vendredi, 30 mars 2007

MOSQUEE DE DABOU : DES ECHANGES HOULEUX ENTRE BLE GOUDE ET LE PORTE PAROLE DE L'IMAN


Le traducteur de l'imam de la grande mosquée de Dabou a voulu réveiller les vieux démons de la division. Il a eu la réplique appropriée de la part du président du COJEP.

A chaque étape de la caravane de la paix, ''Prends ma main mon frère'', le président du Congrès de la jeunesse panafricaine (COJEP), Charles Blé Goudé s'est toujours plié aux civilités d'usage. En se rendant chez les autorités administratives, coutumières et religieuses pour les tenir informées de son action dans leur localité. Mais, à Dabou où la caravane s'est rendue samedi dernier, un fait plein d'enseignements s'est produit à la grande mosquée. Les faits. Le président du COJEP porte à la connaissance de l'imam central Souleymane Coumba les raisons de sa présence dans le Leboutou. En réponse, l'homme de Dieu, à travers son porte-parole Aladji Kassoum, apporte sa bénédiction à l'initiative de son fils. Mais, à la surprise générale, allant au-delà des pensées de son maître, le porte-parole décide d'invectiver le messager de la paix. Il s'indigne que les Malinké et Sénoufo soient toujours traités de rebelles. " Nous avons été de tout temps frustrés et ça continue, il faut le dire à qui de droit. En quoi est-ce que le Malinké ou le Sénoufo sont-ils rebelles ? La rébellion s'est installée au Nord et a trouvé une frange marginalisée de la société ivoirienne ", se plaint le porte-parole de l'Imam. Pour lui donc, si les Nordistes n'étaient pas frustrés, la rébellion ne se serait pas installée avec une facilité déconcertante dans leur région. M. Aladji ne s'arrêtera pas là : " Nous sommes traités d'étrangers dans notre propre pays parce que nous avons les mêmes noms que les Maliens, les Burkinabé. Nous sommes du Nord en Côte d'Ivoire et non du Nord de la Côte d'Ivoire. Quand les Agni et Appolo vont chercher des chefs au Ghana pour les faire chefs ici, on ne les traite pas d'étrangers. Ils y vont même pour des cérémonies funèbres. Quand les Bété se sont révoltés dans le Guébié, ils n'ont pas été traités d'assaillants, les Agni du Sanwi également. Mais pourquoi nous, les Malinké, sommes-nous vus par les autres comme des rebelles ? Nous sommes meurtris dans notre chair par ces préjugés qui ne favorisent pas la bonne entente entre les communautés ", s'est indigné Aladji Kassoum. L'invective était telle que le président du COJEP a tenu à lui donner la réplique, question de l'éclairer notamment sur le terme frustration qui n'est pas l'apanage d'un seul peuple, encore moins d'une région du pays. " Je ne vous apprends rien sur l'histoire du Guébié et du Sanwi. On sait tous comment les Guébié ont été réprimés et comment Kragbé Gnagbé a été tué par le pouvoir qui était en place. Jusqu'aujourd'hui, nous portons cela dans nos cœurs. Ça aussi, c'est une frustration. Le Sanwi a connu une répression terrible en son temps. Moi-même Blé Goudé, j'ai été emprisonné huit fois en moins de quatre ans. À la Fesci, il faut demander à Soro Guillaume, en 1995 quand Bédié nous pourchassait, les Bété étaient les plus recherchés. Parce qu'en 1995, être Bété constituait un délit. Moi qui suis-là, j'ai dormi dans mon sang, j'ai été enchaîné dans mon lit d'hôpital. Mais je n'ai jamais dit aux Bété de se révolter et prendre les armes pour attaquer le pays. Une rébellion ne s'est jamais installée à Guibéroua. Pas parce que je n'étais pas frustré, mais par éducation j'ai digéré comme l'ont fait les Agni et les Guébié. Sinon, moi Blé Goudé je suis l'incarnation parfaite de la frustration", a martelé Blé Goudé au porte-parole de l'imam qui a acquiescé ses propos. Poursuivant, le leader du COJEP a instruit son interlocuteur que les policiers qui, ont jeté Gbagbo en prison sont les mêmes qui aujourd'hui, jettent en prison les autres leaders. " Laurent Gbagbo n'a pas quitté Mama avec des policiers. Des gens se plaignent que son garde du corps, le colonel Ahouman soit à ses côtés aujourd'hui alors que c'est ce dernier qui l'a jeté en prison en son temps. Il leur répond qu'il sert la République, un point c'est tout. Je vous informe que les policiers n'ont pas d'amis, leur seul ami, c'est la République. Le directeur de la DST qui m'a fait bastonner du temps du PDCI m'a dit la même chose ", enseigne le président du COJEP. Il a aussi partagé avec l'homme qui se disait frustré sa foi profonde que l'heure est aujourd'hui à la paix, à la réconciliation nationale. " Chacun de nous a été frustré, faisons en sorte que personne ne soit frustré à l'avenir. Notre pays doit être réunifié dans la paix, le malinké ne doit plus être traité de rebelle. Si je vous ai choqué, je vous demande de me pardonner ", a conclu Blé Goudé.

FABRICE TETE
Le Matin d'Abidjan - info@lematindabidjan.com

Aucun commentaire: