mercredi, 5 septembre 2007

SANCTIONS ONUSIENNES CONTRE BLE GOUDE:L’Afrique contre-attaque

INTERVIEW sur Africa n° 1

SANCTIONS ONUSIENNES CONTRE BLE GOUDE:L’Afrique contre-attaque



Après l'accord de Ouaga qui scelle la paix en Côte d'Ivoire et recommande la levée des sanctions individuelles de l'ONU, Blé Goudé, leader de la galaxie patriotique est monté au créneau hier pour dénoncer l'activisme de la France à ce sujet. Hier, il était sur Africa n° 1 où il a eu le soutien de nombreux auditeurs.
M. Charles Blé Goudé, vous êtes le leader des jeunes patriotes de Côte d'Ivoire. Comment expliquez-vous le maintien des sanctions de l'Onu contre votre personne, alors que les accords de Ouagadougou demandent leur levée immédiate ?
Ecoutez monsieur, je me pose la même question que tout le monde. Je me demande si ces sanctions sont liées à ma personne, ou sin elles sont liées à la crise ivoirienne. Si ces sanctions sont liées à la crise ivoirienne, tout le monde s'accorde à dire que la situation en Côte d'Ivoire a positivement évolué. Et, si la situation en Côte d'Ivoire a évolué, il y a des acteurs qui y ont contribué, qui y ont travaillé, qui y ont semé la graine de la paix. Pendant 4 mois, j'ai fait le tour de la Côte d'Ivoire.
Je l'ai fait pour la Côte d'Ivoire. Mais je ne comprends pas pourquoi au moment où on parle de réconciliation en Côte d'Ivoire, au moment où tout le monde a retrouvé la paix, on maintient encore ces sanctions. C'est pourquoi je me demande si ces sanctions sont liées à ma personne ou à la crise ivoirienne; il faut qu'on me donne une réponse concrète.

M. Charles Blé Goudé, vous avez accordé une interview aux médias où vous accusez la France ?
J'accuse la France. Pour moi, l'Afrique est divisée en deux. Vous avez l'Afrique anglophone et l'Afrique francophone. L'Afrique francophone est la sphère qu'influence la France. Alors, sous le couvert de l'Onu, c'est la France qui agit en Côte d'Ivoire, c'est la France qui a reconduit les sanctions contre Blé Goudé. Parce qu'à l'Onu, le système est tel qu'il faut qu'une puissance parraine les sanctions.
C'est la France qui a parrainé les sanctions contre Charles Blé Goudé. C'est compte tenu des rapports qu'elle entretient avec la Côte d'Ivoire qu'elle a parrainé les sanctions contre ma personne. Parce que je ne comprends pas aujourd'hui qu'on dise que la situation a évolué en Côte d'Ivoire et que la France ne veuille pas que l'Onu lève les sanctions contre Blé Goudé. Je dis que la France a peur, elle ne veut pas que le règlement du conflit en Côte d'Ivoire soit un cas d'école en Afrique.

Mais n'est-ce pas là une accusation fallacieuse, Charles Blé Goudé ?
Je n'invente rien du tout cher Monsieur, le constat c'est qu'à l'Onu, c'est la France qui a parrainé cette sanction. J'ai rencontré des acteurs de l'Onu qui sont en Côte d'Ivoire qui ont dit que c'est la France qui parraine les sanctions à l'Onu contre Charles Blé Goudé et ses camarades. Donc il appartient à la France de demander qu'on lève les sanctions contre Blé Goudé et ses camarades. C'est de cela qu'il s'agit; je n'ai rien inventé et la France sait de quoi je parle. Si elle ne veut pas lever ces sanctions, elle a ses raisons. Si ces sanctions sont liées à la crise qui secoue mon pays, je ne vois pas les raisons de leur maintien puisque la crise tend à prendre fin. Il faut donc que la France évite de m'accuser, de me prendre pour celui qui a créé des problèmes en Côte d'Ivoire. Je le dis pour nos relations futures. Il vaut mieux discuter maintenant que de le faire plus tard. Parce que demain, nous ferons partie de la classe politique ivoirienne.
Donc il est bon que la France cherche à comprendre nos actions au niveau d'Abidjan. Quand un élève a mal travaillé, vous le notez mal. Mais quand il travaille bien, vous le notez bien. Donc si ce n'est pas le cas, c'est que le problème est ailleurs. Il faut qu'on me l'explique.

(Un auditeur de Africa n° 1) :
Je remercie Charles Blé Goudé et le félicite pour tout le courage qu'il a eu et ce combat patriotique qu'il a mené pour la Côte d'Ivoire. Il faut dire que Charles Blé Goudé ne doit pas être surpris de ce qui se passe. Car nous avons bien identifié celui qui fait que la tête du poisson est pourrie, c'est-à-dire la France. Nous savons que la France est à l'origine de tout ce qui arrive en Côte d'Ivoire, alors il ne faut pas qu'il soit surpris que la France ne veuille pas qu'on lève les sanctions. C'est le contraire qui devrait plutôt le surprendre. Mais au vu de ce qui se passe, il est normal aussi que certains soient dénoncés. Parce qu'un accord a été signé à Ouagadougou. Dans cet accord, il est bien prévu la levée des sanctions contre tous ceux qui avaient été identifiés comme un obstacle au processus de paix. Ils avaient été sanctionnés de manière individuelle.
Aujourd'hui, que ce soit au niveau de l'Onu, au niveau de tous les pays développés ou des pays africains, tous sont unanimes pour dire que le train de la paix est vraiment sur les rails en Côte d'Ivoire. M. Charles Blé Goudé a pris le courage de se rendre en zone sous contrôle rebelle où il a tenu des meetings de la paix, au risque même de sa vie. M. Blé Goudé a sillonné toute la Côte d'Ivoire pour pouvoir prêcher le message de la paix dans le cœur des tous les Ivoiriens. Mais dites-moi, qu'est-ce qu'on lui reprochait ? On lui reprochait de faire certaines choses anormales. C'est curieux ! Moi je dis qu'on lui reprochait simplement le fait de défendre sa patrie. Maintenant que Charles Blé Goudé a sillonné la Côte d'Ivoire pour faire la paix avec tout le monde, et qu'il a un comité qui travaille dans ce sens, ces sanctions n'ont plus leur raison d'être.

Vous parlez tous de la France, mais à l'Onu il n'y a pas que la France. Il y a d'autres pays au Conseil de sécurité de l'Onu ? Même à Abidjan, il y a aussi les représentants de l'Onu.
(Un auditeur d'Africa n° 1)
: N'oubliez pas une chose, nous parlons des sanctions de l'Onu qui ont été prises à l'égard de certaines personnes de façon individuelle. Ces sanctions doivent être levées. Et si la France avait une conscience, elle devait lever ces sanctions puisque la paix est revenue en Côte d'Ivoire.
Les acteurs politiques en Côte d'Ivoire se sont réconciliés. Nous Français qui avons demandé des sanctions individuelles, il faudrait que nous fassions comprendre à l'Onu que la paix étant revenue en Côte d'Ivoire, il faut que ces sanctions prises de manière individuelle soient levées. Voilà, c'est de cela qu'il s'agit.

M. Charles Blé Goudé, est-ce que vous avez entrepris des actions au niveau d'Abidjan pour que ces sanctions soient levées ?
Vous savez, on veut me mettre dans une condition d'éprouvette, dans une position de mendicité. Moi je refuse cette condition. C'est l'Onu, au vu de ce qu'elle pensait être des actions qui entravent le processus de la paix, sur rapport de la France, qui a pris ces sanctions.
Mais je dis que l'Onu a ses relais en Côte d'Ivoire; il y a des fonctionnaires internationaux de l'Onu ici. Ce sont ceux-là qui ont fait un rapport négatif; ils ont constaté selon leur regard qu'il y avait une entrave au processus de paix. Mais tel qu'ils le constatent, par rapport au processus de paix qui a avancé en fonction de nos actions que nous avons posées sur le terrain. Il revient alors à ces derniers de dresser un rapport à l'Onu et à la France pour leur dire de changer de lunettes en regardant Blé Goudé à nouveau.
On m'a donné une documentation à remplir, je ne peux pas remplir cette documentation.

Qui vous a donné cette documentation ?
En tout cas, c'est un document que j'ai reçu de l'Onu par voie de poste. C'est un document où on m'explique la procédure à suivre mais je trouve qu'elle est humiliante.

Qu'est-ce qu'on vous demande de faire alors ?
C'est un genre de formulaire à remplir dans lequel je demande que les sanctions soient levées. Je ne suis pas surpris parce qu'ici en Côte d'Ivoire, l'on veut maintenir l'hégémonie française. Et donc l'on a peur que le patriotisme que nous sommes en train de développer en Côte d'Ivoire, et tout ce que nous sommes en train de poser comme actions en Côte d'Ivoire, fassent tâche d'huile et soient un cas d'école en Afrique.
C'est de cela que les gens ont peur.

Mais, vous avez eu à rencontrer l'ambassadeur, qu'est-ce qu'il vous a dit au sujet des sanctions ?
Ce n'est pas moi qui ai rencontré l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire. Il y a les membres de l'Alliance patriotique en Côte d'Ivoire qui, au moment où ceux qui ont pris les armes sont dans le gouvernement, et même à la tête de la primature et qu'un accord a été signé, ne comprennent pas que celui-là même qui a parcouru toute la Côte d'Ivoire pour demander aux gens de se parler et d'oublier le passé ploie sous le poids des sanctions.
Et qu'il ne peut pas bouger, qu'il soit mal vu à l'extérieur du pays. Ces derniers ont rencontré un certain nombre de diplomates et l'ambassadeur de la France en Côte d'Ivoire. Ce dernier leur a dit qu'il prendrait les décisions qui s'imposent pour que ces sanctions soient levées. Je ne comprends pas pourquoi elles existent encore ! Cela dit, moi je n’irai pas pleurer auprès de qui que ce soit. Nous nous battrons pour que notre pays retrouve la dignité, nous nous battrons pour que nos compatriotes retrouvent leur dignité.
Ecoutez ! Moi je ne suis pas né dans un avion. Mon père il est au village, il reste dans ce pays. Mais je n'accepterai pas qu'on fasse défiler à longueur de journée, me concernant, une image négative qui n'est pas la mienne.

Propos recueillis
sur Africa n° 1 par G. R

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