mercredi, 5 septembre 2007

dossier important partie 3

Charles Blé Goudé : “La France a peur que le patriotisme ivoirien influence sa sphère”



Je veux vous dire qu’il faut aller au-delà, comprendre les motivations profondes de cette sanction. Ceux qui pensent que parce que la crise a pris fin et qu’on va lever aussi facilement les sanctions contre Blé Goudé, se trompent. La France a peur que le patriotisme ivoirien influence sa sphère, la Francophonie. Elle a peur que je parle aux Togolais, elle a peur que je parle aux jeunes des autres pays. Elle a donc peur que je sorte. La France a peur, elle tremble.
Elle ne veut pas avoir affaire à une nouvelle classe politique en Afrique. Et tant que la France ne m’aura pas maîtrisé, elle ne dira pas à l’ONU de lever les sanctions. Mais, je garderai, à titre de souvenir, le document qui m’a été remis. Je vais le plaquer dans un album.
Si tant est qu’il est vrai que j’ai été sanctionné, parce que, comme ils le disent, je bloque le processus de paix, c’est moi qui l’ai débloqué. C’est moi qui ai débloqué le processus de paix. Oui ! Les acteurs politiques, au niveau étatique, ont joué leur rôle, mais à la base, j’ai joué ce rôle. Est-ce faux ? En tout cas, tout le monde l’a vu, ici. Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Et pourtant, des pressions continuent de peser sur moi et on m’envoie un document à remplir. Je dis et je le répète, je ne pense rien de ces sanctions et je ne remplirai aucun document et je n’adresserai aucune lettre à qui que ce soit. C’est l’ONU qui apprécie, parce qu’elle a une représentation ici, le processus de paix et qui a fait le rapport sur moi.
C’est donc sur la base de ce rapport que j’ai été sanctionné. Maintenant qu’on dit que le processus évolue, que la situation change positivement en Côte d’Ivoire, on ne doit pas oublier que ce n’est pas par la magie qu’elle changé. Ce sont des acteurs qui ont fait changer la situation. Donc, quand on fait un rapport et qu’on dit que la situation évolue, il faut dire qui a fait évoluer la situation. Dès cet instant, vous êtes obligé d’enlever vos lunettes pour me regarder autrement.

La France
Je demande donc à la France de négocier maintenant, parce que tôt ou tard, elle négociera avec moi. Je m’arrange et je travaille à cela, pour jouer un rôle important dans la gestion de l’Etat de Côte d’Ivoire. Parce que avec ce que je fais, je ne peux plus devenir footballeur ou bûcheron. Je suis obligé de faire partie de la classe politique ivoirienne de demain. Au lieu de me brimer, de m’acculer, il vaut mieux que la France apprenne à négocier maintenant et à mieux me connaître. C’est important pour tout le monde.
Je ne comprends pas. Il est écrit noir sur blanc, dans l’Accord de Ouaga (point VI) qu’il faut que l’ONU lève immédiatement les sanctions qui pèsent sur certains Ivoiriens. Pourquoi veut-on que je fasse prévaloir ma situation ? Ai-je fait prévaloir ce qui se passe actuellement ? Est-ce moi qui a fait prévaloir Soro comme Premier ministre ou le nouveau gouvernement ? Un accord est signé, il faut simplement l’appliquer. C’est tout.

Ma part de vérité
J’ai déjà expliqué les raisons qui m’ont amené à écrire ce livre. J’estimais qu’à un certain moment, n’importe qui disait n’importe quoi sur notre pays et c’était des contrevérités. On voulait écrire notre histoire à notre place, comme on en a eu l’habitude. Et me considérant comme un acteur, j’ai décidé de dire ce que je sais. Et c’est ce que j’ai fait dans cet ouvrage. Je ne vais pas revenir sur les différents chapitres. Ceux qui ont lu l’œuvre savent de quoi il s’agit. Beaucoup d’Ivoiriens l’ont lu, je peux l’affirmer. J’ai dû arrêter les séries de dédicace dans les quartiers, dans les villes et autres. « Ma Part de Vérité », sans risque de me tromper, s’est bien comporté pour un premier livre sur le terrain.
J’ai trouvé des aînés sur le terrain, je pense que la concurrence est rude, mais on fait en sorte de se positionner. Les Ivoiriens ont bien accueilli cet ouvrage et je voudrais leur dire merci. Puis, je voudrais dire aussi merci à Fraternité Matin qui a bien voulu accepter d’éditer ce livre. C’était un défi pour nous d’éditer ce livre-là ici, dans notre maison. Je ne vois aucune raison qui me pousserait à aller éditer un livre en France, alors que mon pays a la technique, les moyens qu’il faut pour le faire!
Je l’ai fait, je l’avais déjà dit, je l’assume. Je voudrais vous féliciter (Fraternité Matin) d’avoir accepté de prendre ce risque-là avec moi. Et je pense que notre aventure a été bien accueillie par les Ivoiriens. C’est un livre où j’ai dit beaucoup de choses, où j’ai accusé d’autres personnes, où j’ai dit ma part de vérité.
Cela peut ne pas être juste, mais c’est ce que je croyais être juste, en ce qui concerne cette crise! Aujourd’hui, on parle de bilan à mi- parcours parce qu’une œuvre ne meurt jamais. Des générations pourront lire, et ceux qui voudraient se faire une idée sur la crise ivoirienne, pourront s’informer et le prendre comme document de base.

Prochain livre
Oui, j’ai fini d’écrire ma deuxième œuvre, qui doit sortir d’ici peu. Nous sommes en pourparlers avec la Direction commerciale de Fraternité Matin. Mais je crois que, en principe, pour être logique avec moi-même, je ne devrais pas aller ailleurs. Autrement, cela voudrait dire que cette maison m’a déçu; ce qui n’est pas le cas. C’est Frat-Mat qui va éditer mon deuxième ouvrage dont le titre n’est pas loin de la crise ivoirienne et qui est : Et pourtant, c’était le chemin .
Je me réfère aux Accords de Ouagadougou, où la France a laissé les Ivoiriens discuter entre eux, sans les enfermer dans un univers carcéral, comme à Marcoussis. Et dès qu’on les a laissés discuter entre eux, ils ont trouvé l’accord qu’il fallait et tout le monde est d’accord. Et pourtant, c’était le chemin !
Soro Guillaume a laissé les armes et il est venu parler avec Gbagbo Laurent. Ils ont dialogué. Et pourtant, c’était le chemin. Les pays africains sont en train de faire bloc autour de la Côte d’Ivoire en guise de solidarité. Vous lirez dans cet ouvrage. « D’un stade à un autre ». C’est là que vous rentrerez dans une étude comparative, d’un stade de rugby à un stade de football. Vous prenez le stade de rugby de Marcoussis et le stade de football de Bouaké, c’est là que l’on peut retenir l’influence que le football a sur tout le monde.
Vous voyez aussi le rugby, ce qu’il faut aux acteurs, c’est la force, la brutalité… ; vous voyez aussi les acteurs de rugby ; il y a 15 au départ, donc 30 au total .Vous voyez à Ouagadougou, on a réduit les acteurs. Vous aurez par exemple «Du temps des héritiers, du temps des fils à papa au temps des papa à fils». Il y a des années où l’on disait «voici le fils de telle ou telle personnalité». Maintenant, on dit : «voici le papa d’un tel…». Des gens qui sont issus d’une classe sociale faible, ont réussi à révéler leur famille par leur talent. Ils ne sont pas, parce que papa a été.

Rapport avec le Premier ministre
Le Premier ministre et moi travaillons discrètement, loin des regards, loin des bruits. Nous travaillons pour l’avenir de notre pays et de notre génération. Nous ne faisons pas de spectacle parce qu’on a n’en a pas besoin. Le Premier ministre et moi, nous nous sommes connus en prison où nous avons séjourné à trois reprises.
Donc, si ce fait peut aider les Ivoiriens à retrouver la paix, il faut l’encourager. Nous n’avons pas besoin que les médias se servent de nos rencontres. Il faut travailler discrètement ; Car, tout ce qui est discret est efficace. Voyez-vous, je ne pouvais pas entrer à Bouaké, en son temps, sans l’accord du Premier ministre. Je suis entré le 9 juin, à Bouaké. Mais comment ? J’ai été accueilli de Djébonoua jusqu’à Bouaké par une liesse populaire. Le Premier ministre n’a pas trop le temps. Il fait son travail d’homme d’Etat moi je fais le mien sur le terrain. Mais le but commun recherché est l’aboutissement à la paix.

Rapports avec Watao.
Quand vous prenez le début du spot de « La caravane de la paix », j’ai dit que la valeur du pardon réside dans la gravité de l’acte du pardon. Si je casse un verre qui vous appartient et vous pardonnez, vous n’avez rien fait ; mais si quelqu’un tue votre fils où votre parent, et que vous lui accordez le pardon, cela a une grande valeur. C’est pourquoi je me suis autorisé, en me basant sur d’autres situations similaires, à aller vers ceux que nous prenions comme nos ennemis. Je vous prends le cas du Rwanda : la campagne a été entamée, conçue, et faite par les Tutsi et les Hutu. Mais l’on sait ce que les premiers ont vécu au Rwanda. Ce pays aujourd’hui est un lieu touristique. Je souhaite que la Côte d’Ivoire suive cet exemple.
En Afrique du Sud, il n’y a plus de distinction entre les Noirs et les Blancs, mais on sait que ces Noirs ont souffert dans l’histoire de l’apartheid. Je me suis dit, si ces deux pays ont réussi à faire leur métamorphose, alors la Côte d’Ivoire peut aussi réussir ce processus. Il faut que les victimes acceptent de pardonner.
Ici, publiquement, à Fraternité Matin, je vous demande pardon. Si Wattao vous a fait du mal, il faut accepter de lui pardonner ; sinon pendant combien de temps allons-nous rester dans cette situation ? Nous qui sommes au devant de la scène, notre rôle n’est pas toujours de vous pousser à la révolte, mais de calmer les uns et les autres. J’ai été chez Wattao ; c’était pour montrer aux uns et aux autres que rien de fondamental ne nous oppose. Et que de notre division, on peut arriver à rapprocher nos positions.
Ce monsieur, j’ai appris à l’écouter, à le connaître. Et je pense, s’il est au devant des choses, qu’on peut ramener la paix dans ce pays. Pourvu qu’on fasse une campagne pour montrer aux uns et autres, qu’on peut passer d’une position de face à face à une position de côte à côte. Il faut pardonner. Pour nos enfants et nos petits-enfants. A un moment donné, dans la vie, on peut faire une erreur, mais c’est celui qui ne fait rien qui ne fait pas d’erreur. Arrêtons-nous et regardons l’avenir. Moi, je connais son influence dans la zone des Forces nouvelles. Et je me suis dit qu’on peut travailler ensemble. Je suis en train de travailler pour un rapprochement entre Mao Glofiéhi et Wattao pour qu’on le reçoive à l’Ouest.
Donc, ne soyez pas surpris de l’arrivée de Wattao dans les prochains jours à l’Ouest. Je travaille, également, pour que le Premier ministre, Soro Guillaume, parte à l’Ouest et à Yopougon. Surtout, depuis que la situation en Côte d’Ivoire s’est décrispée.
Cette paix

Il n’est pas question d’y croire ou pas. Il faut travailler à cela. La sincérité et la confiance ne se vendent pas au marché. C’est un combat perpétuel, de tous les jours. Et, dans tous les conflits, le blocage vient toujours, lorsqu’on attend la sincérité de celui qui est en face. Il faut poser des pas, des actes pour montrer à celui qui est en face que vous êtes sincère. Et, un jour, lui aussi va vous montrer qu’il est sincère.
Pour moi, chaque Ivoirien doit travailler pour qu’on sorte de cette situation. C’est n’est pas une affaire de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Wattao, Philippe Mangou et Blaise Compaoré seulement. Mais de tout le monde. Pour protéger donc cette Flamme de la Paix, il faut employer des stratégies de communication. Moi-même, je suis communicateur et je travaille dans ce sens.

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