mardi, 9 octobre 2007

”Charles Blé Goudé, président du COJEP: “Soro sera bel et bien à Gagnoa le 20 octobre

Charles Blé Goudé, président du COJEP: “Soro sera bel et bien à Gagnoa le 20 octobre"



Le Premier Ministre Guillaume Soro était annoncé à Gagnoa pour ce samedi. Mais le voyage a été reporté au 20 octobre. Il répond à une invitation de l’Alliance des jeunes patriotes. Charles Blé Goudé, leader de ce mouvement donne les raisons du report et le sens de la visite.

Notre Voie : A quelques jours de la visite du Premier ministre à Gagnoa, vous dites que le voyage est reporté au 20 octobre. Que s'est-il passé ?
Rien ne se passe. Il se trouve qu'une autorité comme le Premier ministre qui a un calendrier très chargé en ce moment à cause du sujet qui allait nous réunir à Gagnoa, c'est-à-dire la paix, est retenu ailleurs le 6 octobre, pour la même cause. Pour cette contrainte de calendrier, le Premier ministre a demandé que la fête de Gagnoa soit reportée. Nous, ensemble, le Premier ministre, les cadres de Gagnoa et l’Alliance des jeunes patriotes, avons finalement opté pour le 20 octobre. C’est le consensus.

N.V. N'aviez-vous pas eu son accord formel avant de fixer la première date ?
Nous avons eu des discussions, j'ai été reçu à son cabinet, et nous avons discuté. Mais vous savez, en ces temps qui courent, les choses vont tellement vite. Et les difficultés apparaissent tellement vite qu'il faut les dénouer. Et je pense qu'une fête est une fête. Et peut-être même que la difficulté qui retient le Premier ministre à Abidjan peut venir influencer négativement les jours à venir au cas où il ne la règle pas. C'est pourquoi, nous avons accepté ce qu'il nous a dit.

N. V. : Les précautions surtout sécuritaires avaient été prises, vu le délais très court, pour le recevoir à Gagnoa ?
Vous savez qu'au niveau de l'Alliance, nous avons une méthode de travail. Nous n'annonçons pas les choses dans la précipitation. Quand vous avez vu un spot à la télévision, une annonce dans la presse provenant de l'Alliance, cela veut dire qu'il y a un mois ou deux au moins que l'Alliance travaillait sur ce dossier. Donc, il y a longtemps que nous y travaillons et c’est quand nous avons été prêts que le spot a été lancé à la télévision. Mais parlant de sécurité, pour nous, il n'y a pas de précaution particulière à prendre. La précaution sécuritaire ici est dans l'esprit des Ivoiriens, dans le cœur des Ivoiriens. C'est-à-dire, dans le cœur de ceux qui sont à Gagnoa et qui veulent montrer que cette cérémonie peut se dérouler sans protocole. Nous voulons, comme cela a été fait à Yopougon, que les gens viennent simplement pour démontrer qu'il n'y a plus rien qui oppose les Ivoiriens.

N. V. : Quel est l'objet réel de cette visite du Premier ministre à Gagnoa ?
Cette étape est très importante dans le processus de la réconciliation. Démontrer que la paix est définitivement dans le cœur des Ivoiriens. Soro à Gagnoa, chez le président de la République, cela veut dire que le processus est définitivement parti. Guillaume Soro à Gagnoa, c'est un symbole. Parce que Gagnoa n'est pas n'importe quelle ville ; c'est la ville natale du chef de l'Etat et après la Flamme de la paix, quand on apprend que celui qui était supposé être le chef de la rébellion est dans la ville natale du chef de l'Etat, c'est plus qu'un symbole. Cela veut dire que le processus de paix est à son point culminant. C'est pourquoi, tout le monde devait soutenir cette initiative de l'Alliance des jeunes patriotes.

N.V. Le Premier ministre sera donc là le 20 octobre. Avant et pendant ce rendez-vous, quels actes vont être posés ?
Il est vrai que le Premier ministre vient sur invitation de l'Alliance des jeunes patriotes, mais ce qu'il faut maintenant, c'est de faire en sorte que les cadres de la région, tous les aînés de la région, tous les chefs de l'administration locale puissent être approchés pour solliciter leur implication dans l'organisation de cette fête. C'est faire en sorte que toutes les populations se sentent concernées et se mobilisent en conséquence. C'est pourquoi, des réunions se multiplient actuellement avec les cadres de Gagnoa. Nous sommes notamment en contact avec le ministre Kadet Bertin, le ministre Dano Djédjé, président de la cérémonie, le PCA de la SIR, Laurent Ottro Zirignon, parrain de la manifestation. Mercredi, à l’issue d’une réunion avec les élus, les cadres du département, la date du 20 octobre a été retenue. Une équipe est sur place et parcourt les différents villages. Ce week-end, nous-mêmes, nous nous rendons à Gagnoa pour appuyer le travail fait sur le terrain. C'est donc en symbiose que nous voulons organiser cette belle fête.

N.V. Quels sont vos contacts avec les autorités militaires pour les questions de sécurité ?
Nous travaillons avec le protocole du Premier ministre. Mais pour le reste, nous avons saisi le préfet de région, c'est à lui de faire le reste car en fait, c'est le chef du gouvernement qui se déplace. Dès lors, sa sécurité est avant tout du ressort de l'Etat dont le premier responsable à Gagnoa est le préfet de région. Mais ce week-end sera très important. Nous allons en profiter pour tout harmoniser et dans la semaine, nous allons tout boucler. Je lance donc un appel à nos aînés, à tous les élus du département, pour leur dire que nous avions l'habitude d'organiser la fête de la résistance de façon tournante. Nous l'avons déjà organisé à Abidjan en 2004, à Agboville en 2005, à Divo en 2006 et cette année, c'est Gagnoa qui l'accueille. Nous souhaitons donc l'implication effective de tous les cadres, de toutes les autorités, de toutes les femmes, de tous les hommes, de tous les jeunes de Gagnoa. Aux jeunes de Côte d'Ivoire, où qu'ils se trouvent, cette fête est la leur.

N.V. Vous parlez de fête de la résistance. Guillaume Soro faisait partie de ceux contre qui vous résistiez. Alors pensez-vous que cette appellation est encore de mise ?
La résistance est un mot auquel les hommes donnent un sens en fonction des circonstances. Les hommes en usent pour une cause, pour un objectif. Nous avions résisté face aux armes pour que la Côte d'Ivoire devienne calme. Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes parlé, nous nous sommes compris. Nous avons compris que nous avons un ennemi commun, la pauvreté. C'est contre elle que nous devons nous battre. Mais pour y arriver, pour mettre le pays sur la voie du développement, pour que chaque fille et chaque fils puissent profiter des fruits de ce pays, il nous faut la paix. Guillaume Soro est un artisan de la paix. Et vous aurez bien compris que Guillaume Soro est un résistant. Dès qu'il a signé l'accord de Ouagadougou avec le Président Laurent Gbagbo, il a commencé à être victime d'attaques des ennemis de la paix. Son avion a été attaqué à la roquette. Il en est sorti vivant. Dieu merci. Aujourd'hui, les oiseaux de mauvais augure continuent d'œuvrer contre la paix. Guillaume Soro lutte contre eux. Et nous avec lui. Il a dit la dernière fois à l'hôtel Ivoire que rien ne peut l'arrêter. Pour la paix, il a dit qu'il ira jusqu'au bout. Ensemble, nous voulons cette paix, ensemble, nous devons résister pour que cette paix soit effective. Pour nous, c'est la deuxième phase de la résistance. C'est là que la Côte d'Ivoire devient forte. Ceux qui, hier, se regardaient en chien de faïence, sont aujourd'hui ensemble et font bloc pour résister. Voilà pourquoi la résistance continue d'avoir son sens. A Gagnoa, ce sera donc la fête de la résistance pour la paix. La paix est là, il faut la protéger.

N.V. C'est sûrement à cet objectif que répond le lancement de la plate-forme de la paix qui a eu lieu mardi dernier. Sous quelle forme se présente-elle ?
Hier, nous avons couru avec nos camarades pour que ce pays retrouve sa dignité et sa place dans le concert des nations. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire parle à l'ONU par la voie de son premier magistrat. Ça aussi, c'est un objectif atteint. Mais, vous savez qu'avant l'accord de Ouagadougou, nous avions lancé la caravane de la paix. Ce qui a amené le ministre de la Réconciliation nationale (que le Premier ministre appelle le ministre de la paix) à me nommer ambassadeur de la paix. Nous nous mettons donc en mission dans le cadre de cette nouvelle fonction. Cette mission ne se limite pas à faire des meetings. Cette mission nous amène à imaginer des actions pour communiquer notre foi en la paix. C'est pour ça que nous avons lancé cette plate-forme. C'est un carrefour d'échanges sur la paix. Elle est la forme d'une interaction par le biais des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).

N.V. Comment va-t-elle fonctionner ?
C'est d'abord sous forme d'échange par SMS via un numéro de la paix : le 98121. Si vous avez un message de paix à faire partager, faites ce numéro. Nous sommes à la phase des inscriptions. Dès que vous envoyez un message, nous vous répondons que vous êtes automatiquement membre de la famille de la paix. Vous êtes donc enregistrés. Vous pouvez à tout moment recevoir un appel de nous, vous donnant des informations, vous donnant des rendez-vous à participer à une conférence sur la paix, à un débat sur la paix, à un dîner de paix, à toute activité de paix sans passer par les canaux habituels que sont la télé, la radio, les journaux ou les tribunes que sont les meetings. A travers ces différents contacts, on pourra créer plusieurs groupes de paix à travers le pays. Aux Etats-Unis, on parle de peace corps qui est le corps de la paix. Ici, nous voulons faire des Ivoiriens des citoyens de la paix. Les intéressés auront des cartes de membre de la plate-forme. Nous voulons faire de la paix une culture ivoirienne.

Interview réalisée par Dan Opeli

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