mardi, 24 avril 2007

APOTHEOSE DE LA CARAVANE DE LA PAIX A YOPOUGON



Bédié et ADO de plus en plus isolés

La caravane de la paix a fait des victimes de taille. Si elle ne recompose pas le champ politique ivoirien, elle n'en met pas moins les ténors du RHDP sous l'éteignoir. Le COJEP fait d'une pierre deux coup : rapprocher Soro et ses hommes un peu plus de la République, et museler les leaders du PDCI et du RDR.

Les sceptiques en ont pour leurs claques. En engageant sa bataille pour la paix le 20 janvier dernier, le COJEP s'est fait railler. Depuis samedi, l'opposition qui a cru à un bluff doit bien se mordre les doigts. Au moment où le rideau se ferme sur l'acte 1 de la caravane initiée par Charles Blé Goudé la coalition des houphouétistes se retrouve isolée sur la scène politique. La rébellion dont se sont servis Konan Bédié et Alassane Ouattara pour s'adonner à une surenchère politique inouïe durant quatre ans et demi affiche plus que jamais sa volonté de rejoindre la République. Les retrouvailles inattendues - dans certains cercles - entre les anciens amis de la Fac et de la FESCI brouillent bien des calculs. Le RHDP n'en croit toujours pas ses yeux de voir Koulibaly, Simone Gbagbo, Blé Goudé et Konaté Sidiki main dans la main, chantant à l'unisson. Ceci dit, cette donne est perceptible depuis la mise en œuvre de l'accord de paix de Ouaga. Bédié et ADO ont tenté en vain de faire capoter les conclusions du dialogue direct. Le premier s'est même attiré les foudres du MPCI lorsqu'il a récusé publiquement l'accord, sous la forme de réserves. Le patron du RDR, lui, a manœuvré dans les coulisses, avant de se raviser face à la détermination de ses filleuls devenus de véritables électrons libres. De retour de Paris, il y a quelques jours, il n'a pu qu'apporter son soutien à Soro. Puis jeudi dernier, les deux poids lourds du RHDP, devenus coutumiers des rencontres informelles, se sont entretenus à la résidence du patron du PDCI à Cocody. De leurs conciliabules, il ressort un appel de pied à la communauté internationale, pour son immixtion dans la future élection présidentielle. ADO, porte-parole circonstanciel, projette même de s'en référer au facilitateur du dialogue direct, Blaise Compaoré. Dans la foulée, le président du RDR a fait un clin d'œil aux trois mouvements rebelles avec qui le RHDP est en alliance au ''G7''. Il doit être bien déçu. Le porte-parole du MPCI, devenu ministre de l'Artisanat, est venu fumer le calumet de la paix avec ses plus irréductibles adversaires d'hier. Et si en engageant la caravane - saluée du reste par le proche collaborateur de Soro - Blé Goudé ne visait qu'à préparer les esprits à aller à la paix, il a, au finish, fait d'une pierre deux coups. Le PDCI et le RDR sont muselés. De quoi ravir Mamadou Koulibaly qui a ouvertement milité pour une telle option. Dans sa croisade lancée en 2006 et qui fait des émules, le président de l'Assemblée nationale n'a eu de cesse de rappeler les partisans de Ouattara à l'ordre. Samedi à Yopougon, il a solennellement réitéré son appel. Koulibaly invite vivement des dignitaires du RDR à se démarquer de leur leader. Il exhorte Henriette Diabaté, Zemogo Fofana et bien d'autres pontes de ce parti à tourner le dos à ADO, quitte à rejoindre d'autres chapelles politiques. Son appel sera peut-être entendu plus tard. Pour sa part, Konaté Sidiki se veut formel. " Nous allons à la paix avec Gbagbo ", a-t-il souligné pour marquer la volonté du MPCI à se détourner du RHDP. En attendant, Bédié et ADO naviguent à vue, se cramponnant à un hypothétique secours de la France via l'ONU. Décidément, le dialogue direct n'en finit pas de faire des effets…

Guillaume N'Guettia

Simone Gbagbo : "Pardonnons à ceux que nous appelions les rebelles"
“Monsieur Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale, patriote devant l'Eternel. Monsieur le ministre de la Réconciliation, mesdames et messieurs les membres de toutes les organisations qui ont permis à la Côte d'Ivoire de rester débout. Jeunes patriotes et Konaté Sidiki, invité spécial à une cérémonie spéciale ; une cérémonie exceptionnelle. Je voudrais dire merci à vous tous de me permettre de prendre la parole ici. Nous vivons, avec la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui, des moments spéciaux. Nous ne nous en rendons pas compte mais nous sommes en plein dedans, en train de vivre ces moments spéciaux. Mais dans quelque temps, lorsque nous allons re-parcourir ces heures que nous vivons, nous allons re-penser à ces heures ; nous verrons qu'il se passe en côte d'Ivoire en ces moments-ci quelque chose de véritablement miraculeux, d'extraordinaire. La Côte d'Ivoire, on le dit, on le re-dit, on joue avec mais elle est un pays choisi par Dieu. De sorte que quand il y a des évènements, des actions, des crises dans ce pays, la résonance de ces évènements-là est tout à fait particulière. Regardez le reste de l'Afrique, regardez les évènements, les coups d'Etat militaires, les guerres, les initiatives de développement qu'il y a eues dans le reste de l'Afrique. Et puis, regardez ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Nous sommes dans un pays spécial non seulement, mais nous sommes un peuple spécial. Et notre pays ne pouvait que rester debout. Et pourtant, on a souffert. Mais plus encore, on a connu beaucoup de stress, d'anxiété, de douleur et la cérémonie d'aujourd'hui est là pour nous débarrasser de toutes ces stress, de toutes ces aigreurs. Regardez comment ça se passe, on aurait pu le faire entre nous, avec Blé Goudé, organiser un concert géant avec toutes les chansons patriotiques ; on aurait pu organiser un concert religieux puissant parce qu'on a de grands chanteurs ici. On se serait défoulé, on aurait loué l'Eternel, on aurait chanté, on aurait vidé nos cœurs, on aurait été contents. Et puis, on aurait guéri nos cœurs mais cela n'allait pas être spécial. Ce serait une cérémonie ordinaire. Cette cérémonie est spéciale parce qu'au moins nous l'organisons avec Konaté Sidiki.

Nous progressons avec nos adversaires d'hier
Nous progressons avec ceux-là mêmes qui, hier, étaient les adversaires qui nous ont fait souffrir. Car, aujourd'hui, nous sommes prêts à oublier, à jeter, à enterrer tout cela. C'est ce que je voulais vous dire Konaté Sidiki. Je voudrais vous dire aussi qu'il y a beaucoup de gens qui nous regardent en Côte d'Ivoire comme à l'extérieur. Des gens qui disent que ce que nous sommes en train de faire est faux, ça n'aboutira pas. Ils ne croient pas du tout que vous êtes sincères. Mamadou Koulibaly, je voudrais te dire également qu'il y a beaucoup de gens en Côte d'Ivoire comme à l'étranger qui sont persuadés que tout ce que tu dis-là (quand tu parles de paix) est faux ; ça n'arrivera pas. Alors ils sont là, et ils vous regardent, ils vous observent, ils vous scrutent, ils dissèquent tous les mots, les mouvements de vos lèvres et ils attendent. Mais la Côte d'Ivoire est spéciale parce que nous allons leur démonter encore qu'ils sont en erreur, que nous allons à la paix que nous construirons nous-mêmes. Nous bâtirons notre paix non pas parce qu'il y a une résolution de l'Onu qui nous demande de faire la paix. Mais nous bâtirons nous-mêmes notre paix parce que nous-mêmes nous savons que nous avons besoin de la paix pour progresser. Nous mêmes nous savons que la guerre qui nous divisait, c'était comme un furoncle dans le corps d'un individu. Dès qu'il y a un furoncle dans votre corps, vous ne pouvez pas bouger, vous avez des douleurs, mais il faut percer le furoncle, enlever le pus qu'il contient et c'est en ce moment-là seulement que vous allez être guéri. C'est ce que nous allons faire à Bouaké. Et c'est ce que sommes en train de faire aujourd'hui. Et c'est ce que nous irons faire à Bouaké, Korhogo, Bouna, Man… Nous disons que Dieu nous a donnés 322 462 Km2 mais tant que nous ne pouvons pas poser nos pieds sur la totalité du sol de la Côte d'Ivoire, nous n'avons pas la totalité de la Côte d'Ivoire. Cela aussi est une loi de Dieu. Et c'est pour cela que nous avons décidé ensemble que notre pays soit réunifié pour que chaque Ivoirien puisse avoir la possibilité, le loisir de poser ses pieds sur chaque centimètre carré de la Côte d'Ivoire et d'en prendre possession. Konaté Sidiki a parlé au nom des Forces nouvelles, il a dit qu'ils sont prêts à recevoir à Bouaké. Je dis alléluia !

A Bouaké avant Konaté Sidiki
Nous n'allons pas seulement le prendre au mot, mais nous allons le soulever et partir avec lui. Nous n'allons pas attendre qu'il nous dise : ''Venez à Bouaké un tel jour''. Nous allons arriver à Bouaké peut-être même avant lui ; parce que nous avons hâte que le furoncle soit crevé et que plus jamais personne ne se mette entre nous. Je voudrais terminer en disant que dans la Bible, il y a une prière magnifique que Jésus a apprise à ses disciples. Il a dit que si vous voulez obtenir des bénédictions et toucher le cœur de Dieu dites : " Notre Père… (La foule s'est mise à répéter à l'unissons après la Première Dame) qui est au cieux que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre parce qu'elle est déjà faite par les anges dans le ciel. Donne-nous le pain de chaque jour, pardonne-nous toutes nos fautes, toutes nos offenses comme nous savons que tu vas nous aider à pardonner à tous ceux qui nous ont offensé (la foule balbutie). Je ne vous entends plus, c'est là que je vous attendais, à cette partie-là. Pardonne-nous toutes nos offenses, (elle poursuit la prière), toi qui est le Dieu du ciel, toi qui est le Dieu bon, toi qui a créé le ciel et la terre, toi qui assure nos vies et notre destin, toi qui assure notre sécurité, toi qui nous a donné le pain quotidien durant toute la guerre, toi qui a veillé sur notre santé, notre sécurité pendant toute la guerre pardonne-nous nos offenses, comme nous sommes prêts à pardonner à tous ceux qui nous ont offensé, à ceux que nous appelions les rebelles, ceux que nous appelions les Forces nouvelles, à ceux qui nous ont fait souffrir, qui nous ont fait pleurer, à ceux qui nous ont empêché de dormir. Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons les offenses à tous ceux-là et ne nous sommes pas à la tentation.” Que Dieu vous bénisse. Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire. Amen !

Propos retranscrits par
Bidi Ignace

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