mercredi, 25 avril 2007

3 QUESTIONS A... LAURENT GBAGBO? PRESIDENT DE LA REPUBLIAUE DE CÖTE D'IVOIRE



“C’est une fierté pour moi”

Monsieur le président, quels sont les sentiments qui vous animent après cette visite ?
Quand on entreprend un travail et qu'on voit le résultat, on est d'abord fier de voir que le travail avance. Mais, ce qu'il faut dire est que notre pays est vraiment le poumon de l'Afrique de l'Ouest. Et Abidjan est dépassé comme ville. Parce qu' Abidjan n'a pas été suivi. Les installations qui sont à Abidjan, la conception était pour 300 000 habitants, 400, 500 000 au plus. Après, on n'a pas suivi. La ville s'est développée de façon anarchique. Même quand des bâtiments ont été construits en dur, tous les travaux d'assainissement n'ont pas été prévus. Yopougon, Koumassi, Abobo, Port-Bouet, ce sont de nouveaux quartiers. Mais, on n'a pas prévu tout le soubassement. C'est pour tout ça que, en 1983, le Président Houphouët a décidé de changer, mais il n'en a pas eu le temps. Je suis arrivé, j'ai compris qu'il a eu raison et j'ai décidé de venir ici. Mais, il faut alors faire une capitale qu'on a au moins pour cent ans. Il ne faut pas se précipiter et puis faire quelque chose… Le Palais de la Présidence d'Abidjan, il a été construit en un an. Les travaux ont été lancés le 7 août 1960, ils ont été achevés le 7 août 1961. Mais voilà dans quel état il se trouve ! On peut faire vite aussi, mais quand on fait vite avec le mur, avec la pierre, on se rend compte après qu'on a eu tort d'aller très vite. Donc ici, je ne voudrais pas que demain, on ait tort d'avoir été trop vite. On prend le temps, on fait du solide. Voilà, tout ça, ça prend du temps, mais, patientez. C'est parce que j'ai devant moi un résultat, que je veux éviter les conséquences de ce que j'ai en face de moi à Abidjan. Et je me suis dit, ok, tout doit être différent à Yamoussoukro.

Monsieur le Président, je me demande si pendant la guerre, vous arrivez à réaliser ce que nous voyons avec tant d'envie, alors que feriez-vous en temps de paix ?
Ah mais, ça, c'est à vous de répondre à cette question. (Rires). Moi, je travaille pour la Côte d'Ivoire qui est éternelle. Or, quand on construit un pays qui est éternel, on ne connaît pas le temps de guerre, on ne connaît pas le temps de paix. Vous comprenez ? La deuxième partie de la réponse, les grands travaux, il faut toujours les lancer en temps de crise. Parce qu'ils servent aussi à résorber la crise. Ils servent à donner une âme, un esprit, un idéal, une voie à vos concitoyens et ces travaux là servent à les aider à surmonter les affres de la crise. Ils servent aussi à créer les emplois, tout banalement. Vous le voyez vous-même, ceux qui chantent là-bas, ils sont à l'abri du besoin, ils ont un salaire. Donc voilà toutes les raisons.

Monsieur le Président, peut-on avoir une idée du coût de ces travaux ?
Non, non, on n'a pas encore une idée. Ah oui, ça coûte cher, mais on vous donnera une idée quand les dépenses auront été faites. Vous savez, même quand on fait un budget de l'Etat, c'est quelque chose d'approximatif. Vous savez, l'argent, on le dépense au fur et à mesure qu'on le gagne. Donc ici, nous dégageons l'argent, et nous le dépensons au fur et à mesure. C'est quand nous serons au milieu des travaux, qu'on pourra faire une première estimation de ce que l’architecte a projeté sur le reste.

Propos recueillis
par Y.D.S.

Le Matin d'Abidjan

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