre de l`opposition, issu donc du G7. Et comme tel, il ne fera rien sans l`avis des leaders politiques de ce groupement politique. Ses succès seront les succès du G7 et ses échecs seront les échecs du G7. Il faut donc que le G7 fasse bloc derrière lui pour ne pas paraître ridicule aux yeux du camp Gbagbo et aux yeux de la communauté internationale, surtout que celle-ci a trouvé l`opposition ivoirienne passive et molle bien que des situations en or se soient présentées à elle pour renverser la situation socio-politique et parfois même chasser le régime FPI du pouvoir. L`opposition ivoirienne a failli. Elle doit à présent s`adapter à la nouvelle donne politique issue de Ouaga. Une pilule dure à avaler pour certains partis politiques qui ont espéré toujours en la résolution 1721, mais qui, hélàs, en réalité, deviendra un très vieux souvenir dans quelques heures ou si nous voulons être gentil dans quelques jours. C`est une réalité implacable que l`on ne saurait cacher à l`image du soleil que la main, même la plus large, ne peut cacher.

Du partage du pouvoir

Les discussions sur le cadre institutionnel de l`accord de Ouaga qui démarrent ce lundi devront aboutir absolument à un "partage équitable" du pouvoir exécutif. Soro ne sera pas aux ordres de Gbagbo, nous indique-t-on ici. Soro ne sera pas en tandem avec Gbagbo, car une quelconque compromission acceptée par le Premier risque de lui être fatale et d`être fatale à ses combattants et aux non combattants qui l`ont soutenu dans sa lutte d`une manière ou d`une autre. Le gouvernement que Soro Guillaume sera amené à composer et à proposer à Gbagbo dans la première semaine du mois d`avril pourrait comprendre, nous a-t-on confié, hier, 31 membres y compris Soro lui-même, Premier ministre. Le camp Gbagbo comprenant le FPI, le PIT, l`UDCY et les autres partis satellites auront 15 ministères à se partager. A Gbagbo de distribuer les portefeuilles qu`il obtiendra à ses alliés à qui il a demandé de lui faire confiance et de ne faire aucun bruit pour ne pas paraître ridicule. Les 15 autres portefeuilles ministériels tomberont dans l`escarcelle de Soro Guillaume, Premier ministre issu et imposé (appelons un chat un chat puisque les partis politiques du G7 ont été tous mis devant le fait accompli) qui aura à charge de distribuer aux Forces nouvelles (la charité commençant bien sûr par soi même) au PDCI-RDA, au RDR, à l`UDPCI et au MFA. Le quota à définir sera proportionnel, nous a confié une source proche de la présidence burkinabé, au poids de chaque formation politique. " Mais Soro et Gbagbo restent sur la posture de 31 membres du gouvernement, et que le FPI et ses petits partis politiques alliés doivent se tailler la part du lion avec 15 ministres contre 15 pour le grand groupe du G7, il va s`en dire que le PDCI-RDA et le RDR risquent d`être les grands perdants, parce qu`il n`est dans ce cas-là pas si sûr qu`ils puissent chacun avoir 5 ministères ou plus. D`où le Premier ministre issu du G7 devra peser de tout son poids afin que le présent et nouveau gouvernement soit une photocopie du gouvernement de Marcoussis où chaque partie a eu droit à un quota tenant compte de son poids réel. Il se dit aussi clairement ici qu`aussi bien des femmes et des jeunes doivent occuper une place de choix dans le présent gouvernement. Le Premier ministre et chef du gouvernement ne cumulera pas de postes cette fois-ci, nous dit-on. Enfin, le cadre institutionnel prévoit clairement, comme l`indique l`accord, une sorte de conseil présidentiel faisant des présidents Bédié (du PDCI-RDA) et de Ouattara (du RDR), des présidents d`institutions avec tout ce que cela comporte comme avantages. Là où les discussions pourront achopper dans le second round, c`est au niveau de la présidence ou non de certains conseils des ministres ou encore de certains pouvoirs que Ouaga doit concéder au Premier ministre Soro Guillaume. C`est à partir d`ailleurs des décisions qui seront prises à ce niveau que l`on jugera de la crédibilité ou non de cet accord. Quels pouvoirs Soro arrachera-t-il, à Gbagbo ? Quels pouvoirs Gbagbo acceptera-t-il bien volontiers, de céder ? Certaines de ses prérogatives et pouvoirs régaliens de Président de la République au nouveau et tout Premier ministre véritablement opposant ? Tout se décide ce lundi ou demain mardi ici à Ouaga. " Mais, attention, si Gbagbo lâche facilement certains des pouvoirs à Soro au cours des échanges dans l`élaboration du cadre institutionnel, c`est là qu`il faut surtout commencer à s`inquiéter, et pour Soro, et pour toute l`opposition, et pour les lendemains des pourparlers de Ouaga ", ferme observation d`un membre de l`opposition politique burkinabé qui, comme tous les autres Ivoiriens, fait savoir que " Gbagbo ne fait rien au hasard. Gbagbo ne lâche rien au hasard. Toutes ses décisions reposent sur des calculs politico-politiciens ", conclut notre interlocuteur à la fois pessimiste et optimiste sur le dialogue direct. Gbagbo n`a-t-il pas lui-même affirmé, lors de la signature du contrat Trafigura-Etat de Côte d`Ivoire, que tout ce qu`il fait ne repose que sur la politique et que la politique est son travail, conscient selon lui qu`en politique, rien ne repose sur la sincérité ?
Demain nous situera certainement. Pour l`instant ici à Ouaga, chacun retient son souffle.

Denis Kah Zion à Ouagadougou