lundi, 12 mars 2007

ENTRETIEN/ SORTIE DU LIVRE ''PAROLES D'HONNEUR''


Simone Gbagbo, auteur:
''Pourquoi j'ai édité l'ouvrage en France''


Dans quelques semaines, les partisans et adversaires du député Simone Gbagbo vont se familiariser avec son ouvrage-témoignage, sur les évènements que vit la Côte d'Ivoire depuis quelques années. Interrogée jeudi dernier sur le plateau du 20 H de la Première par Brou Amessan, la vice-présidente du parti présidentiel a levé un coin de voile sur les motivations qui sous-tendent l'écriture du livre, et le choix du pays d'édition.

Vous avez écrit un livre, ''Parole d'honneur. Est-ce à dire que vous n'avez qu'une seule parole ?
J'ai voulu, en écrivant ce livre, écrire part de vérité. Et dire en même temps que cette parole que je prononce sur l'histoire de mon pays, est une parole qui pour moi, est la vérité et qu'elle doit être prise en considération.

Est-ce votre évangile ?
Je pense que mon livre doit se situer entre l'ouvrage biographique et l'ouvrage de témoignage. C'est à mi-chemin entre ces deux genres. On retrouve des éléments de ma vie, mais aussi mon point de vue sur les évènements vécus en Côte d'Ivoire depuis plusieurs années, plus récemment et immédiatement.

Donc c'est un livre de combat ?
C'est un livre de combat

C'est un livre où vous exprimez la profondeur de votre foi en Dieu et à un homme. Et cet homme, c'est le Président Laurent Gbagbo que vous remerciez, parce qu'il a su forger en vous et aux Ivoiriens une âme forte de résistant pour libérer l'Afrique. Pensez-vous que le Président Gbagbo, votre époux, est l'homme providentiel qu'il faut à la Côte d'Ivoire, en ce moment précis de notre histoire?
J'ai envie de vous demander votre point de vue, mais je suis convaincue, moi, que Dieu fait toute chose en son temps, et qu'il met aux commandes de toute chose celui qui convient en temps voulu. Je crois que pour la période actuelle que nous vivons, le Président Laurent Gbagbo est l'homme qu'il convient. Et ce n'est pas un fait du hasard.

Vous écrivez dans votre livre : ''Là où il y a la volonté, il y a un chemin.'' Qu'est-ce que cela veut dire ?
L'histoire, les évènements récents de la Côte d'Ivoire le démontrent bien. Face à l'épreuve, on peut avoir le sentiment que tous les chemins sont bouchés. Mais quand il y a la volonté et la foi, on trouve toujours l'issu.

En 2004, quand l'armée française a tiré sur les Ivoiriens, quand les soldats de Jacques Chirac étaient aux portes du Palais présidentiel, avez-vous douté de Dieu ?
Non. Absolument pas, parce que ce moment là n'était pas un temps de doute. C'était un temps de révolte contre la France, contre l'invasion. C'était un temps de résistance.

Vous personnellement, comment l'avez-vous vécu ?
Debout. Mais cela m'a donné l'occasion de crier à Dieu et je pense que nous avons été nombreux, les Ivoiriens qui avons organisé, pendant toutes ces journées, toutes ces nuits…

Qu'avez-vous dit à Dieu particulièrement ?
J'ai dit à Dieu que le moment était venu d'intervenir et il l'a fait. Vous savez, Dieu nous dit dans la Bible qu'il faut le célébrer. Louez l'Eternel, et il vous délivrera de vos ennemis. Ce temps là, nous avons été agressés sauvagement par l'armée française. La nuit où ils ont tiré sur les deux ponts et sur la résidence présidentielle à Cocody, il aurait pu avoir des centaines de morts. Sur les deux ponts, nous avons enregistré six morts et aucun à la résidence. C'est la main de Dieu.

Quelles sont vos motivations en écrivant ''Parole d'honneur'' ?
(Soupir) Vous savez il y a tellement de choses qui ont été dites sur moi, sur le Président, mais également sur la Côte d'Ivoire ! Il m'a semblé important de dire ce qu'est la Côte d'Ivoire, ce que nous vivons dans ce pays. On ne pouvait plus se fier aux médias occidentaux pour parler au monde. Et je me suis dit que à travers un livre, on peut atteindre le monde.

C'est un livre de 512 pages. Quel temps avez-vous eu pour l'écrire, avec toutes vos occupations ?
J'ai travaillé plusieurs mois, de nuit et de jour. Ça été effectivement un travail acharné. J'avais des personnes pour m'aider. Par exemple lorsque nous avons commencé, c'était destiné à être un livre- entretien. J'ai été enregistrée, ensuite il y a une équipe qui a transcrit, j'ai corrigé, et puis chemin faisant, on s'est rendu compte qu'il valait mieux faire évoluer la forme de l'ouvrage.

Je ne comprends pas que c'est en France que vous avez décidé d'éditer ce livre ?
Ah ! Moi je comprends bien… Parce que vous voyez…

Vous êtes révoltée contre la France et vous éditez votre livre en France?
Oui, mais vous voyez, moi je ne suis pas contre les Français, et cela doit être clair, je ne suis pas contre la France. Mais je ne peux pas tolérer, je ne peux pas accepter ce que la Chiraquie a fait ici, ce que la Françafrique a fait ici. Voilà, c'est cela mon problème. En dehors de cela, j'aime bien les Français. Et comme c'est en France que se trouve l'équipe qui nous agresse, il était important que le message soit porté en France, par la France et à partir de là que ça revienne. C'est pour cela que je suis allée là-bas.

Comptez-vous vous rendre en France pour la promotion de votre livre, alors que Chirac est encore là, ou allez-vous attendre qu'il parte du pouvoir ?
Je ne crois pas que je vais aller en France ces jours-ci pour faire la promotion de l'ouvrage.

Pourquoi ?
Je n'ai pas le sentiment que je vais être bienvenue en ce moment-ci, et donc je préfère attendre encore un peu.

Disons un mot sur l'élection présidentielle en France. Le parcours de Segolène Royale…
Cela m'intéresse beaucoup de suivre ce qui se passe en France. Voyez, le fait que Segolène Royale ait pu être candidate est pour moi un fait révolutionnaire.

Une Jeanne d'Arc ?...
Oh ! je ne sais pas si c'est une Jeanne d'Arc, mais pour moi c'est la manifestation de l'évolution des mentalités. Dites-vous que depuis que l'Etat français existe, et cela remonte à des siècles, bien avant Louis XIV, jamais une femme n'a été acceptée sur le trône de France. On a des reines en Angleterre, en Espagne, et dans d'autres monarchies d'Europe. Mais en France, on ne l'avait jamais vu.

Les Français ont brûlé Jeanne d'Arc…
Les Français ont brûlé Jeanne d'Arc (…) Or aujourd'hui, ça s'accepte qu'une femme puisse compétir pour être installée à la tête de l'Etat.

Ce cas de figure est-il possible en Côte d'Ivoire ?
Tout à fait.

Vous par exemple ?
Moi j'ai déjà mon candidat…

Comme Hillary Clinton… Moi j'ai déjà mon candidat pour l'instant, et puis après on verra.

Comme Hillary Clinton qui est candidate, après que son époux a été Président ?
C'est un des cas de figure. Mais l'avenir dira.

Propos retranscrits par
Guillaume N'Guettia

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