mardi, 25 septembre 2007

VOICI LE MESSAGE DE GBAGBO AUX IVOIRIENS DES USA


En visite officielle aux Etats-Unis d'Amérique depuis le 22 septembre, où il doit prendre part à la 62ème session ordinaire de l'Organisation des Nations Unies, le chef de l’Etat a été accueilli par les Ivoiriens vivant au «pays de l’Oncle Sam». GBAGBO a délivré un message dense à ses compatriotes, dont nous vous livrons la teneur.

Le processus de sortie de crise avance à grands pas

«Nous avons supprimé la zone de confiance. Nous avons commencé le désarmement. Les armes que nous avons brûlées à Bouaké sont au nombre de 2500 à peu près. Nous avons pour la première fois, avec le ministre Bleu Laine (Education nationale, ndlr), organisé les examens sur tout l'ensemble du territoire national. Les enfants d'Abidjan, de Korhogo, de Danané, de Man, de Bouna ont composé dans les mêmes conditions. Qu'est-ce qu'on veut? Aujourd'hui, les préfets sont en poste. Hier encore (ndlr : samedi 22 septembre), au moment où nous venions ici, le ministre de l'Intérieur partait à Yamoussoukro pour s'entretenir avec les préfets et les sous-préfets (...). Les préfets et sous-préfets sont en poste. Les magistrats sont en poste. Les hôpitaux ont rouvert leurs portes. Chers amis, nous avançons et nous avançons à grands pas. Quand nous avons organisé la cérémonie de la «Flamme de la Paix» à Bouaké, c'était émouvant de voir des gens qui n'avaient jamais mis les pieds à Bouaké depuis cinq ans revenir chez eux. Il y a quelques jours, j'ai reçu les gens de la sous-préfecture de Gbon, dans le département de Boundiali, Ils sont venus me saluer. Ils m'ont demandé une ambulance, je suis en train de tout faire pour la leur donner afin qu'ils partent avec. Des amis qui sont originaires de Man sont allés à Man et sont revenus. Il faut aussi écouter les petits amis qui vont et qui viennent. Leurs rapports ne sont pas des rapports de préfets, de maires, de présidents de conseils généraux... Le petit qui te dit que «je suis allé au village et je suis revenu» a plus d'effet. Parce que lui, il n'est pas protégé ; il rentre à Man et il n'est pas protégé, il ressort de Man. Si vous entendez ce genre de témoignage, c'est que nous marchons vers la paix. Donc, voilà où nous sommes. Tout n'est pas fini, tout n'est pas achevé. J'ai reçu les responsables du CCI (Centre de commandement intégré, ndlr), je leur ai dit qu'il faut déployer ta force de sécurité sur l'ensemble du territoire comme convenu dans l'Accord de Ouagadougou. Ce n'est pas encore totalement fait. Ils m'ont dit que cette semaine ça va se faire. Nous devons déployer une force sur l'ensemble du territoire pour maintenir la paix civile, condition sine qua non des élections, je les ai reçus avant de venir et nous avons travaillé, j'ai reçu le Premier ministre pour lui dire de se dépêcher et de toucher les gens qui vont assurer la sécurité pour que la sécurité revienne sur l'ensemble du territoire, je vous ai dit tout à l'heure que le ministre de l'Intérieur a reçu les préfets et les sous-préfets pour leur appui, si non les audiences foraines n'auront pas lieu.

Audiences foraines : les clarifications de GBAGBO

Les audiences foraines, il faut qu'on en parle. Des gens croient que les audiences foraines sont une pagaille organisée où chacun vient pour demander n'importe quoi. Ce n'est pas vrai. Nous sommes un Etat organisé, nous avons des lois. N'importe qui ne va pas aux audiences foraines. D'ailleurs, vous tous qui êtes assis là, aucun d'entre vous ne peut aller à une audience foraine. Parce qu'ayant voyagé déjà, vous avez des papiers. Une audience foraine est faite pour tous ceux qui sont nés en Côte d'Ivoire. Donc, la première condition, il faut être né en Côte d'Ivoire. Qu'on soit ivoirien ou non ivoirien, il faut être né sur le sol ivoirien, parce que la Côte d'Ivoire doit des actes de naissance à tous ceux qui sont nés sur son sol. La deuxième des choses, c'est qu'étant né en Côte d'Ivoire, il faut n'avoir jamais été déclaré à l'état civil. C'est pourquoi je vous dis que les audiences foraines ne devraient pas concerner beaucoup de gens. Dans notre pays aujourd'hui, plus de 70% de la population a moins de 30 ans. Tous ceux qui sont nés il y a trente ans, quarante ans, ils ont des papiers où ont au moins été déclarés et enregistrés dans une maternité ou bien dans une mairie ou encore dans une sous-préfecture. S'il y a quelques-uns, c'est notre génération où les gens sont nés dans les plantations, aux champs. Ils n'avaient aucun papier. Donc, il faut être en Côte d'Ivoire et n'avoir jamais été déclaré. Donc tous ceux qui ont déjà voyagé n'ont pas besoin des audiences foraines. J'ai donné des instructions très fermes aux magistrats pour que les audiences foraines ne soient pas une foire d'empoigne. Ceux qui vont frauder, on le saura rapidement et on va effacer leur nom, parce que les audiences foraines concernent les gens qui ont plus de 13 ans. Donc si vous venez et que vous faites de fausses déclarations, elles seront découvertes et vos papiers seront annulés. Donc, ce n'est pas la peine d'aller faire de faux papiers qui ne serviront à rien. Quand nous disons que nous allons faire des audiences foraines, nous allons mettre à jour le fichier électoral. Il y a les noms de ceux qui sont décédés qu'il faut enlever et faire entrer les noms des nouveaux majeurs, ceux qui auront 18 ans au moment des élections. On se connaît, donc nous ferons tout pour minimiser les risques de fraude (...). Si tu n'es pas Ivoirien, tu n'as pas droit à nos papiers, et il te faut un décret de naturalisation ... Même quand on te naturalise, il faut attendre 5 ans pour être électeur et attendre 10 ans pour être éligible (...). Donc, il n'y a vraiment pas de problème, soyez sereins. On va travailler correctement. Une fois qu'on a fini les listes électorales, c'est alors en ce moment que nous pourrons fixer une date pour les élections.

GBAGBO : pourquoi les Ivoiriens n'ont pas de cartes d'identité

II y en a qui ne veulent pas que les élections aient lieu. Et il y en a comme nous qui sommes pressés. Donc ce sont des opérations administratives pour lesquelles on devrait réfléchir. Tout ceux qui sont inscrits sur la liste de 2000 étant considérés comme des Ivoiriens, on pourra déjà commencer à faire les cartes d'électeurs. La carte d'identité existe depuis 1992. Le Premier ministre d'alors, Alassane Ouattara, avait fait une proposition de cartes de séjour parce qu'on a décidé de faire de nouvelles cartes d'identité. Puis quelques mois plus tard, en décembre 1993, Houphouët est mort. L'opération a été arrêtée avec l'avènement du nouveau coup d'Etat. Quand je suis arrivé au pouvoir, j'ai créé l'ONI (Office national d'identification) pour identifier les Ivoiriens et les non Ivoiriens. La guerre a éclaté et il y a eu des blocages. Ceux qui disent qu'ils n'ont pas de cartes d'identité sont nombreux. Nous sommes nombreux et ce n'est pas une question d'exclusion. Depuis 1992, l'opération a connu des difficultés, donc beaucoup d'Ivoiriens se retrouvent sans pièces d'identité. Comme je suis Président, j'ai un passeport diplomatique mais ma carte d'identité n'est plus valable. Il ne faut pas que les gens racontent n'importe quoi à l'extérieur. Nous tous nous n'avons pas de cartes d'identité aujourd'hui (...), Quand on aura fini de faire les cartes d'identité de ceux qui sont inscrits sur les listes électorales, on va penser aux autres. Il ne faut pas dramatiser les choses. De toute façon, si vous avez une vieille carte d'identité qui est périmée, cela montre au moins que vous êtes Ivoirien. C'est votre papier qui est périmé, sinon vous-mêmes vous n'êtes pas périmé. Le jour où on fait les nouveaux papiers, vous présentez les anciens papiers et on vous donne les nouveaux. Donc il n'y a pas de problème.

GBAGBO : pourquoi je viens participer à la 62 ème session annuelle de l'ONU

Donc, chers amis, je suis venu participer à cette session de l'ONU parce qu'il y a longtemps que la Côte d'Ivoire ne s'est pas faite entendre au plus haut niveau. Il faut que comme des partenaires, nous soyons dans notre maison commune. La Côte d'Ivoire est debout (...). Mardi, je parlerai à la tribune des Nations Unies, je ne vous dirai pas ce que je vais leur dire là-bas. Je leur réserve la primeur de mon message.

Chantiers et grands travaux : GBAGBO expose sa vision du futur

Comme je suis un partisan de la théorie «kennedienne», j'ai commencé les grands travaux. Pendant la deuxième guerre mondiale, Roosevelt aux USA m'a inspiré. Staline en URSS m'a également inspiré... Aujourd'hui, nous construisons la capitale, Yamoussoukro, et nous allons très bientôt construire le port d'Abidjan. Le port d'Abidjan est un outil économique de premier ordre, et nous devons l'agrandir. Il nous faut gagner beaucoup d'argent, mais il faut regarder les bateaux de la nouvelle génération. Il y a deux choses que nous devons faire. Premièrement, il faut augmenter le volume d'eau. Nous avons commencé le travail et nous sommes prêts à 75%. Les travaux nous coûtent 75 milliards, nous avons déjà 50 milliards. Deuxièmement, il nous faut augmenter la capacité du port. Nous allons faire des négociations avec les populations de l'île Boulay, qui dispose de 2000 hectares de forêt. Nous allons construire là-bas une plate-forme pour les containers. Mais comme l'île Boulay est une île, nous allons construire un pont grandiose pour relier Abidjan afin d'acheminer les containers... Et en même temps nous allons demander des ressources pour faire des bords de mer, des installations de pétrole, etc. Pour que nous ayons du brut et des réserves de pétrole.

GBAGBO aux Ivoiriens des USA : "Revenez investir au pays"

Pour vous rassurer, j'ai créé au ministère des Affaires étrangères, une direction des Ivoiriens de l'étranger. C'est pour permettre à ceux qui ont des idées de venir investir en Côte d'Ivoire. Je souhaite que la direction des Ivoiriens soit validée. Que cette direction fasse le tour des pays étrangers où il y a des Ivoiriens. Nous mettons à votre disposition toutes les conditions de réussite. Si vous voulez devenir riche avant de rentrer, vous ne rentrerez jamais (...).

GBAGBO fait un cours d'histoire politique à Bédié et ADO


Je suis venu dire aussi à nos compatriotes que nous avançons vers la paix. Mobilisez-vous pour les élections. Moi, depuis que je fais la politique, j'ai toujours dit : «il faut aller aux élections». François Mitterrand a été candidat contre De Gaulle en 1965. C'est cette élection qui a fait qu'il a gagné en 1981. Moi, J'ai été candidat contre Houphouët en 1990, et c'est cette élection qui a fait que j'ai gagné en 2000. Il faut que nous tirions des leçons de la guerre douloureuse. Vous savez que les Etats-Unis d'Amérique ont connu la guerre d'indépendance menée par George Washington, la guerre de sécession brillamment remportée par Abraham Lincoln. Aucune grande nation ne s'est construite sans passer par des épreuves. Je ne cite que quelques nations développées : le Japon, la Chine qui a connu la terreur, l'Allemagne a été réunifiée par Bismarck qui était Chancelier (...) Nous avons traversé une dure épreuve. La guerre n'est pas une bonne chose. Quand je prêchais la démocratisation de mon pays, il y a des gens qui m'ont dit que c'est pour les bourgeois. Quand on est un homme politique, on n'a pas de choix à faire entre une bonne et une mauvaise chose. Il faut que je choisisse pour le pays la situation la moins difficile et la moins mauvaise. C'est pourquoi nous mettons tout en place et nos cheveux sont gris. Je vous remercie d'être venus m'accueillir. Vous êtes ici, respectez les lois du pays qui vous accueille... Que le Seigneur vous bénisse et bénisse la Côte d'Ivoire !

Propos retranscrits par Michèle Topé, Cyrille Djédjed & Pierre Aimé Koffi, Le Courrier d'Abidjan

Aucun commentaire: