mardi, 13 mars 2007

LA CARAVANE DE LA PAIX A DALOA


Malinké et Bété main dans la main


La caravane de la paix était dimanche dernier à Daloa où elle a reçu un accueil enthousiaste des populations disposées à écouter le message de Blé Goudé et ses amis.

Dimanche 11 mars dernier. Daloa, cité des antilopes, dans le centre ouest du pays. Chose promise, chose due. La caravane de la paix, en provenance de Yamoussoukro, a fait son entrée dans la ville sous le coup de 16 h GMT. Sapia, la porte d'entrée de la cité annonce les couleurs. Les villageois, rassemblés en bordure de route s'impatientent de voir la caravane passer. Ils le manifestent par des cris et des chants. Une façon pour le peuple Bété hôte de dire ''Nisrê'' (Bienvenue) aux visiteurs. L'accueil est chaleureux. Enfants, jeunes et adultes (on a même vu des femmes enceintes) dans une procession qui s'étendait sur une dizaine de kilomètres avant de passer le corridor où d'autres villageois, prendront le relais comme s'ils s'étaient passés le mot. Cette liesse populaire, les agents des forces de défense et de sécurité (FDS) s'en joignent, levant les poings sur leur passage pour saluer l'initiative de la caravane de la paix. Pour aller du quartier Tazibouo à la Préfecture où les attendaient le corps préfectoral et le député Ori Bouazo, Charles Blé Goudé, Koné Seydou et leurs camarades de l'Alliance mettent un temps fou. Ils comprennent alors que la ville toute entière est mobilisée. En effet, commerçants, transporteurs, artisans et autres travailleurs, abandonnant leurs occupations, ont tenu à manifester leur joie d'accueillir la caravane de la paix dans leur localité. Après un bref échange avec le corps préfectoral du département, les visiteurs ont mis le cap sur le quartier Mosquée où réside l'imam principal. Le collège de dignitaires religieux signifie à la délégation qu'il attendait impatiemment son arrivée avant de dire des bénédictions et des mots d'encouragement. Quant au chef de terre, le quadragénaire Nahounou Semian, au quartier Gbeuliville, il dit être fier de l’action de Charles Blé Goudé. Séance tenante, il a élevé le visiteur au rang de "Kifi", c'est-à-dire un guide intrépide. Il est un peu plus de 17h 30 quand la délégation arrive à la place de la grande mosquée. Au pied de la grande mosquée de Daloa. Sur cet espace, malinké et bété s"étaient affrontés, chaque tribu revendiquant le titre de propriété sur le périmètre en question. Mais le dimanche soir, tous semblaient avoir oublié la discorde. Venus nombreux, musulmans, chrétiens, militants de différents partis politiques et autres ont mis de côté leurs différences. Pour parler de paix. Alico Bernabé, président de la coordination locale du Cojep est reconnaissant à cet égard, lui qui remercie la communauté musulmane d'avoir cédé l'espace pour un meeting. Les malinké eux-mêmes ont commis le jeune Sylla pour rassurer l’assistance qu'entre Bété et ''Dioula'', il n'y a eu que des frictions. Rien de plus. Mariam Sylla, présidente de la jeunesse féminine pour Gbagbo, convainc davantage. Elle qui a devancé les orateurs de la caravane en appelant les nordistes à un engagement franc. Elle sera rejointe par Koné Seydou, principal interlocuteur des Malinké. Comme il en a l'habitude depuis le début de la caravane, le 20 janvier dernier, le président de la jeunesse du Nord a aussi parlé dans la langue du terroir. Ovationné de longues minutes durant au cours de son speech, il cèdera le micro à Charles blé Goudé. "Arrêt spécial" sur le cas Banny, en vue de partager sa "précision" faite le samedi à Yamoussoukro. Intraitable, Blé invite Banny à rendre le tablier. "Je suis un homme de mission. Je ne suis pas un homme du pouvoir", prend-il au mot le chef du gouvernement. Et de relever : "Quand on vous confie une mission et que vous n'arriver pas à la réussir, vous devez démissionner". Le président du Cojep va plus loin en observant que la décision du Président Gbagbo de discuter avec Soro Guillaume est judicieuse d'autant que le chef de l'Etat est convaincu que Soro peut avoir la solution à la crise. ''Je vous encourage à soutenir cet accord de Ouagadougou", a-t-il interpellé les Ivoiriens qu'il entend tenir pour responsables de l'échec des compromis obtenus sous l'égide du Président Blaise Compaoré. "Si cet accord échoue, c'est la honte pour l'Afrique et la Côte d'Ivoire en particulier", fait-il remarquer avant de demander aux Ivoiriens de montrer au monde entier qu'ils sont capables de prendre leurs responsabilités.

Pourquoi Soro doit s'installer à la Primature

La main de Blé Goudé reste tendue à Soro Guillaume. Depuis qu'il lui a adressé officiellement une lettre lui demandant de recevoir la caravane dans la zone sous son contrôle, le président du COJEP ne cesse d'appeler les Ivoiriens de tous bords à tourner la page de la guerre. Et à pardonner à ceux qui ont porté le glaive dans le sein de la mère patrie et endeuillé les Ivoiriens. Concernant la probable nomination de Soro Guillaume au poste de Premier ministre, Blé Goudé a indiqué que son avis importe peu, au nom de la paix et de la réconciliation qu'il prône. De Yamoussoukro à Daloa, c'est ce message qui était sur les lèvres du leader de la jeunesse patriotique. Il s'est évertué à faire comprendre pourquoi Soro doit rentrer dans la République. "Je ne veux pas qu'on dise de ma génération que c'est elle qui est à la base des malheurs de la Côte d'Ivoire. Je ne veux pas qu'on dise que ma génération est sacrifiée", prévient Blé Goudé. Le messager de la paix ne s'est pas gêné pour dire en public : ''Soro Guillaume, Premier ministre ça ne me gêne pas". Bien plus, il pense que le chef de la rébellion, signataire de l'Accord de Ouaga, peut faire mieux que certains aujourd'hui à des postes de responsabilité de l'Etat. Et qu'il est même bien placé pour conduire le processus de paix à son terme. "Si Soro peut prendre ce poste de Premier ministre et mobiliser ses camarades pour dire ''réunifions le pays'', ce serait une bonne chose", explique-t-il. Pour le président du COJEP, il est temps "que chacun s'interroge sur ce qu'il doit faire pour son pays". Il a exhorté les populations à créer les conditions pour l'application de l'Accord de Ouaga qui est une "preuve de la maturité des Africains".

B.I

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